Fiche de lecture- La peur du déclassement Eric Maurin
Fiche de lecture : Fiche de lecture- La peur du déclassement Eric Maurin. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar joricou • 1 Octobre 2018 • Fiche de lecture • 1 808 Mots (8 Pages) • 1 737 Vues
La peur du déclassement Éric Maurin
Éric Maurin a étudié l’impact des récessions sur la sociologie de la France, et dresse le bilan que ces phases influent grandement sur
un phénomène diffus qui est la peur du déclassement. Le déclassement en lui-même est un phénomène de rupture qui mène un
individu à voir sa position sociale se dégrader. Au niveau intra-générationnel cela passe généralement par la perte d’un emploi et
donc du statut qui lui était attaché, et au niveau intergénérationnel cela se traduit par le fait que les enfants d’une famille n’arrivent
pas à égaler la situation de leurs parents. Au niveau empirique ce phénomène reste relativement marginal mais il nourrit le
phénomène plus global de la peur de ce déclassement qui va influencer et orienter les comportements des ménages et des
politiques.
L’émergence d’une société à statut
Éric Maurin explique l’importance de la peur du déclassement dans notre pays par les spécificités de notre modèle de protection de
l’emploi. Ce modèle, hérité de la libération, laisse une place importante à l’état pour contrôler et protéger les emplois. Au cours des
différentes phase de récession que la France a connu depuis la seconde guerre mondiale la tendance a été d’augmenter ces
protections faites aux travailleurs (1), dans le but à la fois d’endiguer la précarité grandissante et de limiter le coût politique des
vagues de licenciements. Or cette réaction des pouvoirs publics, même si elle fait du déclassement un phénomène marginal (2), a
des effets néfastes pour les nouveaux entrants sur le marché du travail et pour ceux qui n’ont pas (encore) eu accès aux formes les
plus protégées de l’emploi (CDI). En effet, les barrières institutionnelles et le coût économique d’un licenciement font qu’en phase
de récession les entreprises font en premier lieu les adaptations nécessaires, pour endiguer la baisse de l’activité, en limitant les
embauches ou en faisant varier à la baisse le nombre de travailleurs en CDD (3). Cela fait des jeunes la population la plus
directement touchée par les récessions (4). Ce modèle social mène à une forte polarisation de la société avec d’un côté les individus
jouissant du statut de travailleurs protégés et d’un autre côté les individus pour qui il est de plus en plus difficile d’accéder à ces
statuts. Paradoxalement la forte protection de l’emploi va donc alimenter la peur du déclassement, plus les emplois sont protégés
plus le coût potentiel du déclassement est élevé, dureté et rareté sont les faces d’une même pièce. On peut définir notre société
comme une société de rang, avec une hiérarchie de statut qui dépend de la permanence plus ou moins longue des protections très
inégalitaires. Or ici les rangs ne sont plus héréditaires ce qui pousse à une lutte généralisée pour atteindre, ou conserver un certain
statut, ce qui alimente les peurs (d’être licencié, que notre descendance ne trouve pas d’emploi etc). De plus les mutations
économiques qui eurent lieux durant les années 70, qui ont menées à une individualisation de l’emploi, combinées à la mise en
concurrence comme principe de gestion de plus en plus répandu, forment un terreau propice au développement de la peur du
déclassement.
Anatomie d’une récession : le choc de 1993
L’auteur analyse l’impact qu’à eu la crise de 1993 et la récession qui a suivi sur la sociologie du pays. Cette crise se distingue des
crises antérieures car c’est la première crise à frapper le pays après la démocratisation de l’enseignement général et supérieur. Suite
à la politique de démocratisation de l’enseignement promue par J.P Chevènement au cours des années 80 le nombre de diplômé du
supérieur s’insérant dans le marché du travail augmente fortement. La demande de travailleurs qualifiés des entreprises s’adapte et
absorbe cette masse arrivante. La crise de 1993 touche toute les populations, le chômage des diplômés du supérieur, jusque là
résiduel, est de 10% en 1994. La menace de précarité et de chômage pousse une grande partie de ces nouveaux travailleurs qualifiés
vers le secteur public qui garantie une plus grande sécurité de l’emploi. Or la demande de travailleur qualifié dans ce secteur
n’évolue pas car elle ne dépend pas de la conjoncture. Cela va créer une vague de fonctionnaire surdiplômés, car acceptant un
travail inférieur à leurs qualifications (5). En l’espace de 10 ans il y a une transformation du niveau de qualification dans le secteur
public et la différence de carrière entre des diplômés du supérieur s’étant orienté vers le public et vers le privé s’accentue, ce qui est
la source d’un sentiment de frustration. De plus, en période de récession, la pression sur les dépenses publiques et la stabilité de
leur salaire, contrairement à ceux de leurs homonyme du privé font des fonctionnaires un public décrié, ce qui accentue le
sentiment de déclassement. Éric Maurin explique par ce phénomène l’ampleur des mouvements de grèves de la fonction publique
au cours de l’hiver 1995. Beaucoup de fonctionnaire ont accepté des postes moins qualifiés que ceux auxquels ils auraient puent
prétendre après une lutte scolaire acharnée pour acquérir
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