Fiche de lecture « Je vous salis ma rue » - Sylvie Quesemand Zucca - 2007
Fiche de lecture : Fiche de lecture « Je vous salis ma rue » - Sylvie Quesemand Zucca - 2007. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar olive0602 • 14 Décembre 2022 • Fiche de lecture • 2 930 Mots (12 Pages) • 426 Vues
Olivia AZORIN
Apprentie ES3
FICHE DE LECTURE
« Je vous salis ma rue »
- Sylvie Quesemand Zucca - 2007
1. Présentez l’auteur, son parcours, son champ disciplinaire en lien avec la thématique de l’ouvrage.
D’abord médecin du travail, Sylvie Quesemand Zucca est aujourd’hui psychiatre et psychanalyste. Elle s’est également formée aux pratiques d’EMDR (Eye Movement Desensitization and Reprocessing) dans le but d’accompagner les personnes ayant vécu de grands traumatismes dont les images et sensations sont omniprésentes et envahissantes.
Elle est l’auteure d’une émission documentaire sur la vie à la rue pour France Culture en 2005 ("Dehors, en attendant demain") et d’un livre ("Je vous salis ma rue", 2007).
Elle a travaillé plus d’une dizaine d’année dans la première cellule mobile psychiatrie précarité de l’Hôpital d’Esquirol de Paris en partenariat avec le SAMU social. Aujourd’hui cette initiative partenariale s’est multipliée sur le territoire. Ici dans les Alpes Maritimes, nous connaissons bien l’EMPP, l’Equipe Mobile Psychiatrie Précarité avec laquelle nous travaillons dans le cadre de nos interventions auprès du public accompagné en CHRS.
L’auteure exerce aujourd’hui au sein du centre hospitalier de Saint Louis de Paris dans le dispositif des PASS (Permanences d’Accès aux Soins de Santé). Cette cellule de prise en charge facilite l’accès des personnes démunies non seulement au système hospitalier mais aussi aux réseaux institutionnels ou associatifs de soins, d’accueil et d’accompagnement social. Le docteur Quesemand Zucca accompagne en majorité un public issu de l’immigration ayant des parcours migratoires traumatiques et une situation administrative irrégulière sur le territoire. Par ce dispositif elle permet à ce public un accès au soin psychique gratuit et inconditionnel.
Lorsqu’elle revient sur son parcours, la docteure exprime une grande humilité. Dans une interview donnée par Hervé Castanet, psychanalyste, en prenant du recul sur ses dix années d’exercice auprès du SAMU social en parallèle de ses consultations en cabinet, elle dit ne pas avoir tant servi. En effet elle exprime un sentiment d’hébétement, d’impuissance face à ses situations dégradées. Selon elle, la meilleure chose qu’elle ait faite dans ce cadre-là elle d’écrire ce livre qui ont permis aux travailleurs sociaux d’éclairer les nombreux freins à l’œuvre dans les problématiques des public de rue. Elle exprime qu’aujourd’hui son travail auprès du public migrant est plus gratifiant car il laisse entrevoir plus de perspectives de rétablissement et/ou de stabilisation.
2. Expliquez la thématique de l’ouvrage : ce que l’auteur souhaite démontrer.
A travers cet ouvrage, Sylvie Quesemand Zucca cherche à mettre en lumière ce qu’elle a observé durant des années d’exercice auprès d’un public marginalisé et exclu. Elle démontre grâce à sa proximité avec ce public et à travers les récits qu’ils lui livrent, que la rue mène à une forme d’anéantissement de l’être. Elle met en lumière que son métier, la psychiatrie clinique ne s’arrête pas à la psychopathologie subjective individuelle mais qu’il est possible de déterminer des troubles et psychoses inhérentes à la vie dans la rue.
Elle théorise une idée, celle de psychose-Like, c’est-à-dire que plus l’être va s’enfoncer dans une forme de néant inhérent à la vie dans la rue plus il va risquer de glisser dans une mélancolie puis dans une psychose. Elle nous dit que si les travailleurs sociaux, les médecins, infirmiers présents auprès de ces personnes arrivent à les raccrocher à la réalité, alors cette glissade peut être évitée et la psychose ne s’installe pas. Sylvie Quesemand Zucca analyse les effets, sur la durée, de la vie sans abri sur les individus : la perte des repères fondamentaux que sont l'espace, le temps, le langage, le rapport à l'altérité et donc à l'échange. Elle montre comment l'inutilité sociale, la honte, la relégation produisent une lente déshumanisation.
Sylvie Quesemand Zucca parle longuement de la notion de temporalité et d’espace qui sont fortement altérées pour ce public et qu’il est impératif d’avoir en conscience pour penser leur accompagnement. Elle explique qu’au bout de 6mois de vie dans la rue, cette obligation de temporalité semble disparaitre totalement. Elle ajoute que cette désorientation temporo spatiale est grandement renforcée par la consommation d’alcool qui inhibe ces fonctions cognitives et sensitives. Cet alcool très présent comme un outil permettant de résister à la honte, au regard des autres, à la douleur, à la violence.
Elle met en évidence le fait qu’il n’y pas de profil psychique type ou de prédisposition pour se retrouver en situation d’errance. Malgré la mise en lumière du nombre de personnes souffrant de maltraitance dans l’enfance ou ayant eu un parcours en protection de l’enfance et se retrouvant sans domicile, beaucoup de ces publics de rue ont des structures psychiques stables mais ont cumulé les évènements traumatiques et donc les psychos traumatismes couplés à une misère économique, les menant petit à petit dans la rue.
3. Méthode de l’auteur : comment l’auteur démontre son point de vue (1 page)
L’auteur démontre son opinion à travers de nombreux exemples cliniques et à travers les lignes que certaines personnes accompagnées ont rédigées dans un atelier d’écriture et qu’ils ont bien voulu partager. Elle appuie ses idées citées au-dessus en les illustrant par des situations réelles, des personnes rencontrées, accompagnées.
Pour démontrer son point de vue, Sylvie Quesemand Zucca s’appuie notamment sur ses observations et son analyse de psychiatre pour décrire un phénomène extrême. Elle nous explique que lorsque l’on vit dans la rue, on « s’asphaltise », expression créée pour décrire l’« effacement du monde des vivants de ces êtres qui se fondent dans le trottoir comme en des sables mouvants ». Peu à peu, ces grands marginaux se couvrent d’un « manteau couleur muraille ». L’alcool leur permet de passer le temps, de supporter la violence, d’oublier la honte. Mais quand cette dernière disparaît, la dérive s’aggrave. La notion de temps se perd, remplacée par un mélange « de sidération et d’éveil ». Pour éviter cette « casse humaine », la prise en charge doit survenir avant que la désinscription sociale ne soit irréversible, explique-t-elle.
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