Le Sport Miroir De La Société
Rapports de Stage : Le Sport Miroir De La Société. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar sou33 • 24 Janvier 2013 • 1 713 Mots (7 Pages) • 1 148 Vues
Jean Giono a écrit « le sport est sacré ; or c’est la plus belle escroquerie des temps modernes » ! C’est un peu à une « désacralisation » du sport que se livrent les auteurs des documents de notre corpus. En effet, un extrait de roman de Fatou DIOME, deux articles d’Yvan GASTAUT et de Marc PERELMAN et un dessin de XRay se demandent si le sport est bien le vecteur d’intégration que l’on a tant décrit et encensé … Nous verrons tout d’abord ce qui fait qu’on a pu le croire, puis nous montrerons combien cette conception est en fait naïve et illusoire, avant de nous pencher sur les vraies solutions au racisme et à l’exclusion.
Pourquoi a-t-on longtemps pensé que le sport était un bon moyen de lutter contre le racisme, et de favoriser l’intégration des immigrés ? En premier lieu parce qu’il favorise les rencontres entre nations et ethnies différentes. Le ballon de football dessiné par XRay (caricature intitulée «Racisme et football », et parue sur son site Internet www.xraycartoons.com le 23 novembre 2011) est bel et bien bicolore, constitué de petits éléments (des hexagones) noirs ET blancs ! Dans « L’intégration par le sport, réalités et illusions », l’un des articles du dossier « Sport et société », publié dans le n° 320 des Cahiers français (mai-juin 2004), Yvan GASTAUT explique que le « Mondial » du football qui s’est déroulé en France en 1998 a été l’occasion d’organiser en parallèle, et notamment dans les banlieues, des manifestations sportives, culturelles et festives, pour mettre l’accent sur l’intégration (plutôt que sur l’exclusion) et sur le multiculturalisme. C’est également ce que souligne Marc PERELMAN (dans « Le football et son racisme », article publié le 7 juin 2011 par le quotidien Libération) qui évoque le magnifique «vivre ensemble» dont le football était la vitrine cette année-là, et cite différentes associations antiracistes qui se sont associées à cet événement sportif. Et l’écrivaine Fatou DIOME, dans Le Ventre de l’Atlantique, roman paru en 2003 aux éditions Anne Carrière, rappelle que plus de 90 % des joueurs de football de l’équipe nationale du Sénégal évoluent et jouent en France, dans des équipes françaises. Grâce au sport, on peut donc multiplier les occasions de se rencontrer, de se connaître…et de mieux s’accepter.
D’autre part, le « mélange des couleurs » au sein d’une même équipe favorise la tolérance et fait diminuer le racisme:c’est bien ce qu’on a vécu en France en 1998, avec la victoire de cette fameuse équipe «black-blanc-beur» à la Coupe du Monde de football en 1998, s’accordent à dire Gastaut et Perelman : tous deux évoquent l’extraordinaire popularité de toute l’équipe d’alors, et surtout de son capitaine, Zinedine Zidane, dont le portrait géant était apparu projeté sur l’Arc de Triomphe, pendant que le public scandait un «Zidane Président!». Les supporters applaudissent tout joueur « étranger » qui marque un but et fait gagner l’équipe, relève la narratrice du roman de F. Diome ; et Gastaut de préciser que le comportement du public des stades s’est globalement amélioré suite à ce Mondial gagné par une équipe « multicolore ». Le ballon bicolore du dessinateur XRay (qui correspond, certes, à la réalité) est aussi une bonne image de multiculturalisme, un bon symbole de mélange des origines : chaque élément (ou hexagone), qu’il soit noir ou blanc a la même taille que les autres ; et tous sont solidement cousus ensemble. Donc, « vive le sport, moyen d’intégration et excellent outil pour lutter contre le racisme »…? Ce serait assez simpliste et illusoire d’en rester là, comme tous les documents s’attachent à le démontrer.
En effet, cette conception des choses est naïve et tout à fait erronée : le sport est, hélas, tout autant qu’un autre (voire plus qu’un autre) le vecteur du racisme ! Tout le passage du roman de Fatou Diome montre combien la vie est difficile en France pour des joueurs africains : ils endurent par exemples des moqueries et injures racistes à la moindre erreur de jeu. Yvan Gastaut parle d’une «mise en scène de l’intégration» (l. 1) via le sport : pour lui, la France multicolore est un trompe-l’œil, ce symbole n’est pas du tout représentatif de l’ensemble, opinion partagée par Marc Perelman, qui lui emboîte le pas pour pointer la multiplication des incidents à tendance raciste et xénophobe dans et autour des stades ! L’image de la France « black-blanc-beur » tant vantée en 1998 et après, et (soi-disant) « preuve » de l’intégration réussie des immigrés en France a fait long feu. les Français se sont vite détournés d’une équipe qu’ils avaient portée aux nues, en partie à cause de ses échecs aux Mondiaux suivants (2002 et 2006), et à cause de la déplorable « grève de l’entraînement » en Afrique du Sud en 2010. D’ailleurs, sur le dessin de XRay, l’hexagone noir au milieu du ballon se découd, les trois hexagones de droite semblent se métamorphoser en petits bonshommes noirs qui se sauvent, fuient à toute jambe…à moins qu’on ne les chasse ? Bref, les parties blanches et noires du ballon se repoussent et celui-ci se désagrège.
Cette désagrégation est tout à fait représentative de la société française
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