Notion de la socialisation selon Bourdieu et Maed
Fiche : Notion de la socialisation selon Bourdieu et Maed. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar betalia • 10 Novembre 2021 • Fiche • 1 164 Mots (5 Pages) • 1 888 Vues
Notion de la socialisation selon Bourdieu et Maed
Notion de socialisation selon Bourdieu
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Pierre Bourdieu (1930-2002), héritier de la pensée wébérienne et marxienne, est une des figures majeures de la sociologie française du second XXe siècle qui s’est surtout intéressé aux mécanismes de reproduction des hiérarchies sociales (par exemple dans Les Héritiers en 1964 ou La Reproduction en 1970, tous deux écrits avec Jean-Claude Passeron). Pour ce faire, il a forgé le concept d’habitus, qui permet de donner une clé d’interprétation des rapports des acteurs au monde. Dans une démarche à la fois structuraliste et constructiviste, Pierre Bourdieu appréhende les comportements humains comme la conséquence d’une structure intériorisée qui se traduit par une action non réfléchie des participants mais qui conforte, inconsciemment, les positions de chacun dans l’espace social.
Pierre Bourdieu a forgé la notion d’habitus pour décrire comment selon lui, la société est un espace de différenciation et de hiérarchisation constitué en classes, dans lequel les rapports de domination sont dissimulés car profondément intériorisés par les individus. L’intériorisation est donc capitale. C’est ce qui y rend la socialisation si centrale. Cette socialisation se fait à partie d’une matrice qui est à la fois un résultat et un producteur de mécanismes sociaux : l’habitus. Pour comprendre ce que sont l’habitus et d’autres notions Bourdieusiennes, on peut repartir de l’étude la plus célèbre de Bourdieu, quasiment inaugurale. « Les héritiers », écrit avec Passeron (et dans une première version avec Michel Eliard). Il étudie alors le processus scolaire, à l’université il constate une inégale répartition selon les origines sociales. Les enfants d’agriculteurs, d’ouvriers, d’employés et de petits commerçants sont sous-représentés. Les enfants de professions libérales et de cadres supérieurs sont sur-représentés. Il l’explique par le capital économique. Selon les auteurs, ce dernier ne suffit pas à expliquer à lui seul une inégale représentation des catégories sociales.
Il va également constater que les pratiques universitaires sont différentes selon les origines sociales : plus scolaires chez les ouvriers, plus distanciés chez les classes favorisées qui sont là comme des poissons dans l’eau. C’est que le milieu scolaire est favorable à ces derniers. Ce coup ci, l’explication se trouve du côté du capital culturel. Il s’agit d’un corps de savoirs, de savoir-faire et de savoir-dire, de savoir-écrire, il est présent dans les classes moyennes et supérieures, acquis dans la famille, confirmé et légitimé par l’école, donc familier pour les « héritiers » alors que les classes les plus populaires doivent les apprendre comme une langue étrangère, en quelque sorte.
Selon Bourdieu, l’école représenterait les intérêts des classes dominantes culturellement et économiquement. C’est en sélectionnant et en évaluant positivement certaines capacités intellectuelles et corporelles transmises essentiellement dans les « classes bourgeoises » (dès la petite enfance) qu’elle légitime un savoir particulier qui devient « Le Savoir». Le système scolaire et le groupe familial apparaissent comme deux instances de socialisation fortes générant des habitus et générés par des habitus. Cette présentation de l’habitus met l’accent sur la puissance du processus de reproduction sociale. L’école n’est pas un pourvoyeur d’une égalité des chances. Pour Pierre Bourdieu, l’habitus est la socialisation, il emploie le terme « habitus » plutôt qu’habitude : pour montrer que pas seulement une routine et un auto-conditionnement, mais que ce principe d’action est en rapport avec son environnement social.
Ces études sur les inégalités scolaires ont permis à Bourdieu de se doter d’un outil explicatif efficace : le capital culturel. Bourdieu continue son exploration du capital culturel. Dans Le Goût des autres, montre le mépris et la violence symbolique des petits bourgeois intellectuels (fort capital culturel, capital économique pas si élevé) envers le petit patron nouveau riche, c’est le sentiment d’être différent. Le personnage, pour être victime de la violence symbolique des amis de sa petite amie, n’en exerce pas moins une lui-même, sans s’en rendre compte toutefois. Sa maladresse souligne un rapport au travail qu’il ne comprend pas : le goût de ses interlocuteurs pour une activité professionnelle qui assure mal leur subsistance.
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