Marseillaise
Cours : Marseillaise. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Momol • 23 Juin 2014 • Cours • 681 Mots (3 Pages) • 797 Vues
Cléante
1185Oui, tout le monde en parle, et vous m’en pouvez croire,
L’éclat que fait ce bruit n’est point à votre gloire ;
Et je vous ai trouvé, monsieur, fort à propos,
Pour vous en dire net ma pensée en deux mots.
Je n’examine point à fond ce qu’on expose ;
1190Je passe là-dessus, et prends au pis la chose.
Supposons que Damis n’en ait pas bien usé,
Et que ce soit à tort qu’on vous ait accusé :
N’est-il pas d’un chrétien de pardonner l’offense,
Et d’éteindre en son cœur tout désir de vengeance ?
1195Et devez-vous souffrir, pour votre démêlé,
Que du logis d’un père un fils soit exilé ?
Je vous le dis encore, et parle avec franchise,
Il n’est petit, ni grand, qui ne s’en scandalise ;
Et si vous m’en croyez, vous pacifierez tout,
1200Et ne pousserez point les affaires à bout.
Sacrifiez à Dieu toute votre colère,
Et remettez le fils en grâce avec le père.
Tartuffe
Hélas ! je le voudrais, quant à moi, de bon cœur ;
Je ne garde pour lui, monsieur, aucune aigreur ;
1205Je lui pardonne tout ; de rien je ne le blâme,
Et voudrais le servir du meilleur de mon âme :
Mais l’intérêt du ciel n’y saurait consentir ;
Et, s’il rentre céans, c’est à moi d’en sortir.
Après son action, qui n’eut jamais d’égale,
1210Le commerce entre nous porterait du scandale :
Dieu sait ce que d’abord tout le monde en croirait ;
À pure politique on me l’imputerait :
Et l’on dirait partout que, me sentant coupable,
Je feins, pour qui m’accuse, un zèle charitable ;
1215Que mon cœur l’appréhende, et veut le ménager
Pour le pouvoir, sous main, au silence engager.
Cléante
Vous nous payez ici d’excuses colorées ;
Et toutes vos raisons, monsieur, sont trop tirées.
Des intérêts du ciel pourquoi vous chargez-vous ?
1220Pour punir le coupable, a-t-il besoin de nous ?
Laissez-lui, laissez-lui le soin de ses vengeances,
Ne songez qu’au pardon qu’il prescrit des offenses,
Et ne regardez point aux jugements humains,
Quand vous suivez du ciel les ordres souverains.
1225Quoi ! le faible intérêt de ce qu’on pourra croire
D’une bonne action empêchera la gloire ?
Non, non ; faisons toujours ce que le ciel prescrit,
Et d’aucun autre soin ne nous brouillons l’esprit.
Tartuffe
Je vous ai déjà dit que mon cœur lui pardonne ;
1230Et c’est faire, monsieur, ce que le ciel ordonne :
Mais,
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