La corruption scolaire au Mali

Le Mali est mal loti en l’indice de corruption de Transparency International , mais en son contexte –guerre- s’en sort bien. La corruption scolaire, abus de position d’un agent offrant des avantages contre rétribution indue, y est certes moindre que par ex en passation de marchés ou détournement de deniers publics. Mais, par son impact symbolique négatif sur l’Education, elle obscurcit tout horizon 2030 d’Enseignement pour Tous-. Le thème est d’autant à interroger que l’Ecole est supposée conforter l’anti-corruption.

I Situation:

Il y a à toutes époques triche «honteuse» de feuilles de pompe et cession de brouillons. En nos jours, il s’agit plus gravement de «marchandisation» de l’espace scolaire, modèle de l’enveloppe en «dispense» d’examen. Corruption graduée ! Absentéisme pour raison de cumul informel de professeurs ou étudiants. Laxisme de complaisance sinon à se résoudre à un ajournement massif d’étudiants. Favoritisme par notation selon des paramètres personnels de convenance, parenté, amitié). Rançonnage par biais de cours de renforcement par correcteurs, vente imposée de brochures en sésame, dime pour obtenir un ticket d’inscription à la Fac. Peut-être doit-on réserver le terme de corruption stricte aux cas de transaction multilatérale entre élève -ou requérant- et enseignant ou administrateur, afin de triturer un résultat. Ce peut-être conduite immorale, griffe à la déontologie comme en népotisme (passe-droits par présents ou prestations sexuelles), trafic d’influence (cours sur-tarifés de rectification ou rattrapage), recrutements parallèles pour favoriser des élèves ou encadreurs sans capacité requise, inscriptions irrégulières, attributions de bourses à des non méritants. Au pire, il y a fait délictuel :

- fuite massive et récurrente de sujets de baccalauréat

-Surveillant d’examen «fermant les yeux» sur des correcteurs intermédiaires et remplaçants de candidats;

- falsification de résultats à un stade de la chaine (modifications des bulletins de notes et des résultats d’examens et concours)

- Harcèlement sexuel, chantage, sanction- vengeance.

II Causalité:

La corruption s’adosse aux mœurs socioculturelles et à la mauvaise gouvernance, en contexte de précarité économique et dévalorisation du vecteur intellectuel. Elle tient d’un projet de se réaliser socialement en dépit d’une paresse intellectuelle et absence du goût des études. Son penser valide qu’un diplôme vaut quitus de compétence –insigne en signe-, qu’un bien mal acquis est assez profitable, que la fin justifie le moyen. La corruption profite de l’opacité et protection d’immunité d’une hiérarchie. La gestion de l’Ecole, par ceux formés en son déclin, valide des enjeux de gestion patrimoniale, règlement de compte, clientélisme –critères de clan, région, ethnie, religion-, géométrie variable de recrutements en dépit de normes académiques et arrêtés ministériels.

Les acteurs de corruption agissent en ignorance, mimétisme, débrouille. Ils ne savent parfois fouler l’éthique, ou bien assument de contrecarrer l’adversité en l’occasion. Le lanceur d’alerte, ils le réputent gêneur asocial et jaloux rabat-joie. Mue historique de l’Ecole malienne après échec et désillusion de son insertion en politique. La participation AEEM (Association des Elèves et Etudiants maliens) en CTSP –Comité Transitoire pour le Salut du Peuple) n’a induit ni Révolution ni satisfaction d’intérêts matériels et moraux. L’espace scolaire n’est plus de solidarité et inventivité, mais de compétition et manœuvre. Il préfigure

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