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Fiche de lecture : Caroline Eliacheff, Vies privées. De l’enfant roi à l’enfant victime, 1996

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Par   •  19 Juin 2013  •  2 486 Mots (10 Pages)  •  2 052 Vues

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I/ Présentation générale de l’ouvrage et de son auteur.

L’ouvrage étudié s’intitule « Vies privées. De l’enfant roi à l’enfant victime », il a été écrit en 1996 par la psychanalyste et pédopsychiatre française Caroline Eliacheff et réédité en 2001. Il s’agit d’un ouvrage, dans lequel, à travers le récit de plusieurs consultations psychanalytiques, l’auteur mène une réflexion engagée sur les maltraitances envers les enfants, mais aussi sur la violence institutionnelle ou encore sur la place accordée à l’enfant dans la société.

Au travers des cas d’Olivia, Marie, Igor, Eve, Clara ou Boris, tous victimes de maltraitances, l’auteur a choisi d’évoquer des problématiques d’actualité tel que la question de savoir qui sont ces parents qu’on appelle aujourd’hui les « bons parents »?

Caroline Eliacheff évoque ensuite l’accouchement sous X qui, bien qu’il existe depuis le 16ème siècle sous d’autres formes ou sous d’autres appellations, reste un sujet soumis à controverses. Elle questionne et remet en cause ses conditions mais aussi ce que la société renvoie comme image négative à la femme qui s’y trouve contrainte.

Dans le chapitre qui suit, intitulé « L’enfant qui aimait trop sa mère », l’auteur montre au travers du cas de Marie, combien pour les enfants il est difficile de se construire, lorsqu’ils vouent un amour absolu à leur mère et que la société qualifie cette mère comme « mauvaise ». Caroline Eliacheff questionne tout particulièrement dans ce chapitre le rôle de la justice et des institutions dans les relations familiales. Quelles peuvent en être les limites? Qui peut juger et au nom de quoi peut-on décider de ce qu’est un « bon » ou un « mauvais » parent ? Et enfin mesure-t-on vraiment les conséquences de ces jugements, de ces mots, sur les parents, les enfants et leurs relations ?

L’auteur poursuit avec un chapitre qu’elle nomme « L’enfant à qui on a trop parlé ». En prenant appui sur le cas d’Eve, elle rappelle à tous les professionnels qui accompagnent l’enfant et plus largement à la société, combien il est important de lui parler. Pour grandir, l’enfant a un besoin vital d’une parole de vérité sur son identité, ses origines, sur les événements qui concernent sa vie et leurs conséquences. Cependant l’auteur insiste fortement sur le fait qu’on « peut tout dire à un enfant, mais pas n’importe comment ».

Le cinquième chapitre de cet ouvrage s’intitule « L’enfant saisie par le droit ». L’auteur nous y raconte l’histoire de Clara qui a vécu au rythme des décisions judiciaires et ont impacté son avenir. Elle dénonce certains dysfonctionnements au sein même de la protection de l’enfance. Les comportements des parents envers leurs enfants sont dorénavant sévèrement jugés, souvent dans leurs moindres détails, alors que dans le même temps – nous dit Caroline Eliacheff – les dysfonctionnements qui émanent de la justice ou des travailleurs sociaux ne sont pas forcément débusqués et remis en cause. L’auteur attire l’attention et appelle a une prise de conscience des lecteurs sur la violence qui peut aussi être le fait des institutions ou de certaines décisions judiciaires.

« L’enfant victime », avant-dernier chapitre de cet ouvrage, montre au travers de l’histoire de Boris, combien la maltraitance subie par le jeune enfant est terriblement impactant pour son devenir et son avenir. Elle peut avoir des conséquences désastreuses sur lui-même, sa descendance et la collectivité toute entière. Caroline Eliacheff évoque le travail d’Alice Miller sur l’enfance des chefs nazis. Quand un enfant maltraité devient adulte et répète à son tour les mauvais traitements sur autrui, elle affirme qu’il s’agit là d’une tentative désespérée pour que ce qui lui est arrivé dans son enfance soit enfin reconnu, car « plus l’histoire est révisée et s’écarte de la vérité et plus le sujet tente de témoigner ».

Enfin l’auteur termine son ouvrage par le chapitre « La dernière séance » où elle dévoile avec beaucoup d’authenticité tout ce que les patients, même très jeunes et en grande souffrance apportent au psychanalyste. Ce sont parfois de rares et réels « moments de grâce » dans un confiance retrouvée à l’égard d’un adulte, au sein d’une alliance thérapeutique qui s’est petit à petit constituée. Lors de la fin d’une cure, la séparation est parfois difficile autant pour le psychanalyste que pour l’analysé, et l’auteur de souligner à quel point il est important que cette séparation s’effectue dans de bonnes conditions afin que le patient soit libre de tout transfert.

Cette lecture m’a été très utile au regard de ma future pratique professionnelle. Elle m’a permis d’une part, d’avoir une idée plus précise de la politique sociale de protection de l’enfance d’il y a 16 ans et d’autre part, de pouvoir en constater les changements et évolutions. De plus, le regard critique et engagé de l’auteur m’a rappelé qu’il est essentiel dans ce métier d’être conscient des évolutions positives en matière de protection de l’enfance, tout en gardant la capacité de remettre en question notre pratique professionnelle. Interroger notre rapport à l’évolution de la société, des mentalités et par conséquent des politiques et des nouvelles lois est fondamental. Le métier d’assistant social exige, à mon sens, une grande capacité de réflexion personnelle et nécessite d’être toujours en quête de propositions nouvelles et mieux adaptées.

II/ Problématique dans laquelle s’inscrit l’ouvrage

Caroline Eliacheff, alors qu’elle écrit de cet ouvrage, reçois depuis dix ans en consultation psychanalytique des enfants de moins de trois ans, ayant subit des maltraitances physiques ou psychiques. Ces enfants lui sont adressés par la pouponnière Paul-Manchon d’Antony, où ils sont placés le plus souvent par décision de justice. Ce contexte permet de mieux comprendre le regard, parfois très critique de l’auteur. En effet, elle est amenée à constater et à accompagner des enfants victimes de mauvais traitements parentaux mais aussi, comme dans le cas de Clara, de violences institutionnelles ou décisions judiciaires lentes et souvent non adaptées. Ce thème occupe une place importante dans la réflexion de Caroline Eliacheff. Elle traite ensuite de la difficile question de la disqualification de la fonction parentale et de ses conséquences sur les familles et les enfants. Elle questionne et interpelle aussi l’état d’une société qui contient ces violences mêmes en son sein et se doit pourtant de trouver les

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