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Étude d'un passage issu du roman La Chartreuse de Parme de Stendhal

Commentaire d'oeuvre : Étude d'un passage issu du roman La Chartreuse de Parme de Stendhal. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  22 Mars 2015  •  Commentaire d'oeuvre  •  1 312 Mots (6 Pages)  •  731 Vues

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ntroduction : Un jeune noble milanais, Fabrice del Dongo, rêve de gloire et de liberté. Pendant les Cent Jours, il brûle de rejoindre l'armée de Napoléon. Sa tante Gina del Dongo, âme également généreuse, l'aide à réaliser son dessein. Voilà donc Fabrice à Waterloo sur les traces de Napoléon.

Texte :

Nous avouerons que notre héros était

fort peu héros en ce moment. Toutefois la peur ne venait chez lui

qu’en seconde ligne ; il était surtout scandalisé de ce bruit qui lui

faisait mal aux oreilles. L’escorte prit le galop ; on traversait une

grande pièce de terre labourée, située au-delà du canal, et ce

champ était jonché de cadavres.

– Les habits rouges ! les habits rouges ! criaient avec joie les

hussards de l’escorte.

Et d’abord Fabrice ne comprenait pas ; enfin il remarqua

qu’en effet presque tous les cadavres étaient vêtus de rouge. Une

circonstance lui donna un frisson d’horreur ; il remarqua que

beaucoup de ces malheureux habits rouges vivaient encore, ils

criaient évidemment pour demander du secours, et personne ne

s’arrêtait pour leur en donner. Notre héros, fort humain, se

donnait toutes les peines du monde pour que son cheval ne mît

les pieds sur aucun habit rouge. L’escorte s’arrêta ; Fabrice, qui

ne faisait pas assez d’attention à son devoir de soldat, galopait

toujours en regardant un malheureux blessé.

– Veux-tu bien t’arrêter, blanc-bec ! lui cria le maréchal des

logis. Fabrice s’aperçut qu’il était à vingt pas sur la droite en avant

des généraux, et précisément du côté où ils regardaient avec leurs

lorgnettes. En revenant se ranger à la queue des autres hussards

restés à quelques pas en arrière, il vit le plus gros de ces généraux

qui parlait à son voisin, général aussi, d’un air d’autorité et

presque de réprimande ; il jurait. Fabrice ne put retenir sa

curiosité ; et, malgré le conseil de ne point parler, à lui donné par

son amie la geôlière, il arrangea une petite phrase bien française,

bien correcte, et dit à son voisin :

– Quel est-il ce général qui gourmande son voisin ?

– Pardi, c’est le maréchal !

– Quel maréchal ?

– Le maréchal Ney, bêta ! Ah çà ! où as-tu servi jusqu’ici ?

Fabrice, quoique fort susceptible, ne songea point à se fâcher

de l’injure ; il contemplait, perdu dans une admiration enfantine,

ce fameux prince de la Moskova, le brave des braves.

Tout à coup on partit au grand galop. Quelques instants

après, Fabrice vit, à vingt pas en avant, une terre labourée qui

était remuée d’une façon singulière. Le fond des sillons était plein

d’eau, et la terre fort humide, qui formait la crête de ces sillons,

volait en petits fragments noirs lancés à trois ou quatre pieds de

haut. Fabrice remarqua en passant cet effet singulier ; puis sa

pensée se remit à songer à la gloire du maréchal. Il entendit un cri

sec auprès de lui : c’étaient deux hussards qui tombaient atteints

par des boulets ; et, lorsqu’il les regarda, ils étaient déjà à vingt

pas de l’escorte. Ce qui lui sembla horrible, ce fut un cheval tout

sanglant qui se débattait sur la terre labourée, en engageant ses

pieds dans ses propres entrailles ; il voulait suivre les autres : le

sang coulait dans la boue.

« Ah ! m’y voilà donc enfin au feu ! se dit-il. J’ai vu le feu ! se

répétait-il avec satisfaction. Me voici un vrai militaire. » A ce

moment, l’escorte allait ventre à terre, et notre héros comprit que

c’étaient des boulets qui faisaient voler la terre de toutes parts. Il

avait

...

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