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La guerre des sexes

Dissertation : La guerre des sexes. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  1 Juin 2024  •  Dissertation  •  3 332 Mots (14 Pages)  •  90 Vues

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« La honte doit changer de camp », slogan lancé par un collectif de féministes, dont l’association « Osez le féminisme » en 2010, constitue la réponse sous forme de dénonciation aux agression sexuelles subies par les femmes. A l’aube du mouvement Metoo lancé en 2017, la reprise du slogan sur les réseaux sociaux fut massive, preuve d’une volonté d’abattre l’oppression masculine. Cette vague de libération de la parole a créé une profonde division sur le sujet autour d’un vaste mouvement : le féminisme.

Du latin femina, signifiant femme, le féminisme est employé pour décrire à la fois des idées et mouvements orientés vers un seul but : l’égalité homme-femme. Originellement, cette distinction féminin-masculin renvoie à la division sexuelle du vivant, dans sa dimension biologique.

Outre l’aspect naturel, la séparation des sexes est aussi culturelle dans la mesure où des stéréotypes ont été attribués à un genre : féminin-masculin. Selon l’Organisation mondiale de la santé, le genre constitue « les rôles qui sont déterminés socialement, les comportements, les activités et les attributs qu’une société considère comme appropriés pour les hommes et les femmes ».

Pour autant, ces diverses distinctions sont le fruit de conséquences importantes, notamment sur l’application du principe démocratique de notre société, l’égalité. Le féminisme a alors fait de ce problème son combat majeur en prônant la défense et l’extension des droits du sexe opprimé : le féminin. Passant dès le XVIIIe siècle par une stricte revendication juridique, le mouvement a évolué au cours du XXe siècle vers une demande de changement à l’échelle de l’ensemble des dimensions sociales et économiques de la société. Or, depuis les années 2000, le champ de lutte s’est accentué sur la dénonciation à l’aide de moyens plus virulents. Dès lors, une véritable oppression féministe est apparue, de sorte a qualifié le mouvement de « tyrannie du genre », selon l’expression employée par la sociologue Marie Duru-Bellat. La comparaison avec le pouvoir absolu et arbitraire détenu par un seul groupe n’est pas anodine, l’ère des réseaux sociaux s’étant transformé en outil de justice expéditive à l’égard des hommes, au travers d’actions illégales, a semé un climat de frayeur à l’égard de quiconque osant aller à l’encontre de ses méthodes et idées. Notre société, garante du principe d’égalité, se retrouve alors dans une profonde crise opposant deux sexes.

Face à la défaillance d’un système entier dans l’application et la protection des droits des femmes, l’action se réinvente pour devenir la garante même du principe d’égalité. A travers les différents mouvements tels que Metoo ou encore balance ton porc, le féminisme semble alors prendre sa revanche contre le système judiciaire, de sorte à lui rendre la pareille face au faible nombre de condamnations en matière d’agressions sexuelles.

Pour autant, l’oppression présentée par les critiques du féminisme n’apparait réelle qu’à l’échelle des réseaux sociaux face à la place de la femme dans notre société, encore érigée au second plan. De telle sorte que notre actuel président, Emmanuel Macron, poursuit encore en 2023 l’une des grandes causes de son premier quinquennat, l’égalité homme-femme. Au regard de la réalité des faits, encore alarmants, les critiques à l’encontre du féminisme paraissent alors peu légitime mais pourtant à entendre pour poursuivre la cause.

Aussi convient-il de se demander si la radicalisation du mouvement féministe n’est-il pas le signe d’un nécessaire besoin de transformation ?

Nous verrons dans un premier temps qu’en dépit d’un mouvement qui prône l’égalité, le féminisme empreint des voies oppressives (I) avant de nuancer ses conséquences pour permettre la possibilité d’une refonte de son action (II)

  1. Le féminisme en crise face à la radicalisation de ses méthodes

Le féminisme se caractérise par la volonté de pallier aux inégalités de sexe (A) mais se traduit depuis quelques années par des actions incomprises et illégales (B)

  1. Un mouvement d’influence en réponse à un échec démocratique

Notre société moderne est qualifiée, de par son projet, d’égalitaire. Par la proclamation de la démocratie, les révolutionnaires de 1789, ont pensé le monde contemporain dans une volonté de justice à travers l’égalité des Hommes, en abolissant la société d’ordre préétablie par l’ancien régime. Cet idéal a d’ailleurs été constaté par Alexis de Tocqueville dans son ouvrage “De la démocratie en Amérique” au sein duquel il développe “l’égalisation des conditions”. A travers cette idée, l’auteur soutient l’application de la démocratie comme le régime politique et l'État social le plus à même d’assurer l’égalité. En effet, grâce à l’égalité civile et sociale, que l’ensemble de la population se voit reconnaître les mêmes droits sans qu’aucune hiérarchie ne soit établie entre eux.

Pour autant, la réalité de notre modèle socio-politique a rapidement dévoilé la négation du principe envers les femmes. En effet, dès 1789, la proclamation des droits civiques et politiques a explicitement laissé les femmes de côté. Il n’y a qu’à citer l’absence du droit de vote des femmes jusqu’en 1944, malgré la fin du suffrage censitaire depuis 1848, mais également la soumission de la femme à son père ou son mari dans le Code civil de 1804.

Le féminisme s’est alors développé en réponse à l’échec du projet démocratique. Originellement employé pour qualifier des hommes comme peu virils, ce terme a été repris dès le XVIIIe siècle pour qualifier un mouvement en faveur de l’égalité des hommes et des femmes. Pour autant, sa progression s’est déroulée par phase, comme nous l’explique l’historienne Bibia Pavard dans “Faire naître et mourir les vagues : comment s’écrit l‘histoire des féminismes”. Figure de proue, Olympes de Gouges, célèbre pour son œuvre “La déclaration des droits de la femme et de la citoyenne” publié en 1791, a construit le premier mouvement de féminisme qui plaide pour l’extension des droits civils et civiques aux femmes en revendiquant leur appartenance au peuple souverain.

Malgré des avancées timides et tardives, une seconde vague de féminisme émerge dans les années soixante. Celle-ci dépasse la revendication d’une égalité de droits pour se placer sur le terrain des libertés, réclamant le droit de faire ces propres choix. Le combat s’accentue alors contre le patriarcat, à l’origine de la répression des femmes. C’est notamment l’objet du « Deuxième sexe » de Simone de Beauvoir sorti en 1949. Tout au long de sa pensée, la philosophe déconstruit le mythe du genre, à travers sa formule célèbre “on ne nait pas femme, on le devient”, dénonçant au grand jour qu’être femme ne relève pas de la nature mais d’un apprentissage social.

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