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Connaissance des sociétés contemporaines

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Par   •  4 Octobre 2024  •  Dissertation  •  2 963 Mots (12 Pages)  •  29 Vues

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Comment les possibilités de choix des établissements scolaires contribuent-elles à l’évitement de la mixité sociale et raciale par les familles ?

L1 sociologie EAD

Le système scolaire français repose sur une égalité des chances pour tous, avec la possibilité d’intégrer un établissement de qualité dans son secteur d’habitation, selon une « carte scolaire », un découpage du territoire. En réalité, le secteur public connaît un phénomène de ségrégation, un effet clanique produit par des stratégies d’évitement depuis les classes les plus favorisées. « L’école ne gomme pas les inégalités entre élèves, elle les renforce. », un constat de l’Observatoire des inégalités[1]. En moyenne, dans le secteur public à la rentrée 2022, plus de 6 collégiens sur 10 sont de milieu défavorisé, alors que seulement 2 collégiens sont issus d’un milieu très favorisé, selon le Centre national d’étude des systèmes scolaires.

Le rôle de la carte scolaire est de favoriser une mixité sociale au sein des établissements en garantissant l’équité. Les classes populaires acceptent, généralement, ce système, en revanche les classes supérieures ne s’en satisfont pas et recourent à des stratégies diverses pour « choisir » un établissement « sur mesure » pour leurs enfants, ce qui veut dire préserver un entre-soi distinctif et se détourner des « Autres »,[2] les catégories populaires et l’immigration. En effet, dans ces populations positionnées au bas de l’échelle sociale, les enfants ont la réputation d’appartenir à la délinquance, laissés pour compte par leurs parents démissionnaires, trainant dans les rues.[3] La pauvreté les place aussi en première position sur la question de la délinquance, la précarité économique étant un facteur déterminant.

Les pratiques de contournement sont liées au capital économique, social et culturel des parents qui souhaitent améliorer l’environnement et l’activité immédiats de leurs enfants et de prévoir un accès aux meilleurs établissements secondaires. Dans le même temps, ces tactiques parentales font reculer l’idéal inclusif pourtant dans la tendance depuis quelques décennies. Il y a aussi un lien significatif entre la composition sociale et l’intensité de l’évitement. Plus la position de l’établissement dans l’échelle sociale est basse plus l’évitement est fort, et réciproquement. Ces parents jouent le rôle du maintien des inégalités scolaires. D’ailleurs, on peut parler d’une rupture du contrat social, tant les parents usent de consumérisme scolaire, mettant en scène diverses stratégies pour trouver « la bonne école », le plus tôt possible, en se comportant comme des clients, au travers de discriminations voilées, légitimées par les acteurs sociaux.

Grâce à divers travaux sociologiques contemporains, nous pouvons répondre à un certain nombre de questions pour comprendre comment s’éprouve le phénomène de non-mixité sociale au sein des établissements publics, à travers un questionnement sur le consumérisme et la ségrégation, la carte scolaire et enfin les capitaux investis.

  1. Le consumérisme scolaire et la ségrégation sociale

Le « consumérisme scolaire »[4] est un concept qui fait allusion à la consommation dans le système scolaire. La naissance du terme est due à l'affaiblissement de la confiance dans le système scolaire public. Les familles s'immiscent dans l'organisation des institutions scolaires et font les choix les plus « rentables » pour leurs enfants : accès à de meilleurs établissements, amélioration de l’environnement, entre-soi social ou de strates … Les parents se comportent comme des clients, comparant les performances des écoles, exigeant la publication des résultats, mettant les établissements en concurrence, malgré l’invisibilité du phénomène. Pour les parents les plus aisés cela revient à choisir les établissements comme l’on choisit de faire un achat, ils semblent avoir la liberté de choisir ! Pour les familles, les modes de progression et l’accompagnement des enfants, dépendent de l’établissement qu’ils intègreront. Les « choix » sont faits très tôt dans les parcours.

Pour arriver à leurs fins, les parents sollicitent parfois, auprès des directeurs d’établissement, la constitution de « parcours protégés »[5]. Ceux-ci n’hésitent pas à mettre en place des organisations internes, ayant vocation à rassurer les parents, pour mettre « les bons élèves » à l’abri des « mauvais » ou « d’éléments perturbateurs », quitte à utiliser des mesures disciplinaires pour « rétablir l’ordre »,[6] peu importe l’engagement pédagogique des enseignants qui devront s’occuper davantage des enfants défavorisés ou adapter l’enseignement à leur niveau. Ces arrangements pédagogiques donnent lieu à une concurrence institutionnelle, ces politiques de surenchères et d’attraction des élèves qui ont des qualités scolaires et sociales peuvent valoriser l’établissement. Ces mesures légitimisent les pratiques d’évitement et de « choix » et accentuent les différences de valeurs.

Dans la continuité des parcours protégés, le choix d’options diverses est également important. Il est rare que des enfants issus de milieux défavorisés fassent ces choix : allemand, anglais renforcé, théâtre … Ces classes à options spécifiques alimentent une ségrégation académique, qui dans les faits, engendre une ségrégation sociale, ethnique, voire sexuelle et ont des effets négatifs. La « colonisation »[7] des établissements de secteur est aussi rependue auprès des classes supérieures qui, renvoyant un cadre normatif, mobilisent des pratiques destinées à favoriser la construction d’un entre-soi social « le bonding », à l’inverse du « bridging », une ouverture vers les autres.[8]

  1. Carte scolaire ou scolarité à la carte ?

Les stratégies d’évitement de la mixité au sein de certains établissements scolaires, où il existe une forte concentration d’enfants issus de l’immigration, ont fait l’objet de travaux sociologiques que très récemment. Ces tactiques contemporaines d’intervention parentale dans le parcours scolaire de leurs enfants n’existent qu’au sein des classes moyennes et supérieures, où il est important de préserver un entre-soi. Ces manœuvres sont de véritables tours de force, ou plutôt des tours de pouvoir, car il est d’abord question de ceci, comment peut-on choisir l’établissement que son enfant fréquentera quand des normes sectorielles régissent les orientations ? L’ensemble des actions relatives à un tri démographique sélectif est aussi appelé « écrémage ».

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