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Le Legs, Robert Desnos

Note de Recherches : Le Legs, Robert Desnos. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  14 Mai 2014  •  2 291 Mots (10 Pages)  •  8 024 Vues

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• Robert Desnos

(1900-1945), poète

« Le Legs » (14 juillet 1943)

Et voici, Père Hugo, ton nom sur les murailles !

Tu peux te retourner au fond du Panthéon

Pour savoir qui a fait cela. Qui l’a fait ? On !

On c’est Hitler, on c’est Goebbels… C’est la racaille,

Un Laval, un Pétain, un Bonnard, un Brinon,

Ceux qui savent trahir et ceux qui font ripaille,

Ceux qui sont destinés aux justes représailles

Et cela ne fait pas un grand nombre de noms.

Ces gens de peu d’esprit et de faible culture

Ont besoin d’alibis dans leur sale aventure.

Ils ont dit : « Le bonhomme est mort. Il est dompté. »

Oui, le bonhomme est mort. Mais par-devant notaire

Il a bien précisé quel legs il voulait faire :

Le notaire a nom : France, et le legs : Liberté.

• Contexte

Alors que la seconde guerre mondiale sévissait et que l'Occupation prospérait, Robert Desnos prit vigoureusement parti contre le régime de Vichy et écrivit des poèmes où se mêlent fantaisie verbale et appels à la résistance.

Notamment Le Legs, poème engagé qui fut publié dans l’Honneur des poètes par Eluard en 1943. Ce recueil parut le 14 juillet, date anniversaire symbolique de la prise de la Bastille.

• Analyse

- Poème composé de 14 alexandrins répartis en deux quatrains et deux tercets aux rimes embrassées.

Le fait que l’auteur est utilisé des rimes embrassées m’incite à penser que le schéma est mis en place avec un ton ironique. En effet, ce poème ayant pour sentiments dominants la haine et la colère s’oppose totalement au terme « embrassé ». Incontournablement, le dessin amour/haine devient ironique.

Au premier vers Desnos s’adresse à Victor Hugo. Nous pouvons alors nous demander quelles sont les raisons de ce choix car apparemment l’auteur n’étant pas de la même époque il n’a pas de rapport avec le contexte historique, mais c’est faux. En effet si nous faisons quelques recherches plus approfondies sur Desnos, nous découvrons qu’il était un grand admirateur de l’auteur des Misérables. Mais ici c’est encore plus que ça. En effet le poète s’adresse directement à Hugo, il l’apostrophe « Et voici, père Hugo » et le tutoie « tu », « ton ». Ainsi, il semble très proche, et est presque présenté par le mot « père » comme le père des français, voire de la patrie ; Desnos fait aussi allusion au « Panthéon » et à ses « murailles ». Par ces quelques mots il attaque le régime de Vichy. En effet ce régime utilisait des écrits de grands écrivains pour faire de la propagande, et sa devise était « Travail, famille, patrie ». Ces trois mots sont inspirés des dires de Hugo car il a chanté les joies de la famille dans les Contemplations, et du travail dans Les travailleurs de la mer. Ainsi, par ce simple nom qui semble insignifiant, Desnos a fait de nombreux sous entendus.

En revanche, par la suite, il ne fait plus des allusions mais s’oppose ouvertement et choisit des noms d’hommes politiques symboliques : Hitler en premier, qui est au centre de tout. Il est le « Führer » et est une des origines de cette guerre et de ces maux.. Goebbels est le ministre de l’information et de la propagande en 1933 et est le théoricien du nazisme. Laval lui est un collaborateur avec l’Allemagne, ministre d’état de Pétain et vice-président du gouvernement de Vichy. Il déclara « souhaiter la victoire de l’Allemagne ». Pétain est le vice-président du Conseil et chef du gouvernement de Vichy. Il engage avec l’Allemagne une politique de collaboration active, acceptant ainsi les lois sociales, la création de la Milice et la déportation des juifs entre autres. Bonnard est le ministre de l’éducation sous ce même gouvernement et Brinon en fut le représentant auprès des autorités allemandes à Paris, puis secrétaire d’État. Desnos choisit ainsi des hommes d’état très haut placés pour choquer et faire réagir. Cette succession de noms est introduite par le pronom indéfini « on » qui là est péjoratif et défiant.

De plus les points de suspensions après Goebbels « Goebbels… » montre

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