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Fiche lecture "l'inflation scolaire" de Marie Duru-Bella

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Par   •  8 Mars 2020  •  Fiche de lecture  •  2 091 Mots (9 Pages)  •  932 Vues

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"L'inflation scolaire, les désillusions de la méritocratie" de Marie Duru-Bellat

Marie Duru-Bellat a écrit en 2006 un ouvrage intitulé "L’inflation scolaire : les désillusions de la méritocratie", publié aux éditions du Seuil. Cette autrice est une sociologue française spécialiste des questions relatives aux inégalités sociales surtout marquées dans le domaine de l'éducation et de la méritocratie. Depuis 2007, elle enseigne la sociologie à Sciences Po de Paris. Née  en 1950, elle a pu de par ses recherches en France comme à l'étranger faire un état des lieux des problèmes liés entre l'offre sur le marché du travail et les moyens  mis en œuvre pour s'y adapter. Cet ouvrage se divise en quatre parties.

En introduction, elle pose le concept  de la méritocratie , a-t-il fonctionné , a-t-il encore plus accentué les inégalités et est-il toujours d'actualité?  En l'appliquant, est-on sur d'obtenir une certaine forme de justice sociale face au marché du travail?  Marie Duru-Bellat nous invite à réfléchir sur des moyens alternatifs mieux adaptes aux réalités humaines sociales économiques et politiques. En premier lieu, nous présenterons un résumé des quatre chapitre qui ouvriront dans un second temps une discussion.


1/ Résumé du livre


Au début du premier chapitre, l'autrice, en partant du constat de l'allongement des scolarités depuis 1950, se demande si le modèle méritocratique a tenu ses promesses et si cette diffusion de l'éducation a conduit à plus de justice. L'autrice se pose la question du poids de l'hérédité dans la destinée professionnelle. Sur des critères assez larges, on observe que plus de la moitié des fils de cadres sont cadres et que 46% des fils d'ouvriers restent ouvriers. La mobilité sociale a été possible grâce à "l'appel d'air" par la modification structurelle des emplois . Toute la question est de savoir pourquoi l'ouverture du système scolaire n'a pas d'effet mécanique sur la mobilité sociale?

Trois facteurs l'expliqueraient :

• le baccalauréat est toujours plus obtenu dans des familles de cadres. Bien que dans les années 70 à 90 l'allongement des études a été généralisé pour tous les groupes sociaux, les écarts entre groupes se resserrent mais persistent. En effet, la nature du diplôme amène à une démocratisation ségrégative. Certains baccalauréats sont moins valorisés que d'autres comme le baccalauréat professionnel. Les inégalités se reforment donc de façon différée.

• La valeur du diplôme a évolué et a baissé car les niveaux d'éducation se déplacent plus vite vers le haut que la structure sociale. La notion de déclassement apparaît. Ce déclassement aura moins d'effet négatif chez les plus favorisés qui auront les stratégies adaptées.

• Malgré la dévalorisation de certains diplômes sur le marché du travail, il est quasi obligatoire de les accumuler. Malgré cela, l 'insertion ne dépendra pas que du diplôme. différents facteurs hérités entreront en ligne de compte.

L'autrice étudie la relation entre immobilité sociale et politique scolaire en Europe ne pouvant faire de lien puisque deux modèles opposés peuvent avoir les mêmes effets. L'ascension sociale se produirait lorsque la conjoncture économique serait favorable (comme pour les enfants de la fin des années 40 ) et des inégalités de stratégies plus ou moins efficaces selon l'origine familiale. Si les diplômes étaient reconnus à leur juste valeur par les milieux professionnels, l'impact du milieu social serait moindre.

Dans le deuxième chapitre, l’autrice va plus loin sur la question du mérite scolaire. Les inégalités de réussite s’observent très tôt , renforcées par les stratégies individuelles , par l’hétérogénéité de l’offre scolaire (au niveau des contenus, de la qualité…).L’école échouerait à  gommer les inégalités, les inégalités scolaires retranscriraient de façon logique et mécanique les inégalités sociales. Mérite scolaire et héritage seraient intimement liés.

L’autrice étudie ensuite le lien entre mérite scolaire et mérite professionnel et de la valeur du diplôme dans ces mérites respectifs. Les emplois ne correspondent qu’une fois sur deux aux études effectuées. Le diplôme ne serait-il qu’un outil de classement des individus ?En effet, l’univers professionnel requiert une dimension supplémentaire :le monde du travail. Mérites scolaires et professionnels ne peuvent donc  suivre la même logique. Pourtant, le diplôme reste un outil de tri incontournable.

La notion de déclassement est équivoque selon la théorie désignée (pour l’une l’école fabrique des compétences, pour l’autre elle filtre en signalant les qualités),s’interprétant en fonction du contexte politique et scientifique. Quelles sont les compétence réellement reconnues dans le monde du travail et comment est déterminé le salaire ?Par la durée des études, mais aussi par d’autres qualités, humaines, d’adaptation ,par le caractère ,et même le physique.

Le savoir s’inculque à l’école, comme le savoir être qui s’inculque aussi à la maison ,et dans les familles dites favorisées les stratégies sont appréciées et reconnues dans le milieu du travail, opérant une sélection d’office au-delà du diplôme. Le mérite fonctionne donc selon la disponibilité des places et leur nature, le marché étant le seul déterminant. Imaginer gommer les inégalités sociales est une illusion, et renforcer la valeur du diplôme ne rendrait  pas plus de justice au travail, car, il se pourrait même ,par un effet pervers, que cela creuse le fossé entre individus.

Le troisième chapitre pose la question des effets de l’allongement des études sur d’éventuels bénéfices économiques et sociaux. Si le bénéfice individuel  apparaît indiscutable, quid de la rentabilité collective, sociale et économique ?Les économistes ont démontré une corrélation positive entre hausse du niveau d’instruction et hausse du développement économique dans les pays pauvres. Mais l’effet causal reste difficile à déterminer car l’éducation est-elle une cause ou un effet de la croissance ?Tout dépend du contexte économique…

Les économistes font donc des paris, y compris au sujet des emplois de demain , tenant compte de la démographie et de l’évolution de créations et suppressions d’emplois. Il en ressort que les emplois en forte progression seront ceux qui demandent des compétences professionnelles, sociales et relationnelles (comme les emplois de service à la personne),plus qu’un parcours de sur diplômé. Mais l’éducation nationale pousse à l’élévation du niveau des diplômes sans prendre en compte la notion de besoins du marché, notion pourtant incontournable en économie.

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