Fernand Deligny
Étude de cas : Fernand Deligny. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Ay Lbr • 14 Janvier 2018 • Étude de cas • 1 937 Mots (8 Pages) • 854 Vues
F.DELIGNY
A travers le texte de Jean Houssaye l’on découvre un homme plutôt instable géographiquement, qui collectionne les expériences à la recherche de la liberté. On verra qu’il ne tentera jamais d’imposer des méthodes mais de s’adapter au public rencontré et aux personnes. F.Deligny est un personnage innovant, sortant des sentiers battus avec la capacité d’empathie très forte. Il ne cherche pas à changer l’autre,mais à le comprendre. Un combat contre les normes,les méthodes éducatives institutionnelles qui pour lui sont souvent répressives. D’ailleurs, Fernand Deligny reconnaît “esquiver et s’esquiver” sans cesse, sans anticipation aucune. “Un peu comme si la condition pour ne pas rester ou se transformer en crapule était de devenir vagabond.”
- Chronologie
F. Deligny a débuté ses études par un baccalauréat de philosophie.
1936: Une période nomade, passage au service militaire.
1938: Poste en tant qu’instituteur suppléant dans un asile, puis instituteur spécialisé pour enfants difficiles. Obtention du CAEA (Certificat d’Aptitude à l’Enseignement d’Enfants Arriérés). Il se retrouve par la suite à l’IMPRO (Institut Médico Professionnel).
1943: Ouverture d’un foyer contre la délinquance où il devient directeur pédagogique du Centre d’observation et de triage. Dans la même année il devient délégué régionale de l’ARSEA (Association Régionale de Sauvegarde de l’Enfance et de l’Adolescence).
1947: « La Grande Cordée. »
Ensuite: Rencontre avec Janmari → Approche de l’autisme
II - Graine de crapule
Fernand Deligny travaillera avec le public dit délinquant où l'épanouissement de l’adolescent primera par l’activité,le sport et les sorties. D’ailleurs, lorsqu’il ouvre un foyer pour mineurs placés par la justice pour une période d’observation avant jugement et d’être orientés vers une autre structure, il y valorise l’absence de sanctions ou de chantage affectifs.
On peut donc voir ici que Fernand Deligny est un personnage favorisant l’être à l’état brut et ne souhaite en aucun cas le changer mais le laisser “devenir” par le biais de supports artistiques.
A partir du théâtre de Dullin et à travers les auberges de jeunesses, il donne l’opportunité aux jeunes en difficulté d’établir un projet d’insertion sociale et professionnel : La Grande Cordée. C’est un organisme de réadaptation sociale pour les adolescents de 14 à 18 ans, consistant à sortir le jeune délinquant de son milieu naturel, de son environnement souvent négatif, et à lui faire vivre un apprentissage à travers des rencontres d’artisans prêts à jouer le jeu, et de familles… Il été demandé à F. Deligny de s’occuper le plus utilement possibles de jeunes gens implacables. C’était un réseau de séjour d’essai pour ces jeunes. La Grande Cordée sera pour F. Deligny une tentative pédagogique visant à approcher cas par cas, le sujet en tant que tel, loin de toute généralisation ou systématisation. Ces jeunes sont envoyés par des pédopsychiatres ou juges pour enfants . Il explique dans un article de la revue “Enfance” de 1949 que les “délinquants, vagabonds, anormaux” sont les plus flagrantes victimes d’un ordre social. Et qu’il faudrait déployer davantage d’énergie à supprimer les causes d’accidents et changer les conditions économiques,politiques et sociales, plutôt que d’aider les jeunes en les formatant pour qu’ils s’adaptent. Fernand Deligny aime offrir un contexte différent et des opportunités afin de démontrer que peu importe qu’on soit dans la “norme” sociale ou autre, ces jeunes de quatorze à dix-huit ans peuvent s’en sortir, s’investir tout en restant eux-même : avec leur potentiel, leurs histoire, leurs capacités. En effet ce temps d’essai en Auberge de Jeunesse qui ne doit pas dépasser quelques mois, se précisent les possibilités réelles du cas “difficile” hors des circonstances qui avaient provoqué des réactions antisociales.
Il faut savoir qu’à l’époque la délinquance est définie comme une faiblesse intellectuelle. Les délinquants signifiant aujourd’hui “les faiseurs de faute” était à l’époque signe d’une infériorité intellectuelle. Or en 1946 D.G Schmidt fait une étude démontrant que certains délinquants étaient égaux aux non-délinquants et que leurs différences de niveau est due uniquement à une infériorité culturelle.
Dans son oeuvre Graine de Crapules, F.Deligny reprend son parcours avec ces jeunes dit difficiles et dénonce l’institution,les idées reçues et prémachées ainsi que les murs, ceux qui enferme l’esprit.
“Si tu joues au policier, ils joueront aux bandits. Si tu joues au bon dieu, ils joueront aux diables. Si tu joues au geôlier, ils joueront aux prisonniers. Si tu es toi-même, ils seront bien embêtés.”
“Un incident. .. Une façon de l'éviter. Mille façons de l'excuser.”
“N'essaie surtout pas de savoir ce qu'ils disent de toi entre eux. Ont-ils envie de se mettre en route quand ils te voient arriver ? Voilà ton travail.”
III - L’autisme, stop l’errance de F. Deligny
La société est conçue pour les meilleurs, les autres on les enferme, on les cache, puis on les éduque,on les normalise or F.Deligny voit en eux quelque chose à cultiver.
Deligny a été dans une certaine forme de révolte sociale, rejetant les histoires toutes faites et les morales. Il ne veut absolument pas être le représentant de la société qui accepte les pédagogies dogmatiques mais il est dans une volonté de représenter les enfants à sa charge.
Il souhaite être au plus près de l’enfant et non pas de s’en éloigner derrière des approches et des méthodes qui seraient propre à l’Homme, et différent de l’autiste qui est pourtant plus proche de la nature.
Deligny tente une approche pédagogique qui vise à retirer les portes et les fenêtres des hôpitaux psychiatriques afin de comprendre ces jeunes adolescents à qui on a plutôt cherché à imposer des méthodes et des approches qui leurs sont inappropriées. En ouvrant les portes et les fenêtres,on laisse les adolescents être eux-mêmes,on ne les oblige pas à s’adapter à nous,on accepte leurs différences et on travaille avec. C’est à nous de les approcher en prenant en compte leur mode de vie ainsi que leurs rites. Les portes et les fenêtres sont en réalité une métaphore de Deligny qu’il utilisera tout au long de sa vie afin de démontrer qu’il est inutile d’approcher l’autre à travers notre propre fonctionnement;nos habitudes,nos normes puisqu’elles sont différentes des leurs. Ce processus est pour Deligny un moyen de rentrer dans leur monde.
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