Faire L'éloge De l'âge

A une époque où prédominent les valeurs liées à la jeunesse, vous ferez, paradoxalement, l’éloge de l’âge.

Obsédée par la désir de rester jeune à tout prix, notre époque perçoit l’âge négativement, si l’on en croit Ch. Combaz dans son essai Eloge de l’âge dans un monde jeune et bronzé. Mais cette vision des choses est-elle vraiment fondée ? Selon nous, elle ne se justifie pas parce que cette période de la vie comporte des avantages qui méritent qu’on fasse son éloge. Le temps libre dont disposent les personnes âgées leur permet de s’épanouir individuellement, familialement et socialement, au point qu’elles sont indispensables à notre monde.

Le premier avantage qui s’impose à l’esprit quand on pense aux personnes âgées est qu’elles ont le temps de goûter pleinement aux charmes de la vie. Arrivées à la retraite après une vie de labeur où l’on se presse et stresse, elles ne connaissent plus de contraintes horaires et peuvent occuper leurs journées au gré de leurs envies. Ainsi en voit-on beaucoup qui s’adonnent à leur passe-temps favori et se mettent à bricoler, jardiner ou, tout simplement, ne font rien parce qu’elles estiment que le repos est un art de vivre qui doit s’apprécier à sa juste valeur. Alors que nous les imaginons ridées, vieillies et fatiguées de vivre, elles retrouvent en fait une nouvelle jeunesse qui les pousse à entreprendre plusieurs voyages à l’étranger par an, à s’inscrire dans des clubs de gymnastique ou à faire des randonnées pédestres qui ont de quoi fatiguer plus d’un jeune. L’âge semble donc apporter un regain de vitalité inattendu.

Par ailleurs, c’est à cette époque de la vie que ces personnes s’épanouissent pleinement parce qu’elles s’insèrent vraiment dans le tissu familial où il fait bon vivre. Consacrant leur temps disponible à leur famille, elles organisent volontiers des fêtes où, le temps d’un repas préparé avec amour, se retrouvent chez elles des frères et des sœurs, des cousins et des oncles, bref tous les membres de la famille que la vie a tendance à disperser. En outre, elles s’occupent ave une affection remarquable de leurs petits-enfants qu’elles aident dans les mille tracas de la vie quotidienne et qu’elles accueillent chez elles lors de vacances où ces enfants jouiront de plus de liberté qu’à la maison, tant il est vrai que les grands-parents sont plus compréhensifs et indulgents que maints parents. L’âge n’est donc pas synonyme de solitude et d’aigreur, contrairement à ce que l’on croit.

Ensuite, la disponibilité et l’aisance financière qui accompagne souvent les retraites expliquent que ce soient ces personnes-là qui s’investissent pour les causes humanitaires. Combien en voit-on qui font des dons à des œuvres caritatives ? Non pas qu’elles aient plus de ressources financières que les classes laborieuses, mais parce qu’elles ont acquis une maturité qui leur permet de comprendre que chaque être humain devrait pouvoir vivre dignement. Elles étendent donc leur bonté bien au-delà du seul réseau familial. Le sourire qui perce sur leurs lèvres, la bienveillance qu’on lit dans leurs yeux, la richesse intérieure qui s’épanouit en eux sont autant de traits que l’on ne voit guère chez des jeunes toujours préoccupés par leur

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