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Le Rire Pour Quoi Faire

Mémoire : Le Rire Pour Quoi Faire. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  25 Novembre 2013  •  1 210 Mots (5 Pages)  •  940 Vues

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Le talent de faire rire a toujours suscité des réactions contrastées : on peut voir ainsi dans le comique un relâchement du niveau mental, au point de s'abaisser à une certaine trivialité, ou au contraire associer le rire à une esthétique et à une pensée philosophique sérieuses : tel est l'enjeu de ce corpus qui nous invite à dépasser la légèreté apparente et trompeuse du rire pour en éclairer plus profondément le sens.

Le premier document, qui est une image tirée des Temps modernes de Chaplin, donne le ton du corpus : qu'il s'agisse du dialogue du Schpountz de Marcel Pagnol, ou de l'extrait de la biographie que Jean-Robert Probst a consacrée au clown Chicky, le rire interroge autant qu'il interpelle : aussi doit-il être pris au sérieux, comme nous le rappelle le célèbre prologue de Gargantua, rédigé par Rabelais en 1534.

Nous analyserons cette problématique selon une triple perspective : après avoir dans une première partie rappelé combien l'aspect facétieux, plaisant, voire bouffon du comique pouvait le dévaluer comme genre mineur, nous chercherons à montrer qu'il repose en fait sur une véritable exigence, autant esthétique qu'artistique. Enfin, il conviendra d'étudier la dimension à la fois didactique mais aussi humaniste du rire.

Le premier élément qui vient spontanément à l'esprit quand on aborde le phénomène comique est de l'associer à ce qui fait rire et donc de l'opposer à ce qui est sérieux. Le légendaire film de Charlie Chaplin, les Temps modernes, tourné en 1936, nous en fournit une excellente illustration : qu'importe que les pitreries de Charlot soient la conséquence d'une aliénation de l'homme à la machine, nous rions de bon cœur, et sans nous poser trop de questions devant les mimiques et la pose facétieuses de ce personnage devenu fou en train d'effectuer avec deux clés à molette un mouvement expressif dansé digne du ballet classique ! Comme le remarque avec justesse, mais non sans amertume Irénée, l'acteur comique bien malgré lui du film de Marcel Pagnol, le Schpountz sorti en 1938, il est possible de résumer un spectacle qui fait rire à un spectacle qui "ne nous fera pas penser, qui ne nous posera aucun problème".

Ce qui fait rire repose donc d'abord sur l'effet burlesque : dans sa biographie consacrée en 2008 au clown suisse Chicky (Chicky, une vie de clown, légende vivante du cirque), Jean-Robert Probst évoque une entrée devenue un classique dans laquelle un départ familial en taxi sur la route des vacances se métamorphose en un truculent et joyeux cauchemar "pour la plus grande joie des enfants. Et aussi de leurs parents". Nous rions, bien malgré nous, de celui qui s'abaissant pour provoquer l'hilarité, comme le déplore Irénée, donne l'impression de n'être qu'un Schpountz, c'est-à-dire un charlot, un clown. Mais faut-il s'en tenir à ces stéréotypes, quelque peu réducteurs ? C'est tout le génie de Rabelais de convoquer le rieur au tribunal de la raison, et de lui rappeler que derrière les manières joyeuses et cocasses des Silènes se cache en fait une profonde vérité du rire qu'il faut interpréter allégoriquement.

[Faire rire relève d'une véritable exigence, autant esthétique qu'artistique]

Tel est l'art de l'illusion comique : comme le note plaisamment Rabelais, "l’habit ne fait pas le moine", propos pleins de sagesse qui trouvent un écho dans cette réplique apaisante que Françoise adresse à Irénée en lui rappelant que "l’acteur n’est pas l’homme". Si faire rire à ses dépends peut susciter la moquerie, il n'en va pas de même de celui qui, relevant

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