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Synthèse De Documents BTS

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Par   •  18 Avril 2013  •  3 472 Mots (14 Pages)  •  2 580 Vues

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Document 1 : Michel Pascal, Faut-il craindre le monde virtuel ?, Le Point, n° 1156, 12 novembre 1994.

Document 2 : Pierre Lévy et Jean-Pierre Balpe, supplément Le Monde, 20 novembre 1997. Propos recueillis par Michel Alberganti.

Document 3 : Dominique Monet, Le Multimédia, Flammarion, 1997.

Document 4 : Umberto Eco, « Comment ne pas utiliser le téléphone portable » in Comment voyager avec un saumon, Grasset, 1997.

Document 5 : Pierre Merklé, « Sociologie des réseaux sociaux », la Découverte, 2011

Document 1 - Faut-il craindre le monde virtuel ?

Avec les images de synthèse, véritables êtres de raison, entièrement calculées sur ordinateur à partir de modèles mathématiques, on pénètre à cent pour cent dans le fameux monde virtuel, le cyberespace. Équipé d'une prothèse, un casque spécial, on s'immerge littéralement dans l'image, on y évolue en interaction avec des « objets » et des « êtres » tous plus immatériels les uns que les autres. Ces casques, au départ reliés à de gros systèmes informatiques, ont été conçus pour équiper des simulateurs de vol pour avions de combat. Les balbutiements de ces machines remontent au milieu des années 60. Au Massachusetts Institute of Technology, le docteur Sutherland avait imaginé un casque qui offrait au pilote, simultanément, le vrai paysage et des images graphiques superposées, par exemple une mire de tir. Le prototype, dénommé « Épée de Damoclès » fut finalement réalisé en 1970.

Un dangereux contrôle social

« Au tournant du siècle, lorsque la réalité virtuelle sera largement diffusée, elle ne sera pas considérée comme une moyen d'appréhension de la réalité physique, mais plutôt comme une réalité supplémentaire. La réalité virtuelle nous ouvre un nouveau continent », écrivait en 1989 Jaron Lanier, l'un des gourous du cyberespace. Un univers truqué que le romancier américain Philip K. Dick avait pénétré par le seul pouvoir de son imagination. Deux de ses nouvelles de science-fiction ont déjà servi de scénario à Total Recall et à Blade Runner. Des films où les images virtuelles et images réelles, intimement mélangées, « matérialisent » les scènes impossibles sorties du cerveau enfiévré de l'écrivain de science-fiction.

Pour Gérard Barrière, philosophe, historien de l'art, « le virtuel pourrait bien être la révolution artistique du millénaire, mais il pose aussi des problèmes vertigineux dont 80 % restent à venir ». Philippe Quéau va dans le même sens lorsqu'il écrit : « Le risque le plus apparent, c'est de si bien croire aux simulacres qu'on finit par les prendre pour réels. » Confusion d'autant plus pernicieuse qu'on mélangera aux images de synthèse des images de la réalité, juxtaposition que les spécialistes nomment « hyperimages ».

Dans notre société de loisir et de chômage structurel, ces mondes de synthèse risquent de devenir des refuges, « des drogues visuelles, capables d'occuper les esprits et les corps, tout en développant de nouveaux marchés, et aussi de nouvelles formes de contrôle social », poursuit-il. Gare alors au retour vers le réel, à la retombée sur terre. A ce moment, la confusion du matériel et de l'immatériel risque d'être périlleuse. Exemple : la première vraie guerre par images de synthèse interposées, faite durant le conflit du Golfe. Elle coûta la vie à des soldats britanniques dont les véhicules, devenus images virtuelles sur les viseurs des avions américains, furent pris pour cible par ces alliés.

Le traumatisme des adolescents

Aujourd'hui, le coût des visio-casques a tendance à baisser rapidement. On en trouvera bientôt au prix des jeux vidéo haut de gamme, ils seront donc à la portée des adolescents. Gageons qu'alors il se trouvera bien un producteur pour leur proposer un scénario du type « Massacre à la tronçonneuse » dans lequel le joueur muni de son casque tiendra le rôle du meurtrier. La victime n'en saignera pas moins et poussera d'horribles cris sous les assauts de la tronçonneuse, également virtuelle. Pour les enfants et les adolescents fragiles, cet envahissement du réel et de l'imaginaire par des créatures et des actions virtuelles risque d'être traumatisant. Psychologue au CNRS, spécialiste des enfants, Roger Perron estime que le danger est réel pour des adolescents qui, dans leur prime jeunesse, ayant eu des difficultés à passer le premier stade décisif d'individualisation, s'en sont sortis en enkystant leur angoisse dans ce que les spécialistes nomment un « noyau psychotique ». Que, lors d'une expérience virtuelle particulièrement éprouvante, les parois de ce « noyau » viennent à se rompre et l'adolescent sombrera dans une grave psychose. Un risque beaucoup plus grave que la simple « toxicomanie » qu'entraîne parfois chez les enfants l'usage du baladeur, des jeux vidéo ou de l'informatique.

Sous l'avalanche d'images, de sons, de textes numérisés, le problème est de garder notre libre arbitre dont Pascal prévoyait la perte en ces termes : « Nos sens n'aperçoivent rien d'extrême. Trop de bruit nous assourdit. Trop de lumière nous éblouit. Les quantités extrêmes nous sont ennemies. Nous ne sentons plus, nous souffrons ».

M. Pascal, Le Point, n° 1156, 12 novembre 1994.

Document 2 - Entretien avec P. Lévy et J.P. Balpe1.

− Quels effets sur les rapports humains peut avoir la prolifération actuelle des moyens de communication auxquels les technologies sans fil confèrent une puissance accrue ?

− Pierre Lévy. La première conséquence souvent attribuée à ce phénomène, c'est la substitution éventuelle de la rencontre physique par les télécommunications. Je pense qu'il s'agit d'un fantasme exploité par une idéologie technophobe selon laquelle nous risquons de perdre notre corps. Le vrai monde serait en train de disparaître. Or, depuis un siècle, alors que les moyens de communication ont constamment progressé, on constate que les moyens de transport n'ont cessé de se développer et d'être de plus en plus utilisés. La corrélation est très forte : plus on télécommunique, plus on se déplace physiquement. Il n'y a donc pas substitution mais, au contraire, entraînement mutuel. La véritable dynamique n'est pas dans le

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