L’enfant de milieu populaire en difficulté scolaire
Étude de cas : L’enfant de milieu populaire en difficulté scolaire. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar dissertation • 13 Avril 2013 • Étude de cas • 1 680 Mots (7 Pages) • 1 397 Vues
L’enfant de milieu populaire en difficulté
scolaire vit une première solitude
due au peu de « valeur » que sa
socialisation familiale antérieure
représente sur le « marché scolaire ».
De la même manière, ses acquis
scolaires n’ont aucune « valeur » sur
le « marché familial ». Et pourtant,
une partie des familles populaires,
même très démunies culturellement,
parviennent à faire tomber cette
deuxième solitude en donnant sens et
valeur à ce qui se vit à l’école.
C’est cette deuxième solitude que
l’on pourrait contribuer à éliminer
par un travail spécifique auprès de
l’enfant, si l’on reconnaissait le
caractère nécessairement complexe,
multi-modal et global d’une politique
de lutte contre l’échec scolaire.
Pour rendre compte de l’« échec scolaire », qui est essentiellement
le fait des enfants de milieux populaires, les sociologues de l’éducation
ont souvent évoqué la « distance culturelle », l’« écart culturel »
ou la « différence culturelle ». Les enfants « en échec » sont issus de
milieux faiblement dotés culturellement (au sens légitime du terme culture) et leur culture familiale ne les aide pas à déchiffrer les
demandes et à répondre aux exigences de l’institution scolaire. Pour
user d’une métaphore économique, on peut dire que les « produits »
engendrés dans le cadre du « marché familial » (ce que l’enfant a culturellement
acquis durant sa socialisation familiale) n’ont aucune
valeur une fois placés sur le « marché scolaire ». L’enfant entre sur le
« marché scolaire » avec des « produits » totalement dépourvus de
« valeur ».
Ainsi, les travaux de sociologie de l’éducation menés depuis les
années 1960-70, fondés sur des données statistiques, ont remis en
question les discours sur les dons naturels et ont fermement établi le
fait que l’école reproduit statistiquement, dans son ordre propre, des
différences sociales et culturelles préexistantes : plus les parents sont
dotés de capital scolaire, plus les enfants ont une chance (statistique)
de rester durablement (et avec bonheur) dans le système scolaire. Ces
modèles interprétatifs, scientifiquement peu discutables en leur cœur
même (ils sont « validés » par de multiples données statistiques dont
on peut désormais disposer plus régulièrement), ne donnent cependant
guère de prise à l’action éducative, à la politique sociale ou scolaire…
Que peut-on, à partir de ces données, imaginer pouvoir faire sinon
espérer réformer l’ensemble des rapports sociaux inégalitaires ? À tort
ou à raison, cet idéal d’une société « sans classes » laisse profondément
dépourvus les acteurs de l’action pédagogique. Par ailleurs,
l’analyse des inégalités sociales devant l’école oublie – parce qu’elle
est statistiquement fondée – les cas de « réussites scolaires » en
milieux populaires. Comment se fait-il que certains élèves issus de
milieux très dépourvus culturellement (leurs parents sont parfois analphabètes)
« réussissent » scolairement ? Et si ces cas statistiquement
atypiques pouvaient nous indiquer quelques clefs de compréhension et
quelques pistes d’action en matière de « réussite scolaire » des enfants
de milieux populaires ?
C’est dans ce but que j’ai entrepris il y a quelques années un travail
sociologique ayant pour objectif de saisir ce qui, dans les univers familiaux
populaires, pouvait rendre raison de l’« échec » mais aussi de la
« réussite » des enfants à l’école élémentaire. Le choix a été alors de
mener des études de cas concernant les relations de consonance ou de
dissonance entre des configurations familiales singulières et l’univers
scolaire (1).À cette échelle plus microscopique d’analyse de la réalité sociale, on
peut constater que des familles faiblement dotées en capital scolaire ou
n’en possédant pas du tout (cas de parents analphabètes) peuvent
cependant très bien, par le dialogue ou par la réorganisation des rôles
domestiques, faire une place symbolique (dans les échanges familiaux)
ou une place effective à l’« écolier » ou à l’« enfant lettré » au sein de la
configuration familiale. Ainsi, dans certaines familles, on peut trouver
tout d’abord une écoute attentive ou un questionnement intéressé chez
des parents qui montrent par
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