Analyse de pratique : maltraitance et positionnement professionnel étudiant

Maltraitance et positionnement professionnel étudiant

Personnes présentes : La patiente, une aide-soignante et moi- même.

Lieu et horaire de la situation : Dans la chambre de la patiente vers 19h.

Intention de départ :Je me rendais dans la chambre de la patiente afin de lui administrer ses médicaments pour la nuit.

Présentation brève de l’établissement :

C’est un établissement de Soins de Suite et de Réadaptation qui est en mesure d’accueillir 75 patients. Les patients peuvent présenter diverses pathologies et ce secteur de soin a pour objet de prévenir ou réduire les conséquences fonctionnelles, physiques, cognitives, psychologiques ou sociales des déficiences et des limitations de capacité des patients et de promouvoir leur réadaptation et leur réinsertion. Il assure des soins médicaux, curatifs et palliatifs, de la rééducation et réadaptation, des actions de prévention et d’éducation thérapeutique, une préparation et un accompagnement à la réinsertion familiale, sociale ou professionnelle.

Description de la patiente :

Cette patiente, âgé de 79 ans, est atteinte d’une leucémie lymphoïde chronique et de troubles bipolaires. Elle est très algique notamment lorsqu’il s’agit de se déplacer et d’effectuer des mouvements. De plus, en raison de son traitement pour ses troubles bipolaires, elle est désorientée et présente des troubles de l’attention.

Déroulement de la situation :

Il est 19h, l’heure de faire le tour des chambres afin d’administrer les médicaments de la nuit aux patients concernés. Je me rends donc dans la chambre de cette patiente qui nécessite une surveillance quant à la prise de ses traitements. Je suis d’abord surprise de voir ma collègue aide-soignante dans la chambre car la présence n’était pas allumée. Elle est entrain de changer le tee-shirt de la patiente car celle-ci, étant trop algique pour descendre en salle à manger, a reçu son plateau repas en chambre et s’est tâché avec son yahourt. Avant de lui administrer ses traitements, je me propose d’aider ma collègue car ayant effectué la toilette de cette patiente quelques jours plus tôt, je sais qu’elle a du mal à se mobiliser en raison de sa pathologie. Je constate que l’aide soignante parle sèchement et autoritairement à la patiente. Cette dernière essaye d’aider ma collègue pour qu’elle puisse enlever son tee-shirt mais pas assez rapidement pour elle. Je remarque le visage crispée de la patiente qui semble souffrir à chaque mouvement. L’aide-soignante finit par s’énerver et lui hurle dessus : « Dépêchez vous je n’ai pas que ça à faire, allez levez votre bras, relevez vous dans le lit, allez plus vite ». Je vois les efforts que la patiente fait pour exécuter les ordres de ma collègue mais elle n’est toujours pas assez rapide. L’aide soignante finit par lui ôter le tee-shirt en employant la force et en ignorant les gémissements de la patiente, et la remonte dans le lit de la même manière. J’ai observé toute cette scène sans pouvoir bouger, juste en remarquant le regard de désespoir et de douleur que me lançait la patiente. Ma collègue finit par sortir de la chambre en soufflant sans daigner saluer la patiente ni lui accorder un regard. Je redresse ensuite le dossier de celle-ci afin de lui administrer ses médicaments, je lui demande si elle ne ressent pas trop de douleur. Elle hausse simplement les épaules, enfin ce qu’elle peut car même ce geste la fait souffrir. Je lui pose ma main sur la sienne, lui souhaite de passer une bonne nuit, elle me remercie d’une voix faible et je sors de cette chambre complètement retourné et énervée à la fois que l’on puisse faire subir cela à un être humain. Je vais directement voir ma tutrice en lui expliquant ce à quoi je venais d’assister et elle me répond seulement que oui, avec cette collègue, les cas de maltraitance sont connus.

Argumentation sur le choix de cette situation :

J’ai choisi cette situation celle-ci car je me suis sentie révoltée et bouleversée de voir cette patiente traitée de la sorte. Le manque d’empathie et la violence de cette soignante m’a profondément choquée. Suite à cela, j’ai cherché à comprendre comment cette dernière pouvait réagir ainsi car c’est contraire aux valeurs pour lesquelles on veut exercer ce métier.  Je me suis ensuite posé la question de quoi faire suite à ce que j’ai pu observer par rapport à mon positionnement professionnel et d’étudiante.

Connaissances :

• Les valeurs infirmières :

• L'autonomie
• La dignité
• L'intégrité
• La liberté
• Le consentement
• Le secret
• L'empathie
• Le bien-être
• La sécurité
• La justice
• L'équité
• La tolérance
• Le respect
• La patience
• L'écoute
• La communication

La loi autorise le cadre à informer les autorités s’il constate des actes de maltraitance de la part du personnel soignant, sans risquer de sanction pour violation du secret professionnel. Selon le Code pénal, cette autorisation de dénonciation est une obligation, sauf pour les personnes tenues au secret, parmi lesquelles les professionnels de santé (article 434-3 CP), pour qui il ne s’agit que d’une faculté.

Mais cette liberté n’est que relative. En effet, l’article 223-6 dispose que « quiconque pouvant empêcher par son action immédiate, sans risque pour lui ou pour les tiers, soit un crime, soit un délit contre l’intégrité corporelle de la personne s’abstient de le faire est puni de 5 ans d’emprisonnement et de 75 000 € d’amende. Sera puni des mêmes peines quiconque s’abstient volontairement de porter à une personne en péril l’assistance que, sans risque pour lui ou pour les tiers, il pouvait lui prêter soit par son action personnelle, soit en provoquant un secours.»

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