Visite en milieu hospitalier

La deuxième situation qui m’a interpellée s’est produite à l’issue de notre deuxième année et dans le cadre de l’UE 4.3 Soins d’Urgences. Il nous a été proposé pour ceux qui le souhaitaient de visiter un service de Réanimation. Cette unité fait partie d’un centre hospitalier public. C’était pour moi une opportunité de découvrir un univers dont je n’avais pas connaissance. J’en avais déjà entendu parler en revanche je n’avais jamais été confrontée à un patient plongé dans le coma.

Lors de cette visite je suis encadrée par une infirmière. Elle entre dans la chambre d’un jeune adulte âgé de 18 ans que je nommerai Monsieur X. Celui-ci a été admis suite à un malaise en cours de sport. Il est plongé dans le coma depuis quatre mois. L’infirmière du service prend les mains du patient et souriante elle lui dit : « Bonjour, Je suis ton infirmière. Comment vas-tu en ce début d’après-midi ? Je ne suis pas seule, des étudiants en soins infirmiers sont actuellement dans ta chambre, ils sont là pour découvrir le service de réanimation. Je vais évaluer ton état de conscience (en lui prenant les mains) si tu m’entends serres moi les mains ». Or, Monsieur X ne manifeste aucune réaction.

Je fus interpellée par le silence dans cette chambre. Le patient entendait-il ? comprenait-il ? Que percevait-il de son état ? Comment entrer en communication avec un patient dans le coma ? Comment les soignants le considéraient-ils ? Quel comportement avaient-ils à son égard ? Comment l’infirmière faisait-elle pour entretenir une communication qu’elle soit verbale ou non verbale en regard d’un patient en apparence absent ? (Comment le soignant met en oeuvre pour que le patient ne se sente pas comme un corps objet mais comme une personne à part entière ?)

Monsieur X est intubé et ventilé. Il subit donc des aspirations endotrachéales qui est un soin important en réanimation. Ce soin consiste à l’installation d’un tuyau sur la canule en l’aspiration des sécrétions présentes dans le système respiratoire du patient. Lors de ce soin chez Monsieur X, j’ai eu l’impression que le patient semblait gêné. En effet, ce soin occasionnait chez lui une toux et des spasmes des membres inférieurs. Avait-il mal ? Pouvait-il ressentir une douleur ? Comment repérer si ce patient est en souffrance ?

La visite du service continua et j’observais dans chacune de ces chambres des patients inconscients. Face à cette scène, je me suis sentie démunie et affectée à travers ce manque de communication, ce qui a occasionné chez moi une gêne. Les émotions que m’ont procurées ces rencontres m’ont donné l’impression de n’avoir pas su mettre la distance thérapeutique entre le patient et moi.

Cette situation captive, de même qu’elle effraie puisque le patient ne peut pas évoquer son ressenti. En tant que future professionnelle, je me questionne sur comment peut-on prendre soin de ce type de patient, afin d’éviter de passer à côté d’une démarche inattendue de communication ou d’omettre que derrière ce corps se cache un être humain.

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