Étude de la chanson Fliege mit mir in die Heimat de Franz Winkler
Commentaire de texte : Étude de la chanson Fliege mit mir in die Heimat de Franz Winkler. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Tatatatatata • 22 Janvier 2015 • Commentaire de texte • 1 455 Mots (6 Pages) • 1 249 Vues
Fliege mit mir in die Heimat (Envole-toi avec moi vers notre pays) est une chanson composée et enregistrée à la radio une première fois en 1944 par l'Autrichien Franz Winkler (1906-1962), alors musicien aux armées, et sa sœur Albertine1. En 1948 il enregistra à nouveau la chanson, cette fois avec son épouse Ingeborg, pour Decca (7/48 Decca 16006). Cette chanson sentimentale, exprimant au plus haut point le mal du pays, eut un grand succès, en particulier parmi les millions d'Allemands expulsés des territoires perdus de l'Est et du centre de l'Europe. Le texte de la chanson allemande se compose de deux strophes et d'un refrain. Les couplets rapportent l'histoire, peu vraisemblable, d'un aviateur allemand survolant Rio alors qu'une petite fille crie sur la plage son mal du pays ; il l'emmène au pays, le seul bruit des moteurs, c'est déjà le pays. Telle qu'elle s'est imposée dans les mémoires, la chanson perd le couplet des moteurs, ne restent plus que Rio, l'aviateur et la petite fille ainsi que le refrain : « envole-toi avec moi vers notre pays, monte dans l'avion, envole-toi avec moi dans le ciel... » La mélodie des couplets sera celle du refrain des adaptations anglo-saxonne et française et celle du refrain deviendra celle des couplets.
Reprises
Jacques Hélian et les Hélianes : premier succès en France
Le succès de la chanson n'est pas immédiat en France. Il aura fallu attendre que Jacques Hélian fasse des recherches documentaires dans le but de trouver une idée de chanson destinée à un groupe vocal féminin, Les Hélianes, qu'il crée en 1949 dans le cadre de son « Grand orchestre ». C'est effectivement à cette occasion qu'il tombe sur une mélodie allemande dont les ventes n'avaient pas marqué l'année 1948 en France. Pourtant, l'air le séduit à la première écoute, si bien que le soir même il appelle son parolier Jacques Plante et lui fait part de sa découverte. L'été se passe, et le parolier reprend contact avec le chanteur pour lui présenter son texte adapté de la version anglo-saxonne, qu'il vient de titrer : Étoile des neiges. Mais les paroles ne conviennent pas à Jacques.
S'entame alors une discussion quant au thème dont devra traiter les nouvelles paroles, dans le but de faire de la chanson un succès populaire :
« Que voulais-tu que je raconte ?
- Je ne sais pas... je dis n'importe quoi... la montagne, la Savoie ; en Savoie, y a des ramoneurs. Un ramoneur est fauché. Comme il veut se marier, il s'en va gagner des sous, ça existe, non ? Et quand il a la bourse pleine, il radine au pays. Et c'est la noce... Ding, dong, les cloches !
- Mais c’est con ton histoire
- C’est peut-être con, mais c’est ça qu’il faut ! ».
René Beaux assure l'arrangement orchestral et quelques voix masculines viennent en renfort pour ainsi former un chœur mixte. Cette fois ci, Jacques Plante accompagné donc par les Hélianes connaît le succès en empochant un disque d'or (qui lui est remis le 3 décembre 1949) ainsi que le grand prix du disque en 19512.
À cette époque, les chansons à succès, ou « scies », constituent une œuvre en partage et de nombreux interprètes enregistrent ce tube en 1950 : Line Renaud, Patrice et Mario, ou encore André Claveau3. Dans la France du début des Trente Glorieuses, en proie à une crise de croissance, notamment dans le domaine de l'immobilier, l'histoire du petit Savoyard et de sa fiancée annonçait des lendemains meilleurs, la constitution d'une famille nucléaire autonome, un logement décent (le futur F3 des HLM) et un avenir dans la grande ville. Line Renaud incarnait les idéaux de la génération des Baby Boomers alors qu'une Edith Piaf perpétuait la fille perdue de l'univers chansonnier de l'entre-deux-guerres. La chanson exprimait un kitsch moderne — mais lié à un passé mythifié, qui faisait allusion au personnage du petit Savoyard et au conte d'Andersen La Bergère et le Ramoneur. La Savoie, dont l'industrie et le tourisme se développaient, s'est identifiée à ce kitsch français qui a fait oublier le kitsch originel, où s'exprimait une Allemagne désireuse de se replier sur elle-même, renonçant une bonne fois pour toutes aux vastes espaces d'Europe de l'Est, d'Asie et d'Afrique. C'est cette même Allemagne qui s'identifie tout au long des années 1950 à l'idylle
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