L'âge de la science
Dissertation : L'âge de la science. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar • 1 Avril 2013 • Dissertation • 1 354 Mots (6 Pages) • 865 Vues
L’Âge de la Science
Depuis environ 400 ans, la science a transformé radicalement la vie des humains ainsi
que la société. La santé, les moyens de transport et les communications sont maintenant
inconcevables sans la science et la technologie. Et même si on les accuse d’être cause de
sérieux problèmes environnementaux, c’est encore avec la science et la technologie que nous
cherchons des remèdes à ces maux ! Tout le monde sait que les tuyaux d’échappement des
automobiles polluent l’atmosphère, et tout le monde sait aussi que les ingénieurs tentent de
mettre aux points de véhicules mus par d’autres énergies plus respectueuses de
l’environnement.
On peut donc très certainement dire que la science et la technologie jouissent
aujourd’hui d’une très haute estime. Une publicité de détergent annonce que son produit a été
testé en laboratoire et que les résultats sont parfaitement concluants : le produit en question
lavant plus blanc, ou est plus puissant que ses marques compétitrices, ou vous assure à 100%
d’une érection prolongée, etc. Les auteurs de ces messages laissent entendre que, puisque
c’est scientifiquement prouvé, c’est que le produit est assurément bon : vous êtes insensé de
ne pas l’acheter!
Une sorte d’aura sacrée entoure la science. Nous serions, dit-on, dans l’Âge d’Or de la
Science. La Science, avec un grand S, aurait pour ainsi dire remplacé la religion et la morale.
Les croyances sont en effet «subjectives», «personnelles». La Science, elle, est «pure»,
«objective» car elle est fondée sur des faits, sur des preuves «concrètes». Personne ne peut
remettre en question les «faits concrets». Comme on dit, les faits sont les faits, et devant eux
nous n’avons qu’à nous y plier. Les faits, donc, c’est la Vérité. Puisque la Science se base sur
les faits, la Science est donc le dépositaire de la Vérité.
Voilà ce que la plupart d’entre nous comprenons lorsqu’il est question de science.
Allez, ouste! Vous, opinions et croyances personnelles, vous n’avez pas de place ici !
Cette vision de la science, sans être fausse, est cependant trompeuse. Car la science ne
se réduit pas à des faits et à des preuves; elle n’a pas non plus le monopole de la Vérité. Cette
vision étriquée de la science a une date et un lieu de naissance: elle apparaît au siècle des 2
Lumières en Europe. Critiquant «l’obscurité», l’ignorance, dans laquelle l’Église catholique
maintenait ses ouailles, les philosophes des Lumières (les Diderot, Voltaire, D’Alembert,
etc.), ont tout parié sur le développement des sciences.
La philosophie a donc contribué à la mise en place de la méthode scientifique avant le
siècle des Lumières, de sorte qu’il faut reconnaître, que cela nous plaise ou non, qu’il y a une
part importante de philosophie dans la science. Pour qu’il y ait de la science, il faut en effet
au départ s’entendre sur une certaine conception de la connaissance humaine. La science
présente en effet des tas de connaissances sur le monde (sur le soleil, les galaxies, les
insectes, les maladies, l’environnement, etc.). La science n’est pas qu’une machine dont il
suffirait de tourner l’interrupteur pour découvrir de nouvelles connaissances. Si l’on remonte
aux origines de la science moderne expérimentale, c’est-à-dire à son fondateur, Galileo
Galilei dit Galilée (1564-1642), et plus loin encore, chez les premiers philosophes grecs, on
remarque que l’élaboration de la science a nécessité des débats sans fin de nature
épistémologique1
portant sur la nature de la connaissance. Car, qu’est-ce donc au juste que
«connaître» ? - C’est connaître la vérité, car qui dit connaissance dit vérité. - Mais qu’est-ce
donc que la vérité ? Là-dessus, des débats furieux font rage en philosophie depuis les
premiers philosophes grecs (voir le Texte 3). Leurs réponses aux questions touchant la
connaissance et la vérité qui sont à base de la science ont conduit à son élaboration telle que
nous la connaissons aujourd’hui. Voyons d’un peu plus près ce dont il s’agit.
2. L’Âge de la philosophie
Les premiers philosophes de la cité grecque de Milet –Thalès, Anaximandre,
Anaximène --, au VIe siècle avant notre ère, ont été les premiers à chercher à comprendre la
Nature (phusis) sans faire appel aux croyances religieuses. Leur recherche sur la Nature, ils
l’ont appelée physiologia (c-à-d, littéralement : étude de la nature). Ces premiers
physiologues cherchaient à connaître la Nature, c’est-à-dire la CAUSE des phénomènes
célestes et terrestres, mais aussi la cause de tout de ce qui existe. Or, avant de connaître la
cause de tout, les premiers philosophes posent au départ la règle de rationalité suivante :
1
«épistémologie» : discipline de la philosophie qui s’interroge sur la nature et la portée de la connaissance. Le
mot épistémologie vient de deux racines grecques : épistémè (science) et logos (étude). 3
Règle d’INTELLIGIBILITÉ du monde
A) Le monde qui nous entoure -- cela va de soi – existe. Une réalité
indépendante existe en dehors de nous, de notre conscience.
B) De plus, cette réalité est intelligible et il est possible de la connaître telle
qu’elle est en elle-même.
Admettre A et B, c’est admettre ce que les philosophes appellent, le “réalisme
philosophique”.
Ainsi, les premiers «scientifiques en herbe» qu’étaient les philosophes grecs
admettaient une position philosophique, le réalisme philosophique, qui leur paraissait d’une
telle évidence qu’il ne leur est pas venu à l’esprit de le justifier. Car, pourquoi chercher à
justifier quelque chose d’aussi assuré qu’une réalité existe indépendamment de nous et des
nos croyances sur elle? Tout leur indiquait que la réalité existait là bien avant qu’ils soient
nés; et qu’elle était là bien avant la naissance de leurs ancêtres. Par ailleurs, pourquoi vouloir
justifier le fait que la réalité est intelligible par la raison? Cela aussi leur paraissait oiseux.
Thalès, le premier géomètre, croyait fermement que les théorèmes qu’il découvrait
correspondaient réellement aux propriétés de l’espace physique : le chemin le plus court en
deux cités n’est rien d’autre que la ligne droite qui les relie…
Aussi criante d’évidence que soit la Règle d’Intelligibilité du monde, l’admettre
engage aussi l’adoption du réalisme philosophique. Un scientifique adopte donc sans
hésitation le réalisme philosophique. La vaste majorité des scientifiques admettent que le
monde existe indépendamment d’eux, de leur conscience. Ce que cherche à faire le
scientifique, c’est de découvrir l’ordre intelligible que recèle en lui-même le monde tout au
tour. Tout comme un explorateur, le scientifique veut connaître les lois qui régissent toutes
choses existant dans l’univers.
Nous venons de démontrer que le scientifique n’a pas d’autre choix que d’admettre
une position philosophique, le réalisme. Il y a donc de la philosophie dans la science. De
plus, la science n’est pas possible pas sans un certain nombre de croyances. Imaginez un
physicien qui ne croit pas que les atomes existent ! Imaginez un biologiste pour qui les
bactéries ne sont que le simple fruit de son imagination ! Les scientifiques croient en
beaucoup de choses qu’ils n’ont jamais vues et touchées : les gènes, les forces fondamentales
comme la gravitation, les trous noirs, ou encore l’évolution des espèces par sélection
naturelle… Pour le scientifique, toutes ces choses existent bel et bien en dehors de sa
conscience. Imaginez un scientifique qui croirait que les atomes, les gènes, etc., n’existent
que dans son esprit… Il serait banni de la communauté scientifique. Tous les scientifiques ne 4
sont pas du même avis quant à l’existence de toutes ces choses. Certains disent que, puisque
la science marche, les atomes, les gènes, etc., doivent exister. Ces scientifiques, peu
nombreux par rapport aux autres (souscrivant au réalisme philosophique), sont adeptes du
scepticisme en philosophie (voir Texte 5). Pour eux, la connaissance scientifique est certes
possible, mais elle reste limitée. D’autres théories complètement différentes concernant la
structure de la matière ou l’évolution des espèces pourraient se révéler tout aussi adéquates à
nos observations. Alors, la question se pose : Qui a raison : le scientifique partisan du
réalisme ou le scientifique partisan du scepticisme ?
Cette question est cruciale pour la science. C’est une question philosophique qui porte
sur la nature et le sens de la science. Au fond, elle pose un débat de fond sur la nature de la
connaissance quelle qu’elle soit.
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