Analyse linéaire de Charles Baudelaire "Une Charogne"
Étude de cas : Analyse linéaire de Charles Baudelaire "Une Charogne". Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar nanas1002 • 7 Avril 2021 • Étude de cas • 1 122 Mots (5 Pages) • 1 707 Vues
Séquence concernée : La poésie du XIXe au XXIe siècle | Auteur/Biographie succincte : Charles Baudelaire
| Titre de l’œuvre/Date de publication/mouvement littéraire
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Texte (résumé/caractéristiques principales) :
| Problématique : Comment Baudelaire dans ce poème s’approprie-t-il les procédés alchimiques pour extraire la beauté de ce qui est habituellement considéré comme laid et ainsi proposer une vision résolument moderne de la poésie ? | Plan : 1/ l. 1-4 : Adresse à la femme aimer et rupture avec le schéma traditionnel romantique (œuvre au noir) 2/ l.5-36 : Description de la charogne (œuvre au blanc) 3/ l.37-48 : Le poète accède à l’immortalité (œuvre au rouge) |
Partie 1 : -Dès le premier vers, la femme est sollicitée -« Vous » forme de respect -Anableps retour en arrière « rappelez-vous » -Donne l’ordre ou invitation très forte -« Vous » parcours le poème du début à la fin ainsi que la femme et omniprésente -« Nous » donne un éclairage immédiat entre leur relation 🡪 mise en scène du poète -(V1) présence d’un lexique mélioratif qui désigne la femme et suggérer une exaltation lyrique des sentiments du poète « mon âme » -On peut s’attendre à un poème amoureux comme on en trouve à la tradition romantique -(S1) champ lexical de la nature « lit semé de cailloux » ; « été » ; « matin » -Connotation positive « beau matin d’été » -Qualificatif mélioratif qui encadre le nom matin « beau » et un superlatif hyperbolique « si doux » -Description pas précise mais évoque une image positive -(V3) rupture avec le motif de la charogne « une charogne » 🡪 Décevoir attente du lecteur qui pouvait espérer un poème romantique -Réduire à l’état de néant la matière première 🡪 Balade amoureuse traditionnelle mais rupture (modernité, revisité) pour construire quelque chose de nouveau (=image de la femme déconstruite associé à l’image de la charogne) Transition 1 : -Tradition poétique romantique 🡪 Femme objet idéalisation 🡪 Topos = cliché -Mais amorce une rupture avec la tradition poétique amoureuse -Observer un remplacement de l’objet poétique 🡪Beau, la femme, la nature vers le laid, la charogne | Partie 2 : -(S2) temps imparfaits description -Charogne centre d’attraction de la scène -Spectateur animé (« mouche ») ou inanimé (« cailloux ») qui regarde la charogne -Tout tourne vers elle -Description réaliste 🡪 Beaucoup de terme de décomposition « les poissons » ; « ventre plein d’exhalaison » ; « pourriture » ; « Carcasse » ; « puanteur était si forte » ; « ventre putride » ; « mouches bourdonnaient » ; « noirs bataillons » ; « larves » ; « vivants haillons » -Erotisme -Femme associé à la charogne Lien entre la mort et l’érotisme 🡪 Vocabulaire « jambe en l’aire » ; « femme lubrique » 🡪 Double sens des mots qui va utiliser : « brûlante » = chaud, fièvre ou bruler de désir ; « ventre » = douceur sexuel ou mort ; « carcasse superbe » = oxymore = effet de décalage -(V3) insistance sur les contrastes 🡪 Diérèse = relief = opposition « s’épanouir » et « s’évanouir » ; « infection » et « passion « 🡪 Renforce la comparaison entre la charogne et la femme -Femme et carcasse 🡪 mort -Description visuelle et précise qui renouvelle – modifie la traditionnelle amoureuse, la vision de la beauté, celle de la femme -Baudelaire met en place la pratique de l’alchimie poétique 🡪 Le vil en noble : extraire la beauté du mal -Comparaison à l’œuvre au blanc -« Epais liquide » ; « comme une vague » ; « comme une eau courante » 🡪 Œuvre au blanc étape de purification = allusion au liquide (liquide obtenue après l’œuvre au noir) -Beaucoup de verbe de mouvement « ouvrait » ; « bourdonnait » ; « sortait » ; « coulait » ; « vivait » ; « descendait » ; « montait » ; s’élançais » ; « rendait » ; « rayonnait » 🡪 Mime le procédé alchimique en train de s’appliquer Transition 2 : Baudelaire s’écarte donc de la tradition du poème amoureux en mettant au cœur de son poème non pas la femme aimé mais une charogne. On retrouve donc le tenpos de mementa moris qui vient ici développer un enseignement de type moral et esthétique, cet enseignement est fait à l’adresse du lecteur. Dans le mouvement suivant Baudelaire va développer sa vision de la poésie à savoir qu’elle rend immortel le poète et permet d’apporter un regard neuf sur le monde contrairement à la beauté de la femme qui peut paraître universel mais elle est en réalité éphémère et deviendra poussière. | Partie 3 : -(V37) le tiret avec le « et pourtant » (adverbe de préposition) 🡪 Marque une rupture = retour à la réalité (plus de souvenir) 🡪 Retour du « vous » -Poète annonce l’enseignement qu’il a tiré 🡪 Œuvre au rouge -Réussi à extraire la pureté -Comparaison cruelle 🡪 Femme – Charogne = objet poétique 🡪 Lien alchimique (transformation) -(V37) femme associé à une charogne -Future de certitude (destin) « vous serez » ; « mangera » -Expression hyperbolique « semblable à une ordure » -Contraste « infection » et « mon ange » -Tous les contrastes reflètent la dualité de la femme chez Baudelaire -(V47) « je » pronom apparait pour la première fois 🡪 tire son propre enseignement 🡪 passé composée opposition avec le futur 🡪 souligne l’enseignement du poète -« Floraison » œuvre au rouge commence à apparaître -(S12) « mes amours décomposés » 🡪 œuvre au noir |
Conclusion : Le poète gagne l’immortalité spirituelle par son art, tandis que la femme ici associée à la poésie traditionnelle amoureuse, est réduit à la terre, vouée à une mort certaine. Cette immortalité spirituelle est issue de l’alchimie poétique qui va tirer la substance profonde des choses, même des plus vils, pour en faire un objet poétique ; une fleur du mal. On passe de l’œuvre au noir à l’œuvre au rouge tout au long de ce poème. De manière symbolique le poète réussit la création de la pierre philosophique et trouve un forme d’immortalité par l’art. Baudelaire applique donc les procédés alchimiques aux sujets de la femme et de la poésie amoureuse en suivant scrupuleusement les étapes de la création du Grand Œuvre. Il opère par jeux de contrastes et de comparaisons pour parvenir à tirer la beauté du mal. Cette opération vient briser les codes traditionnels de la poésie romantique, très prisée au XIXème siècle. Le poète propose donc ici une vison moderne de la poésie. Il affirme de manière flagrante sa volonté de rompre avec les clichés du passé pour renouveler les thèmes de la poésie lyrique. |
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