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La démocratisation de l'école a-t-elle eu lieu ?

Dissertation : La démocratisation de l'école a-t-elle eu lieu ?. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  3 Décembre 2017  •  Dissertation  •  2 981 Mots (12 Pages)  •  2 495 Vues

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  1. La démocratisation de l’école a-t-elle eu lieu ?

Le premier moment de développement de l’institution scolaire en France est souvent méconnu, on estime que dans nos sociétés les plus lointaines il y avait une sorte d’institution scolaire, bien qu’elle fût différente de ce qu’on entend aujourd’hui sous cette appellation. On entend par démocratisation le fait de rendre accessible quelque chose à toutes les classes sociales pour le mettre à portée de tous (définition du Larousse). Je m’appuierais donc sur cette définition que je me permettrais d’élargir ensuite. C’est volontairement que je pars de la Révolution française (1789-1794) pour introduire mon propos. A cette époque, la société est totalement remise en question ainsi que l’institution scolaire. Selon Jean-Michel Chapoulie, sociologue et historien, le point important c’est « l’élaboration et la mise en place d’un premier système scolaire public qui s’adresse potentiellement à l’ensemble de la population ». Ainsi on parle aussi bien d’un système scolaire au niveau national et au niveau local pour une meilleure diffusion dans la société mais aussi une préoccupation pour l’instruction et l’éducation alors même que les élites de l’Ancien régime estimaient qu’il fallait limiter le plus possible l’instruction du peuple. Néanmoins ces préoccupations naissantes cohabitent avec une vision de l’école différenciée selon le genre et l’origine sociale. Il y a un enseignement rudimentaire du lire-écrire-compter et essentiellement moral pour les enfants du peuple et beaucoup plus culturel, basée sur les grandes œuvres, le latin, le grec pour les enfants des classes dominantes. Concernant les filles, leur enseignement est largement négligé, il y a peu d’écoles pour les filles de classes populaires et les filles des classes dominantes fréquentaient parfois les lycées pour filles mais ne pouvaient pas passer le baccalauréat et donc accéder à l’enseignement supérieur.

Il est intéressant alors de se demander si la démocratisation scolaire a eu lieu depuis la Révolution française ?

Nous verrons tout d’abord l’élargissement de l’accès à l’école dans l’Ecole Républicaine et dans l’Ecole unique puis nous verrons qu’il s’agit davantage de massification scolaire avec la perduration des inégalités.

  1. La démocratisation scolaire par l’élargissement d’accès à l’école  

  1. L’Ecole Républicaine comme élargissement de l’accès à l’école

L’Ecole Républicaine s’impose à partir des années 80 comme l’aboutissement du processus qui s’est amorcé durant la Révolution française. L’Ecole Républicain s’impose et s’installe à la fin du 19ème siècle (1881-1936). On parle souvent de l’école de Jules Ferry pour la mise en place en France d’une école gratuite, obligatoire et laïque pour parler d’école Républicaine mais on en oublie souvent les autres républicains tels que Paul Bert, Camille Sée ou René Goblet qui vont faire passer un certain nombre de loi concernant l’enseignement en France.

La mise en place de l’Ecole Républicaine est consécutive à la défaite de la France contre l’Allemagne de 1870 et à la révolution sociale de la Commune de Paris suite à cette défaite. Cette révolution a inquiété les classes dominantes qui vont donc donner à la scolarisation de masse de l’Ecole Républicaine une fonction de conversation sociale. En effet, l’Ecole doit inciter les parents à moraliser leurs pratiques éducatives et l’instruction scolaire devrait aussi attacher les classes populaires à l’ordre social pour les détourner de toute combativité sociale et donc de toute révolte. Les nombreuses politiques scolaires ont vocation à démocratiser l’Ecole et ainsi à réduire les inégalités sociales devant l’Ecole ainsi on ne s’intéresse pas à la ségrégation sociale. C’est-à-dire que l’objectif n’est pas véritablement de faire en sorte que plus d’enfants de paysans ou d’ouvriers accèdent au baccalauréat ou à l’enseignement supérieurs. L’Ecole n’a pas non plus vocation à permettre la mobilité sociale de ces enfants du peuple. L’Ecole pour les républicains a donc d’avantage pour objectif d’améliorer l’accès des enfants des classes populaires aux savoirs de base à savoir lire, écrire, compter. On ne parle donc pas d’égalité des chances ou d’ascenseur social.

Pour les républicains les plus modérés, l’Ecole avait une tâche de moralisation des enfants appartenant aux classes ouvrières et agricoles, il fallait selon eux enseigner les connaissances nécessaires pour qu’ils ne se sentent pas démunies dans leur existence au quotidien sans aller au-delà pour éviter toute révolte liée au mécontentement de leurs conditions de travail. A. Thiers écrivait « Lire, écrire, compter, voilà ce qu’il faut apprendre ; quant au reste, cela est superflu », pour ce républicain conservateur le reste relève de l’instruction qui serait destiné aux classes supérieures. Ainsi pour les républicains les plus modérés il était nécessaire d’inculquer les valeurs du travail, de la persévérance, de la patience pour éviter toute esprit revendicatif et contestataire de leurs conditions de travail. Il était aussi mis en avant le fait d’enseigner « l’amour de la patrie » à toute la population en vue de la préparation française de la revanche contre l’Allemagne suite à la prise de l’Alsace Lorraine en 1870.

On peut résumer la philosophie républicaine en citant Félix Pécaut (proche de Jules Ferry) « Si vous voulez une saine domination des classes supérieures, il ne faut pas fusiller le peuple, mais l’instruire », ce qui explique largement l’élargissement d’accès à l’école notamment au peuple tout en maintenant la ségrégation sociale classes populaires / classes dominantes.

L’Ecole Républicaine ou Ecole de Jules Ferry a certes permis l’enseignement primaire gratuit, laïque et obligatoire mais jusqu’aux années 1950 on distinguait enseignement primaire et secondaire différemment que le sens commun que nous avons aujourd’hui. En effet, on avait à faire à deux réseaux de scolarisation bien séparés. L’école primaire (gratuite, laïque et obligatoire) accueillait des enfants d’ouvriers, de paysans et des classes moyennes inférieures de 6 à 13ans (soit la grande majorité de la population). L’enseignement secondaire, appelés aussi « lycées » étaient destinés aux enfants à partir de 6-7ans mais issus des classes favorisées soient les enfants de la bourgeoisie, de la noblesse, des professions libérales et les classes moyennes supérieures. A l’inverse de l’enseignement primaire, l’enseignement secondaire était payant. On observait ainsi une « école du peuple » et une « école des notables » avec le certificat d’études à 13 ans pour finaliser l’enseignement primaire et une poursuite d’études plus longues pour l’enseignement secondaires. Ce réseau différencié d’études scolaires était particulièrement étanche puisqu’aucun passage de l’un a l’autre n’était possible, notamment du fait qu’à la fin de l’enseignement primaire, l’enseignement secondaire et notamment le latin avait déjà commencé depuis 2ans.

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