Jean-Pierre Olivier de Sardan, la violence faite aux données
Commentaire de texte : Jean-Pierre Olivier de Sardan, la violence faite aux données. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar zetkin1917 • 15 Décembre 2017 • Commentaire de texte • 1 136 Mots (5 Pages) • 1 946 Vues
Jean-Pierre Olivier de Sardan, “La violence faite aux données. De quelques figures de la surinterprétation en anthropologie”, in revue Enquête [En ligne], no 3, 1996, pp. 31-59. Numéro intitulé: “Interpréter, surinterpréter.”
Professeur d'anthropologie à l'EHESS de Marseille, Jean-Pierre Olivier de Sardan est également directeur de recherches au CNRS. Outre ses travaux sur le peuple Wogo du Niger et le développement découlant du changement social des sociétés africaines, il a aussi entrepris des travaux empiriques et méthodologiques, notamment La violence faite aux données publié en 1996 dans le magazine en ligne Enquête. Il est question de l'interprétation des données sociologiques qualitatives, et plus particulièrement de la sur-interprétation des données. Le chercheur définit ici cinq cas généraux de sur-interprétation, en précisant qu'une délimitation précise entre interprétation et sur-interprétation est toutefois impossible : la réduction à un facteur unique, l'obsession de la cohérence, l'inadéquation significative, la généralisation abusive et ce qu'il appelle le « coup du sens caché ». L'article est séparé en trois parties : une première où le chercheur traite des questions de sur-, sous-, et mésinterprétation, une deuxième traitant des cinq cas évoqués précédemment, et enfin une partie portant sur la nécessaire prise de risque interprétatif. La sur-interprétation est selon le chercheur une violence faite aux données en ce sens qu'elle ne les prend pas pour ce qu'elles sont, par mépris, incompétence ou négligence. Son article – et plus particulièrement sa deuxième partie – se rapporte davantage à la pratique de terrain anthropologique, bien qu'il soit pertinent également dans celle de la sociologie, les deux disciplines récoltant de manière similaires des données qualitatives.
Jean-Pierre Olivier de Sardan définit la sur-interprétation par l'ensemble des cas où il existe une contradiction entre une référence empirique et la proposition interprétative du chercheur suite à une collecte de données qualitative, et s'agirait d'un « sens commun du savant ». Toutefois, il étend cette définition aux cas où est faite utilisation excessive de préjugés couplée à une paresse méthodologique. Il rejette l'idée d'une opposition binaire entre sous-interprétation et sur-interprétation car elle serait trop linéaire, d'autant plus que selon sa typologie de la sous-interprétation en trois forme les deux premières peuvent être fécondes. En outre, de Sardan considère que la sur-interprétation est en réalité une troisième forme de sous-interprétation. De plus, il n'existe pas pour lui de mésinterprétation des données : soit il y a mésinterprétation car le chercheur récuse l'interprétation empirique des données, soit il y a mésinterprétation car l'interprétation est empiriquement illégitime, ce qui constituerait une forme de surinterprétation. Le chercheur résume ainsi l'espace des interprétations : « empiricité et interprétativité sont ainsi toujours mêlées, mais selon des dosages qui varient considérablement ». La surinterprétation serait donc un déséquilibre de ce duo. Les préconceptions sont ici à remettre en cause : bien que l'on essaie de les éviter, il est impossible d'y échapper en réalité. Elles sont également liées à la discipline méthodologique du chercheur : moins de discipline entraînerait une utilisation excessive de préconceptions et donc une violence faite aux données récoltées.
Viennent ensuite cinq cas de sur-interprétation : la réduction à un facteur unique, l'obsession de la cohérence, l'inadéquation significative, la généralisation abusive et ce qu'il appelle le « coup du sens caché ». La réduction à un facteur unique est le fait d'analyser une donnée en réduisant le nombre de facteurs empiriquement observables à un seul d'entre eux, prépondérant aux autres, tout en taisant les éléments renvoyant aux autres facteurs qui sont explicatifs d'une situation. L'obsession de la cohérence
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