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Acculturation

Étude de cas : Acculturation. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  7 Juin 2022  •  Étude de cas  •  952 Mots (4 Pages)  •  354 Vues

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La culture est un ensemble de connaissances, de savoir-faire, de traditions et coutumes propres à un groupe d’humain, à une civilisation, qui se transmet socialement de génération en génération et conditionne le comportement de l’individu. Il existe des cultures différentes et celles-ci sont amenées à se rencontrer et avoir des contacts culturels. Des interrelations culturelles vont se nouer entre deux cultures en contact ce qui peut également amener à une transculturation où une communauté emprunte certains éléments à la culture majoritaire pour se les approprier et les refaçonner à leur propre usage. Ces phénomènes sont recouverts par la notion d’acculturation. Ce terme est apparu dans l’anthropologie anglo-saxonne au XIX siècle mais il n’est utilisé dans les sciences sociales qu’à partir de 1950. L’acculturation comporte de multiples définitions selon le domaine d’étude. Cette notion est historiquement liée à l’anthropologie et son approche du phénomène de colonisation. L’étymologie latine de ce mot signifie aller vers une culture sans perte, suppression ou disparition de celle d’origine. En anthropologie, Herskovits, Linton et Redfield (1936) définissent l’acculturation comme un ensemble de phénomènes qui surviennent lorsque des groupes d’individu de cultures différentes entrent en contact direct et continu et que se produisent des changements à l’intérieur des modèles culturels de l’un ou l’autre des deux groupes, ou chez les deux groupes. En France, en 1974 N. Watchel, historien et anthropologue fait évoluer cette définition : l’acculturation devient un processus composé de plusieurs phases. Il étudie le phénomène de déperdition de culture ou déculturation et de transformation en mettant l’accent sur la domination d’une culture sur une autre. Il observe également les processus affectif de regret à l’égard de la culture antérieure. En sociologie, la définition se rapproche de celle de l’anthropologie. L’acculturation peut être spontanée, forcée, organisée, imposée, planifiée ou contrôlée. Bastide, dans les années 70 mène une étude en Afrique en distinguant le lieu, l’action du groupe donneur et le phénomène survenant chez le groupe receveur. Il observe un phénomène de mélanges d’influences donnant lieu à de nouvelles formes culturelles : le syncrétisme. En psychologie, on s’intéresse davantage à la dimension individuelle de l’acculturation avec des stratégies d’adaptation et de nouveaux comportements. Le modèle de Berry dans les années 80 prend en compte le niveau attitudinal, comportemental et psychique. 4 comportements d’acculturation en ressortent : l’intégration, l’assimilation, la séparation et la marginalisation. Cela dépend de l’état de stress, de pression face à cette acculturation, favorisé par le contexte d’acculturation et celui de l’individu. En 1989, C. Camilleri aborde les stratégies identitaires : l’identité permet à l’individu de se reconnaître d’un moment à l’autre par rapport à lui-même et aux autres. Lorsqu’un individu voit ses normes et valeurs remises en causes par la société d’accueil, son équilibre est mis à mal.

Lors de mon stage de première année, j’ai rencontré un jeune homme d’origine tibétaine, que nous appellerons Xavier, qui avait migré en France en 2019. Au Tibet, la situation est critique : ce territoire a été colonisé par la Chine et ses ressources sont exploitées, notamment les jeunes qui sont surexploités. Leurs droits sont bafoués et ils n’ont pas de pouvoir de décision sur leur avenir. Ma tutrice de stage et sa cheffe de service ont reçu Xavier dans le cadre de la signature du bail d’un logement d’urgence. Durant le premier entretien, il était accompagné d’une femme française qui l’hébergeait depuis six mois, lui et son cousin. Les deux jeunes hommes sont arrivés en France en même temps mais j’ai remarqué que Xavier comprenait et parlait presque couramment le français que son cousin, Nicolas. Cela a surpris ma tutrice qui n’arrêtait pas de dire que « pour un asiatique il s’est très bien accoutumé à notre pays et notre culture ». La femme qui l’accompagnait ne tarissait pas d’éloges sur lui en expliquant qu’il s’exprimait bien en français, qu’il progressait et cuisinait beaucoup de plats tibétains mais aussi français. Xavier s’est aussi inscrit dans un Centre de Formation d’Apprentis (C.F.A), pour se former au métier de coiffeur. Il ne lui manquait plus qu’un logement autonome afin qu’il puisse s’épanouir pleinement en France. Or, le délai pour avoir un logement social est très long. Alors, le maire a donné son accord pour que Xavier puisse vivre dans un hébergement temporaire le temps qu’un logement social lui soit attribué à lui et son cousin. Quant à Nicolas, il semblait rencontrer davantage de difficultés pour s’intégrer : il n’a pas de projet professionnel, ni scolaire et ne comprend que le français rudimentaire. Lors de notre entretien où ils étaient présents, Xavier nous a dit que Nicolas avait le mal du pays. Aussi, il restait beaucoup seul ou avec d’autres tibétains, pour se sentir chez lui et cohabitait avec un autre de ses cousins d’origine tibétaine. La connaissance du concept de culture et surtout d’acculturation m’a permis de comprendre que Xavier et Nicolas se sont acculturés de manière différente. En effet, Xavier a su s’intégrer à la société d’accueil tout en conservant sa culture d’origine. Par ailleurs Nicolas, d’après ce que j’ai pu observer et entendre, a l’air de plutôt être dans la séparation : il a conservé son identité et sa culture d’origine et évite volontairement les interactions avec sa société d’accueil. Pour autant, il me semble qu’il existe des nuances dans ce terme puisqu’il tentait tout de même d’avoir des interactions avec nous. La barrière de la langue, la difficulté à se faire comprendre, la méconnaissance de la société d’accueil imposent-elles cette séparation ? De même, cette intégration qu’a vécue Xavier, a pu être favorisée par de bonnes rencontres, notamment la femme qui l’a hébergée. Les différences de contexte d’acculturation et de l’individu entre Nicolas et Xavier expliquent donc l’intégration vécue par l’un et la séparation vécue par l’autre.

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