Tiers Monde Et Stratégies De développement

Tiers Monde et stratégies de développement.

La domination coloniale, tant contestée par les deux Grands (Etats-Unis et URSS) que par les peuples colonisés eux-mêmes, s'écroule en à peine une trentaine d'années après plusieurs décennies de règne. Ce démantèlement est progressif, l'un en entraînant l'autre: les peuples se soulèvent les uns après les autres, plus ou moins pacifiquement, selon l'acceptation des revendications par les Empires. En effet, les colonies ont souvent servi durant la Seconde Guerre Mondiale de réserve à la fois économique et humaine; offrant ressources et soldats à l'effort de guerre. Les négociations des peuples concernés espèrent donc une certaine reconnaissance pour l'aide versée sous le joug colonial. C'est ainsi que L'Asie accède à l'indépendance de 1945 à 1955, précédent l'Afrique de 1955 à 1975 et succédant à l'Amérique Latine dont l'indépendance était déjà entamée depuis le XIXe Siècle. Cependant, l'intransigeance des métropoles conduit parfois à des conflits et autres guerres d'indépendance, rompant tout espoir de conservation de liens particuliers entre ancien empire et ancienne colonie. Les peuples décolonisés forment alors le "Tiers Monde" (expression utilisée par Alfred Saury en référence au Tiers Etat français de la révolution), un ensemble de pays à forte croissance démographique et en recherche de développement rapide, dans une volonté de se démarquer des deux blocs alors en vigueur. Ce "troisième monde" reste pourtant constitué de pays pauvres et sans grande puissance, constituant les deux tiers de la population mondiale au lendemain de la décolonisation, et va ainsi s'engager dans différentes stratégies de développement dans le but de se détacher dans un premier temps des fers de son passé, puis d'égaler les puissances qui l'ont précédemment étouffé. Plusieurs stratégies de développement se sont suivies, leur accomplissement va se dérouler des années 1950 au début des années 1980 grâce au volontarisme politique de mettre en place une industrialisation tardive, les différents Etats jouant un rôle central dans ces tentatives de développement.

Mais ces différentes stratégies ont-elles été synonymes de réussite pour le Tiers Monde?

Nous nous proposerons d'étudier dans un premier temps l'émergence du Tiers-Monde sur la scène internationale nécessitant son développement afin de s'affirmer, puis nous analyserons les différentes stratégies mises en œuvre pour atteindre ses objectifs de grande puissance à part entière.

Malgré une croissance démographique phénoménale, le Tiers Monde n'a qu'une faible importance à côté des puissances économiques qui le voient comme une source d'enrichissement plutôt que comme un nouvel adversaire émergent. Pourtant, il va tenter d'avoir son importance car "Ce tiers-monde ignoré, exploité, méprisé comme le tiers état, veut, lui aussi, être quelque chose" (A. Sauvy).

Le Tiers Monde va tenter de compter dans l'économie mondiale, et de s'affirmer sur la scène internationale, malgré les difficultés liées à la création de nouveaux Etats (qui sont néanmoins propices au développement).

Malgré sa population gigantesque, le Tiers Monde ne compte que pour le quart de la production alimentaire mondiale. Son grand défi est d'arriver à nourrir toute sa population. Le développement ne se faisant que difficilement, survint le néo-colonialisme: il s'agit d'une relation de dominance économique des pays pauvres par les pays riches qui deviennent des "empires économiques". Les pays pauvres ne leur appartiennent pas administrativement mais ils en possèdent les richesses, le néo-colonialisme est ainsi légalisé puisqu'il n'est contraire à aucun droit. Les anciennes colonies restent au final dépendantes, mais elles sont cette fois libres de leur gouvernement: ce sont les pays riches qui fixent le prix des exportations de matières premières du Tiers Monde. Ces déséquilibres sont pris en main par l'ONU qui tente de les corriger en 1964 avec la création de la CNUCED (Conférence des Nations Unies sur le Commerce Et le Développement) qui fixe aux pays riches des objectifs ambitieux d'aide au développement; c'est à dire reverser 1% de leur PNB et accorder aux pays en développement des préférences commerciales afin d'ouvrir leurs marchés aux exportations. Cette aide reste toutefois bien trop maigre au regard du retard économique du Tiers Monde et se montre largement insuffisante et avantage au final autant les pays riches que les pays pauvres.

La conférence de Bandung en 1955 permet aux anciennes colonies et futurs pays indépendants de s'exprimer ouvertement aux yeux du monde, réunissant 29 pays. Le Tiers Monde y revendique la non-ingérence des puissances extérieures, tout en condamnant le colonialisme et la bipolarisation du Monde. Pour la première fois, un mouvement contraire aux deux blocs et de grande ampleur a lieu. Une réelle unicité semble se mettre alors en place entre ces pays, avec une volonté commune de sortir du sous-développement, de répandre l'indépendance et de s'affirmer pour de bon tout en souhaitant apporter l'indépendance à ceux qui ne l'ont pas encore. Cependant, le Tiers Monde reste focalisé sur une seule cause du sous-développement, celle de l'exploitation par les métropoles des anciennes colonies. La conférence de Bandung se base sur la charte de San Francisco pour le respect des droits fondamentaux et la souveraineté des peuples. La Chine se rajoute sur l'estrade de la scène internationale, bien que pays non colonisé, étant en faveur du Tiers Monde. Reste l'Amérique Latine, plus en retrait, ne faisant son apparition aux côtés du Tiers Monde que vers les années 1960. En revanche, les appartenances divergent: certains pays se rallient à l'un ou l'autre des deux blocs, tandis que le groupe des non-alignés, dirigé par Nehru(Inde) et Nasser(Egypte) prônent une politique totalement autonome envers les deux Grands.

La décolonisation ne s'ensuit pas forcément de paix et de prospérité pour tous les Etats, et conduit parfois à des guerres civiles pour le partage des territoires et la création de nouvelles frontières qui étaient souvent établies par les colons sans porter attention à la répartition de la population; différentes peuplades s'affrontent pour récupérer ce qu'ils considèrent comme la terre qui leur est due. De plus, la "domination" coloniale laisse parfois place à des régimes dictatoriaux bien

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