Stages, evaluations et professionnalisations dans les formations a l'intervention sociale
Documents Gratuits : Stages, evaluations et professionnalisations dans les formations a l'intervention sociale. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar ruby75 • 7 Août 2014 • 5 574 Mots (23 Pages) • 965 Vues
STAGES, EVALUATIONS ET PROFESSIONNALISATIONS
DANS LES FORMATIONS A L'INTERVENTION SOCIALE
Yvette MOLINA*, Marc FOURDRIGNIER**
* EHESS-Centre Maurice Halbwachs
Doctorante. Equipe Professions/réseaux/organisations.ENS
48 bd Jourdan-75014 Paris
Responsable formation à l’Institut de formation sociale des Yvelines,
27 bd Saint Antoine 78000 Versailles yvette.molina@ehess.fr
** Université de Reims Champagne Ardenne
Faculté de Sciences Economiques, Sociales et de Gestion
Laboratoire d’Etudes et de Recherche sur les Professionnalisations – LERP
57 rue Pierre Taittinger 51100 Reims. marc.fourdrignier@univ-reims.fr
Mots-clés : Alternance, évaluation, professionnalisation, intervention sociale
Résumé.
Les formations à l'intervention sociale, pour la plupart de l'enseignement supérieur, sont organisées dans deux filières parallèles. L’une permet l’accès aux diplômes d'Etat du travail social dans des établissements de formation, souvent privés. L’autre propose des licences professionnelles ou des masters au sein des universités. Dans les deux cas, le recours au stage s'inscrit dans un processus d'alternance avec une visée de professionnalisation. L'objectif est de faire une comparaison des pratiques d'évaluation des stages. Après avoir explicité le cadre de ces deux filières, en prenant appui sur la formation d'assistant de service social et sur une licence professionnelle sur les métiers de l'insertion et de l'accompagnement social, une présentation et une analyse des pratiques d'évaluation dans les deux filières sont réalisées. Une comparaison permet de conclure sur la contribution de ces deux processus au regard de la professionnalisation.
Les travaux sur l'évaluation dans l'enseignement supérieur sont souvent centrés sur l'université et/ou sur les formations d'enseignants. L'objet proposé ici est en double décalage : l'enseignement supérieur est entendu à la fois comme se déroulant à l'université et dans des instituts spécialisés. Les formations réalisées ont en commun de préparer aux métiers de l'intervention sociale. Elles s'appuient également sur le stage, l'alternance et la professionnalisation. En se centrant sur le stage il s'agit de comparer ces deux dispositifs du point de vue des processus d’évaluation. Ils sont interrogés sous l’angle des constructions des formations et des pratiques d‘acteurs. Comment sont alors produits des modèles de professionnalisation par la mobilisation des conceptions différentes du stage et de l'alternance? Ces modèles sont entendus comme des processus de professionnalisation engagés dans la formation.
Trois points sont abordés. Le premier permet de présenter les deux filières de formation. Sont ensuite décrites les modalités d'évaluation des stages. Le dernier temps, par la comparaison, s'efforce de répondre à la question posée.
1 Deux filières de formation à l’intervention sociale
Les formations à l’intervention sociale regroupent les formations supérieures qui permettent d’accéder aux métiers de l’intervention sociale. Elles sont constituées de deux sous ensembles distincts qui n’ont ni la même histoire, ni les mêmes modèles de construction. Le premier, le plus ancien, correspond aux professions du travail social. Le second correspond aux formations universitaires construites pour exercer dans ce secteur d’activité. Comment peut-on les caractériser ? Quelle place y occupent les stages ?
1-1 Les formations du travail social
Rappelons d'abord quelques caractéristiques des formations au travail social avant de nous focaliser sur la formation d'assistant de service social (ASS).
1.1.1. Un modèle commun
Les formations du travail social s’échelonnent du niveau V au niveau I . Nous nous attachons ici aux formations supérieures préparant aux diplômes d’Etat de niveau III et plus spécifiquement au diplôme d’Etat d’assistant de service social. Elles reposent sur un modèle de professionnalisation qui s’est construit dans les années 60, même si les premiers diplômes datent des années 30. Il se définit notamment par le fait que « dans ce secteur d’activité les dispositifs de formation sont jalousement encadrés par la profession elle –même, tentant ainsi de s’éloigner de toute idée de cursus universitaire » (Vasconcellos). Cette formation préalable est définie par l’État, qui garantit la qualification obtenue en délivrant des titres nationaux, pour la plupart des diplômes d’État. La mise en œuvre de ces formations ne se fait pas dans le giron de l’Éducation nationale ; mais dans celui du ministère des Affaires sociales. Elle se construit sur le modèle de la formation professionnelle, affirmant le rôle central de l’alternance dans la construction de la qualification. Elle se constitue sous la forme d’une équation selon laquelle : le diplôme d’État fait accéder à une profession, qui elle-même fait accéder à un métier. Profession et métier sont alors employés comme synonymes. Cela va générer une identité professionnelle, voire un corps professionnel.
L'ensemble des diplômes du travail social a été affecté par plusieurs réformes depuis le début des années 2000 :
- La loi de modernisation de janvier 2002 prévoit que toutes les qualifications sont accessibles selon trois modes : formation directe, formation en cours d’emploi, la validation des acquis (scolaires, professionnels ou d’expérience); elle induit l’élaboration de référentiels de compétences qui garantissent la qualité des qualifications.
- la loi de décentralisation du 13 août 2004 a transféré, en partie, aux régions la compétence pour définir et mettre en œuvre la politique de formation des travailleurs sociaux. L’Etat demeure compétent pour la définition des orientations des formations sociales, la création, l’organisation et la délivrance des diplômes de travail social.
- tous les diplômes ont été réformés entre 2004 et
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