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Quelle est la différence entre la globalisation et la mondialisation ?

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Par   •  16 Janvier 2013  •  Dissertation  •  3 942 Mots (16 Pages)  •  2 534 Vues

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1Une petite nouvelle dans le domaine de la culture, annoncée au cours d’une émission du matin d’une des chaînes de télévision bulgares à la fin du mois de mars 2004, a attiré mon attention. Il s’agissait de la parution du premier numéro, traduit en bulgare, du fameux magazine américain Cosmopolitan. En lui faisant de la publicité dans un style pompeux, on disait que le public bulgare savourerait enfin le plaisir d’avoir accès à ce magazine, largement répandu, connu et apprécié partout dans le monde, indispensable et unique par sa nature parce qu’il serait capable de s’adapter avec aisance à chaque type de public et de jouer avec brio les rôles, à la fois de connaisseur, de conseiller et de guide pour nous conduire dans le vaste océan tourbillonnant de la vie. Maintenant disponible aussi en Bulgarie, il permettrait au public bulgare de s’intégrer à la communauté globale de ses admirateurs, en partageant le délice de surfer sur ses pages

Cette publicité dont le langage métaphorique a pour but, d’un côté de personnifier et même de fétichiser un produit global afin de démontrer « sa sensibilité pénétrante » aux demandes des consommateurs, et d’un autre côté, de le présenter comme quelque chose de commun, suscite des interrogations. La question principale est celle du rapport entre le local et le global, plus précisément : comment un produit global, dont la globalité est suggérée déjà par son titre, Cosmopolitan, ou le cosmopolis, qui n’appartient à nulle part car il se sent chez lui partout dans le monde, sera accommodé à un contexte local ? En d’autres termes, comment traduire son contenu pour préserver, d’une part sa conception originale, c’est-à-dire d’être accessible et compréhensible par chacun, et d’autre part, d’être adapté à un contexte local qui n’est pas le sien ?

Deux mots pour un même phénomène

3Pourquoi utilise-t-on en français deux termes, celui de « globalisation » et celui de « mondialisation », pour désigner le même phénomène ?

4Les différences sémantiques entre les deux vocables, celui de « globalis/z/ation » et celui de « mondialisation », sont au cœur d’un grand débat théorique dans le domaine des sciences humaines et sociales en France où l’on postule que les deux mots ne sont pas synonymes, comme cela est souvent considéré à tort, et qu’il faut opérer obligatoirement une distinction dans leur usage.

5Il convient tout d’abord de rappeler qu’il n’existe pas de différence de sens entre ces deux mots lorsqu’ils apparaissent en 1960, ainsi que l’enregistre le Dictionnaire Le Robert. On y trouve que « mondialisation » ou « globalisation » désignent seulement « le fait de devenir mondial, de se répandre dans le monde entier », ce qui paraît une définition très neutre dans la mesure où elle ne possède que des implications spatiales en renvoyant à l’idée d’extension et d’expansion géographiques des phénomènes à une échelle de plus en plus élargie et grande. En revanche, le vocable anglais de « globalisation », a reçu une définition plus concrète dans les années 1980, où la « globalisation » désigne, dans le domaine de l’économie, d’un côté, la convergence des marchés dans le monde entier, et de l’autre côté, l’augmentation et l’accélération des flux de capitaux qui débordent les frontières nationales et échappent au contrôle de l’État. C’est dans ce sens économique et financier de dérégulation, de libéralisation, de déterritorialisation des marchés et des capitaux, incarné dans l’idéologie néolibérale, que le vocable de « globalisation » a été introduit dans le contexte français.

6La « globalisation » est conçue comme un processus économique et idéologique, sélectif et exclusif par sa nature, parce qu’il impose sa logique d’hégémonie sur le marché et ne favorise, par la suite, que des États riches et développés. Elle se pense aussi comme un processus qui néglige les conséquences sociales dont l’aggravation est flagrante de jour en jour. C’est en raison de ces idées sous-jacentes, qu’à partir des années 1990, les théoriciens français se sont ingéniés à faire contrepoids au terme anglo-saxon de « globalisation » en insistant sur le sens plus neutre du terme de « mondialisation », du fait qu’il ne privilégiait pas la dimension économique de ce processus, mais traitait, également, de ses aspects politiques, culturels et sociaux.

7Il faut, cependant, noter que ce débat sémantique n’existe que dans le contexte français, et que dans toutes les autres langues, on n’utilise qu’un seul mot pour traduire le vocable anglo-saxon de « globalisation ».

• 3 Cette idée est avancée par Pierre Bourdieu dans son article « Le mythe de la « mondialisation » et(...)

8Ce terme est plus restrictif en termes de significations que le terme français de « mondialisation » parce qu’il s´applique uniquement à la sphère économique et financière, en mettant l´accent sur la circulation des flux de capitaux et de biens. Sur la base des principes d’ouverture et de démocratisation des marchés et des capitaux qui stimuleraient le fonctionnement plus souple et plus efficace de l’économie, « la globalisation » tend à présenter un processus inévitable, irréversible et nécessairement bénéfique. Cependant, aux yeux d’analystes français, cette image de la globalisation véhicule la vision d’un monde utopique « heureux » et « florissant ». Au lieu du paradis des opportunités égales ouvrant la voie à la prospérité et au bonheur accessibles pour chacun, on s’aperçoit que le monde est, par contraste, injuste, dirigé par une minorité, l’élite globale, composée des pays les plus riches et les plus puissants dans le monde, eux-mêmes subordonnés à la suprématie économique, géopolitique et militaire des États-Unis, qui recueillent les fruits de la globalisation, pendant que la majorité de la planète se trouve exclue du « partage du gâteau ». Afin d’appréhender la réalité, qui est loin d’être un succès triomphal et omniprésent, il faut démythifier la globalisation3, à savoir, décoder son message néolibéral, édicté comme un message universaliste de libération. Ce mythe, élaboré par la pensée néolibérale a pour objectif d’occulter le processus d’américanisation, qui s’impose partout aujourd’hui à travers les marchés et les multinationales. De même, la hiérarchisation entre les acteurs sur la scène globale est justifiée par l’a priori d’une primauté économique, politique et culturelle destinée aux États-Unis.

9Pour échapper aux aspects négatifs du terme de « globalisation

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