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Principaux indicateurs de la croissance économique

Étude de cas : Principaux indicateurs de la croissance économique. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  11 Janvier 2014  •  Étude de cas  •  5 393 Mots (22 Pages)  •  1 136 Vues

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De la croissance à la décroissance?

Pour la plupart des décideurs, des chefs d'entreprise, des syndicalistes, des demandeurs d'emploi et des salariés, la croissance économique apparaît comme un objectif désirable. Pour les uns, elle est synonyme de "grain à moudre", pour les autres, d'emplois supplémentaires, pour d'autres encore, elle est promesse d'améliorations diverses, qu'il s'agisse de logements sociaux, de réduction de la dette publique, de vacances bien méritées… Pour un pays, avoir une croissance moindre que celle de ses voisins, partenaires ou concurrents, c'est un peu comme, dans une classe, avoir un livret de notes moins bon que celui du voisin. Or c'est le cas de la France qui, au sein de l'Union européenne, fait plutôt figure de mauvais élève, avec une croissance économique (mesurée par la progression du produit intérieur brut, ou PIB, lequel chiffre l'ensemble des activités effectuées à l'aide d'un travail rémunéré) inférieure de près de cinq points à celle de la moyenne de l'Union à quinze au cours des quinze dernières années. Même vis-à-vis de L'Allemagne, notre plus proche voisin et notre partenaire commercial le plus important, nous accusons depuis quatre ans un retard cumulé de L'ordre de trois points (dont un pour 2006 et un pour 2007).

C'est ce qui pousse les autorités gouvernementales, président de la République en tête, à "chercher le point de croissance qui nous manque". Cette position est bien exprimée par Xavier Bertrand, le ministre du Travail, qui, au micro de France Inter, déclarait l'an dernier: "Rattraper le point de croissance qui nous sépare de certaines autres puissances économiques, voilà qui nous permettrait de nous désendetter, de faire face au vieillissement, de gagner du pouvoir d'achat et donc, finalement, de vivre mieux."

Bref, le bonheur n'est pas dans le pré, il est dans la croissance. Or rien n'est moins sûr.

Une contestation justifiée du point de vue de la qualité de vie

Ce n'est pas sûr du point de vue de la situation économique de la majorité des habitants. Les Etats-Unis ont connu depuis 1990 une croissance annuelle du PIB par tête supérieure d'un point à celle de la France (soit environ + 20% en cumul), creusant ainsi l'écart avec la France, leur PIB par tête étant actuellement supérieur de 40% à celui de la France. Or, durant la période 1990-2005, le dixième le plus défavorisé des habitants des Etats-Unis a vu le pouvoir d'achat de son revenu progresser de 650 dollars, tandis que le vingtième le plus favorisé bénéficiait d'une hausse de son pouvoir d'achat de 30 000 dollars. En France, malgré une croissance économique nettement moindre, le dixième le moins favorisé des habitants a vu son pouvoir d'achat progresser (en cumul) de 2 900 euros, soit six fois plus qu'aux Etats-Unis, tandis que le vingtième le plus favorisé a bénéficié d'une hausse moyenne de son pouvoir d'achat de 4 800 euros, quatre fois moins qu'aux Etats-Unis. On comprend que ces derniers trouvent la pilule amère et s'en plaignent: de l'autre côté de l'Atlantique, leurs homologues peuvent mener la grande vie tandis qu'eux sont condamnés à la portion congrue. En revanche, si l'on prend la problématique de John Rawls, le philosophe américain qui estime que sont justes les inégalités qui permettent aux plus pauvres de voir leur sort s'améliorer, il est clair que la situation française est bien préférable à celle des Etats-Unis. Ces derniers pratiquent l'"effet Matthieu" ("aux plus riches, il sera donné, aux plus pauvres il sera enlevé le peu qu'ils ont"), alors qu'en France, même si nous ne nous en rendons pas compte, la faible croissance n'a pas empêché une sensible amélioration du sort des plus défavorisés, tandis que ce sont surtout les plus favorisés qui en subissent les conséquences.

Ce n'est pas sûr non plus du point de vue environnemental. Bien des indicateurs devraient être mobilisés pour effectuer une comparaison France/Etats-Unis. Mais un seul suffira: entre 1990 et 2004, le total cumulé des émissions de gaz à effet de serre a progressé de 7 milliards de tonnes aux Etats-Unis, tandis qu'il reculait de 0,5 milliard de tonnes en France. Même si, dans notre pays, l'effort est minime et très insuffisant au regard des impératifs environnementaux, il n'en reste pas moins que la croissance plus faible a aidé à ne pas accentuer notre pression environnementale, alors que, aux Etats-Unis, la croissance plus forte a accentué le problème climatique. Une croissance qui "bousille la planète" et améliore le sort des riches presque uniquement vaut-elle la peine?

Ce n'est pas sûr du point de vue du bien-être des habitants. Ainsi Marc Fleurbaey (directeur de recherches au CNRS) et Guillaume Gaulier (économiste au Cepii) ont-ils tenté de corriger les comparaisons internationales de PIB par tête en essayant de chiffrer les conséquences négatives ou positives de certaines situations qui affectent le bien-être de la population. Comme le PIB est mesuré en unités moné­taires (ce qui lui est parfois reproché, puisque cela revient à intégrer de la même manière des activités plutôt négatives du point de vue du bien-être - les interventions du Samu et des pompiers lors des accidents de la route, la production de bombes à fragmentation… - et des activités plutôt positives - le soutien scolaire, la lutte contre le sida, etc.), les auteurs ont donc décidé de retirer du PIB certaines des dimensions négatives du fonctionnement de la société (le chômage, par exemple) et d'y ajouter certaines des dimensions positives (l'allongement de l'espérance de vie). Ces soustractions et ces additions sont en euros, et il a fallu donc évaluer en argent le coût social ou l'apport social. Ont été ainsi chiffrés le fait de bénéficier de davantage de loisirs (travailler 1 600 heures par an, comme en France, permet davantage de temps libre, de temps pour soi, pour sa famille ou pour des activités bénévoles que travailler 2 000 heures par an, comme aux Etats-Unis), le fait de vivre plus longtemps en bonne santé, le fait que les inégalités soient moindres, que les ponctions sur les ressources non renouvelables soient moindres, que la protection de la santé soit mieux assurée, ou que le chômage soit plus important (1). Certes, les hypothèses faites pour convertir ces indicateurs en monnaie sont discutables, de même que le choix des indicateurs retenus: d'autres

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