Plan De Relance De L Etat
Dissertations Gratuits : Plan De Relance De L Etat. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar dissertation • 4 Novembre 2013 • 2 146 Mots (9 Pages) • 1 453 Vues
Le courant socialiste Maintenant la gauche propose un plan de relance écologique et social s'appuyant sur l’investissement et la consommation. « La France a un rôle historique à jouer pour l’Europe : elle est la seule à avoir le poids économique et politique suffisant pour changer la donne » et sortir du dogme de l'orthodoxie budgétaire, interpellent les élus et les économistes Daniel Vasseur, Marie-Noëlle Lienemann, Emmanuel Maurel, Jérôme Guedj et David Cayla.
Il faut savoir s’étonner pour s’interroger sur des choses qui nous sont devenues par trop habituelles. Ainsi, comment se fait-il, alors que nous sommes dans une situation bien connue de chômage keynésien, déjà expérimentée par le passé, que tant de responsables et de commentateurs ne veuillent pas l’admettre (ou en tirer les conséquences) et ne parlent que de « maintenir le cap », confondant fermeté et aveuglement ? Ou ne cessent de clamer que le redressement budgétaire n’est pas l’ennemi voire constitue la condition de la croissance, et autres fariboles, alors qu’il ne fait plus de doute que c’est bien la croissance qui constitue le préalable de la consolidation budgétaire ?
En effet, il y a désormais un quasi-consensus chez les économistes sur le diagnostic à porter. Ce ne sont pas eux qui sont redevenus « keynésiens », mais la situation qui est keynésienne, puisque que l’on se trouve dans une phase typique de sous-emploi involontaire et conjoncturel massif dû à un déficit de demande. Cela ne signifie pas qu’il n’y ait pas d’autres problèmes, y compris du côté de l’offre, ni que la relance constituerait toujours et partout la meilleure solution, mais, en France et en Europe, aujourd’hui, c’est le cas : la relance est devenue nécessaire.
Partons d’un constat incontestable : l’économie française et européenne est quasiment à l’arrêt depuis un an et demi. Le taux de croissance de notre pays a été nul en 2012 et ne dépassera pas 0,1% en 2013 tandis que la zone euro traverse sa deuxième année de récession. Tous les moteurs de la croissance sont éteints ; la consommation a reculé en France en 2012 pour la deuxième fois de l’après-guerre et le pouvoir d’achat par unité de consommation (qui tient compte de la composition des ménages et de l’évolution de la population et donc mesure mieux le pouvoir d’achat moyen réel des Français qu’un simple agrégat macro-économique) va diminuer en 2013 pour la troisième année consécutive. Presque dans aucun pays de l’Union, le PIB n’a retrouvé le niveau qui était le sien avant la crise, ce qui veut dire, comme la population continue d’augmenter, que la richesse par habitant régresse...
Ce marasme sans précédent, qui prend dans certains pays du Sud les allures d’un effondrement, met nos économies et nos sociétés à rude épreuve, menaçant de causer des dégâts irréversibles à nos systèmes productifs, à notre cohésion sociale et à nos systèmes de redistribution. Des pans entiers de notre industrie s’effondrent, certains parlent de faire table rase du programme du Conseil national de la résistance et, déjà, l’extrémisme frappe à nos portes.
L’économie française et européenne menace de basculer dans une franche récession, c’est-à-dire de sombrer dans une spirale déflationniste dont on ne peut connaître ni la durée ni l’ampleur. Le sérieux budgétaire de la gauche au pouvoir était nécessaire et il a été démontré, mais il ne suffit plus. Il serait grave, aujourd’hui, de continuer à attendre une reprise mondiale ou, pire encore, le fruit de réformes structurelles censées être le pivot stratégique de la croissance, selon les néolibéraux, alors qu’elles ne font qu’aggraver l’atonie économique et la désespérance sociale –un peu comme une maladie que l’on prendrait pour le remède.
Dans cette perspective, le courant Maintenant la gauche propose d’examiner un plan de relance sur deux ans de 43 milliards d’euros, soit 2 points de PIB, dont seulement 28 milliards d’euros financés sur fonds publics, qui constituerait le pendant du pacte pour la compétitivité adopté fin 2012. Il permettrait d’augmenter le PIB de 3,3 points et de créer ou préserver environ 500 000 emplois.
Il s’agirait d’améliorer temporairement l’indemnisation du chômage et celle du chômage partiel dans les entreprises, de faire reculer la pauvreté des enfants et des jeunes adultes, qui s’est brutalement aggravée à la suite de la crise, en revalorisant les aides sous condition de ressources dont ils peuvent bénéficier, ou tout simplement en tenant les promesses de campagne (par exemple, en créant une allocation d’études).
On peut et on doit aussi –sans aucun coût additionnel pour les finances publiques– augmenter le pouvoir d’achat des salariés et des ménages en mobilisant les sommes reçues au titre du crédit d’impôt compétitivité emploi (CICE) par les secteurs non exposés à la concurrence internationale, comme la grande distribution, qui constituent un effet d’aubaine inacceptable en pleine crise. La loi devra conditionner le versement du CICE à la conclusion d’accords avec les partenaires sociaux, qui prévoient, en tenant compte de la situation de chaque branche, de vraies contreparties en matière de hausses de salaire, d’augmentation de l’emploi ou de réduction de la précarité. De la même manière, il faut ponctionner les rentes de certaines professions pour rendre une partie de cet argent à tous les Français : des bailleurs privés, en gelant temporairement les loyers, de certains professionnels de santé, en faisant reculer les dépassements d’honoraires, c’est-à-dire en rendant opposables les tarifs de la Sécurité sociale, ce qui n’est jamais que revenir à un principe de base de notre assurance-maladie.
L’investissement et la préparation de l’avenir n’en occuperaient pas moins une place essentielle (15 milliards d’euros), puisque ce plan de relance comprendrait une nouvelle stratégie industrielle impliquant une réorientation de l’abondante épargne des Français vers la ré-industrialisation du pays –une stratégie d’« offre compétitive » fondée non pas sur la baisse des salaires et une économie « low cost » mais sur l’innovation et la qualité. On accélèrerait la construction d’infrastructures de transport (lignes à grande vitesse, canaux, fret ferroviaire, tramways), mais aussi la montée en puissance des filières industrielles nécessaires à la transition énergétique, ou encore de la voiture électrique (commande publique de véhicules, déploiement d’une infrastructure de recharge), ainsi que de notre recherche publique, afin de la rapprocher du niveau allemand.
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