L’intelligence économique et stratégique
Compte Rendu : L’intelligence économique et stratégique. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar dissertation • 20 Février 2014 • 8 446 Mots (34 Pages) • 1 023 Vues
Didier LUCAS
adrélec : dlucas@webmails.com
Laboratoire de Recherche en Sciences de Gestion Panthéon-Assas
(LARGEPA)
Université Paris-II
Chercheur invité
Chaire Stephen Jarislowsky en Gestion des Affaires Internationales
Faculté des Sciences de l’administration
Université Laval, Québec
Introduction à
l’intelligence économique et stratégique:
Vers un nouveau paradigme de l’interaction concurrentielle
Québec, février 2001
DOCUMENT DE TRAVAIL
Préambule
La pratique de l’intelligence économique connaît un développement croissant depuis ces dernières années. Pourtant, certaines résistances perdurent néanmoins, d’aucuns ignorent encore que cette discipline joue un rôle essentiel dans le développement de la compétitivité des États et la performance des firmes. En effet, ce concept récent fut à tort assimilé à une nouvelle forme d’espionnage industriel, pratique déloyale réprouvée par les législateurs des différents pays et par la déontologie des affaires. Ce document, constitue une introduction aux concepts fondamentaux et aux principes méthodologiques qui régissent cet « art ».
À l’issue d’une brève perspective historique éclairante, nous aborderons les termes clés qu’il est nécessaire de maîtriser ainsi que les doctrines constitutives. Passé l’explicitation des processus de veille déclinés sous ses aspects multiples, nous nous interrogerons sur les enjeux d’une démarche d’implantation d’un dispositif d’intelligence économique dans l’entreprise, et sur les conditions nécessaires à la création de valeur. Par ailleurs, si l’intelligence économique est un levier du développement des organisations, en revanche certaines pratiques qui tendent à se multiplier portent directement atteinte à l’intégrité patrimoniale des acteurs qui en sont l’objet. Pour parer aux nouvelles formes de criminalité liées à l’exacerbation du jeu concurrentiel, il existe des méthodologies et des savoir-faire regroupés sous le vocable de contre-intelligence. Nous découvrirons par la suite, que cette discipline se révèle également sous des aspects offensifs (toujours légaux) qui visent à déstabiliser un concurrent par le recours à des stratégies élaborées. La notion de guerre de l’information ou info-guerre, sera explicitée dans le détail afin de ne pas la confondre avec d’autres manœuvres telles que la désinformation. Ces procédés sont aujourd’hui les stades ultimes de la stratégie et bouleversent totalement l’équilibre du couple traditionnel produit/marché. Nous verrons ici encore les techniques en vigueur pour s’assurer un avantage concurrentiel, pour prévenir ou gérer une tentative de déstabilisation.
Enfin, nous aborderons la problématique de l’intelligence économique dédiée à la préservation ou l’affirmation de la puissance dans une perspective géoéconomique. L’étude des rapports de force politico-économiques depuis la disparition du monde bipolaire incitent les États et les blocs régionaux à reformuler le cœur de leur interrogation stratégique. Nous verrons ainsi les similitudes et les différences de ces pratiques selon qu’elles soient mises en œuvres par un acteur public ou privé.
Ce présent document comporte également à des fins de réflexion complémentaire des références bibliographiques et médiagraphiques, ainsi que des annexes destinées à enrichir la clarté de nos propos.
1. EXEGÈSE DE L’INTELLIGENCE ÉCONOMIQUE
1.1 La genèse
L’intelligence économique dans son acceptation « moderne » fut développée à la fin des années 1960 aux États-Unis par Harold Wilensky dans un ouvrage intitulé Organizationnal Intelligence : Knowledge and Policy in Government and Industry,. Dans cet essai précurseur, l’auteur pose deux grandes problématiques : Les stratégies collectives et la coopération entre gouvernements et entreprises dans la production d’une connaissance commune pour la défense de l’avantage concurrentiel, et l’importance de la « connaissance » dans l’économie et l’industrie comme moteur stratégique du développement et du changement.
Tout le spécialistes s’accordent aujourd’hui pour affirmer que Wilenski est le fondateur du concept d’intelligence économique. Celle-ci est ainsi entrée dans les programmes d’enseignement de la gestion au milieu des années 1980, notamment sous l’impulsion de deux autres ouvrages américains Competitive strategy de M. Porter (The Free Press, 1980) et Strategic Management : A stakeholder Approach de R.E. Freeman (Boston : Pitman 1984).
En Suède, à l’initiative de Stéphen Dedijer, l’université de Lund innova en Europe en créant à la fin des années 1960 un centre de recherche en intelligence sociétale, et dès 1976 un enseignement spécifique fut organisé au profit des doctorants.
1.2 L’avènement du concept de guerre économique
Pourtant, jusqu’au début des années 1990, ce concept ne se développait guère au delà de la sphère académique. Le monde de l’entreprise s’intéressait fort peu aux ressources offertes par l’information, car l’économie de l’immatériel était encore marginale, et les technologies de l’information et de communication n’avaient ni pénétré ni le champs économique, ni la société « civile ».
Il fallut ainsi attendre la fin de la menace soviétique et la disparition du monde bipolaire pour assister à un l’émergence d’un nouvel échiquier géopolitique. Dès lors, la globalisation des marchés s’accéléra, et la compétition économique mondiale prit un tout nouvel essor. De ce jeu concurrentiel plus agressif naquit une nouvelle grille de lecture qui supplanta l’analyse géostratégique traditionnelle. Pour l’école des géoéconomistes, Il convient aujourd’hui de souligner la primauté
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