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Les Crises Sont-elles Inscrites Dans La Dynamique Du Capitalisme ?

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Par   •  23 Octobre 2014  •  1 825 Mots (8 Pages)  •  990 Vues

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Introduction

En 1860, le docteur Juglar publiait l’ouvrage qui le rendra célèbre : « Des crises commerciales et de leur retour périodique, en France, en Grande-Bretagne et aux Etats-Unis ». Au début des années1930, E. Varga, économiste « officiel » de la IIIe internationale, affirmait que la grande crise qui ébranlait alors le capitalisme constituait l’ultime soubresaut de ce système. M. Aglietta déclarait plus récemment que la crise asiatique constituait la crise la plus grave depuis 1945. Marx écrivait dans « le 18 Brumaire » que si l’histoire ne se répète pas, il lui arrive de bégayer… Le capitalisme a deux cents ans d’histoire, et son parcours est émaillé de crises. Les crises sont-elles inscrites dans la dynamique de ce système ?

L’observation de l’histoire ne laisse guère d’arguments à une réponse contraire. Deux grandes raisons peuvent permettre de comprendre la propension de ce système à connaître des crises. L’imperfection de l’économie de marché tout d’abord, en tant que système intrinsèquement problématique, et parce que les conditions de son fonctionnement optimal ne sont jamais réunies. La dynamique du capitalisme lui-même ensuite, fondamentalement instable, en proie à des emballements, des « prurits », que viennent « purger » nécessairement les crises par la suite. Mais enfin, les crises ne sont pas fatales non plus, et certains dispositifs de régulation peuvent être mis en place pour les enrayer. L’analyse s’articulera autour de ces trois idées.

I. Les vicissitudes de l’économie de marché et les heurts de la main invisible

A. Décentralisation des décisions, rationalité limitée, et fonctionnement aléatoire des marchés

1. Le système de l’économie de marché est un système de décisions décentralisées. L’économie repose sur la liberté individuelle, la liberté d’entreprendre, d’investir, etc. Le problème central est celui de l’absence de coordination des décisions microéconomiques (cf. la parabole des îles de E. Phelps). L’interaction, l’agrégation des décisions microéconomiques produit souvent des effets indésirés, effets pervers au niveau macroéconomique, bien éloignés des harmonies supposées de la « main invisible ».

2. Les errements du marché tiennent fondamentalement aux carences d’information et à la rationalité limitée des agents. Pour être efficientes, les décisions doivent s’appuyer sur toute l’information disponible. Une hypothèse peu raisonnable, d’autant moins que la réalité économique se transforme à chaque instant sous l’influence de nouvelles décisions. L’information est lacunaire et déjà obsolète au moment où elle est rassemblée. H. Simon souligne que même si l’information était parfaite, la capacité humaine à la traiter demeure limitée, et la rationalité des décisions ne peut être de même que limitée. Il en découle des décisions erronées, menant à une mauvaise allocation des ressources et aux dérives qui caractérisent structurellement l’économie de marché. Les keynésiens considèrent que, face à l’incertitude, les comportements tendent à devenir mimétiques, et amplifient ainsi les déséquilibres (cf. les marchés financiers).

B. Les rigidités et entraves au bon fonctionnement du marché : l’autorégulation perdue

1. Le modèle néoclassique du marché est un modèle d’échanges purs, sans frictions, impliquant une fluidité et une flexibilité parfaites. La réalité en est très éloignée, et caractérisée par des « rigidités » de toutes sortes : de prix, de salaires, d’emplois, de qualifications, de contrats, de règles, auxquelles s’ajoutent les rigidités géographiques, culturelles, et celles qui découlent des interventions publiques et des positions dominantes.

2. La capacité autorégulatrice du marché se trouve altérée par ces multiples « imperfections ». Les néolibéraux analysent la crise de la fin du XXe siècle comme le résultat d’un ensemble de rigidités, sociales et publiques, qui étouffent l’économie et bloquent sa réactivité. Les keynésiens considèrent ces rigidités comme des données de fait, l’économie n’étant pas dotée en conséquence de « forces de rappel » et de « stabilisateurs automatiques », mais évoluant au contraire d’un déséquilibre à l’autre, à travers des processus cumulatifs. Les crises sont inhérentes au système et peuvent être durables.

II. Les déséquilibres de la croissance capitaliste

A. Les cycles de croissance et les crises périodiques

1. Les crises sont fréquentes au XIXe siècle. Les « crises classiques » se substituent aux « crises d’Ancien Régime » et aux « crises mixtes ». Ces crises typiques du mode de production capitaliste sont toutes des crises de surproduction, intervenant dans les branches motrices, et s’accompagnent d’une dimension financière. La récurrence des crises a conduit les économistes à forger le concept de cycle. Celui-ci reflète pour Juglar la « respiration naturelle » de l’économie, la croissance et ses excès amenant mécaniquement la crise. « Les causes d’une crise résident toujours dans la prospérité qui a précédé », et la crise a une fonction de purge salutaire.

2. La dynamique cyclique tient pour beaucoup d’économistes à l’irrégularité de l’investissement (Aftalion, Keynes…). D’autres, de façon proche, ont souligné le rôle du crédit et des taux d’intérêt (Hawtrey, Wicksell, Hayek, Fisher…). Un écart positif entre le « taux naturel » (taux de profit) et le « taux monétaire » (taux d’intérêt) détermine chez Wicksell une tendance à l’endettement et à l’investissement, conduisant peu à peu à un écart contraire, et au retournement conjoncturel. F.V. Hayek, dans son livre célèbre Prix et production (1935), montre que les crises de surcapitalisation proviennent d’un excès de crédit qui nourrit l’investissement et mène à une hypertrophie du secteur des biens de production. Des cycles à plus court terme sont dus également au mouvement des stocks (cycles Kitchin), tandis que les cycles d’innovation rythment selon Schumpeter les mouvements à long terme de l’économie (cycles Kondratiev).

B. Les contradictions

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