La fin du reve Americain

Claire : Beaucoup disent que Ronald Reagan incarnait le rêve américain, puisque, malgré ses origines modestes, il est devenu président. Qu'en pensez-vous ?

Ted Stanger : Ce n'est pas faux, mais bien sûr la plupart des rêves des Américains se réalisent à des niveaux beaucoup plus modestes ou alors ne se réalisent pas du tout. Il ne faut pas oublier que 15 % des Américains restent coincés dans la pauvreté.

Brice : Combien s'en sortent sur ces 15 % ? Je doute qu'ils restent toute leur vie dans la pauvreté.

Ted Stanger : En effet, une bonne partie des pauvres restent pauvres, mais je constate aussi que ce n'est pas tellement une préoccupation des Américains car, chez nous, les pauvres sont perçus comme des paresseux ou alors des gens qui méritent leur état, des losers, quoi. Il existe bien sûr des organisations caritatives mais, pour la plupart des Américains, il ne faut pas que les pauvres s'appuient trop sur l'Etat. C'est une opinion qui est partagée par presque tous les Américains.

Josselin : Pensez-vous que le 11 septem

bre a accentué la fin du rêve américain ?

Ted Stanger : Non, pas du tout. Par contre, cet événement a accentué la paranoïa et même le conformisme qui est toujours présent chez les Américains, à voir le Patriot Act voté par le Congrès et qui permet toutes sortes d'interventions et de détentions par la police qui n'auraient pas été permises auparavant.

LA FIN DU RÊVE AMÉRICAIN ?

Stef : Les films de Michael Moore dénoncent la société américaine actuelle. Ont-ils une influence forte sur l'image de l'Amérique ?

Ted Stanger : A l'intérieur des Etats-Unis, il y a un peu moins d'influence pour Michael Moore qu'à l'étranger, à l'image de Woody Allen, qui est plus célèbre en France qu'aux Etats-Unis. C'est la preuve que nul n'est prophète en son pays. Mais Moore, je le crains, en fait parfois trop, en bon prédicateur protestant. Il a tendance à voir les choses en noir et blanc et, donc, cela le déconsidère aux yeux de beaucoup d'Américains.

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