LA CRISE DES SUBPRIMES
Cours : LA CRISE DES SUBPRIMES. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar diappe • 13 Mai 2013 • Cours • 1 576 Mots (7 Pages) • 754 Vues
La crise des subprimes ou la
redécouverte du risque en
finance
Que nos lecteurs qui vivent leur première crise financière se rassurent : tant qu’il y aura des
hommes et des femmes sur cette terre, il y aura des bulles spéculatives et des crises
financières. Ils en verront d’autres !
La nature humaine étant ce qu’elle est, l’homme n’est pas une mécanique froide,
désincarnée et parfaitement rationnelle comme postulée dans des modèles simplificateurs
mais utiles. Il connaît donc la paresse, la cupidité et la peur, terreau nécessaire et fertile des
bulles et des crises. Certes, la finance comportementale 1 aide à modéliser de façon plus
réaliste les choix et décisions de l’individu, la survenance des excès à la hausse ou à la
baisse. Mais celle-ci est à ses débuts, et les chercheurs ont encore beaucoup de travail
devant eux !
La crise financière de 2007 a une origine on ne peut plus classique : la recherche de
rentabilités toujours accrues, car bon nombre d’investisseurs ne peuvent se contenter de la
satiété, ils veulent toujours plus. On peut le regretter, mais c’est ainsi.
Dès lors, des prêts immobiliers seront accordés à des particuliers de moins en moins
solvables en disant que le remboursement s’effectuera par la revente de la maison puisque
l’immobilier ne peut que progresser : les subprimes sont ainsi créés. Suivant la même
logique, on montera des LBO avec une dette représentant un multiple toujours plus élevé de
l’EBE de la société acquise 2 et avec des intérêts capitalisés car le montage est tellement
tendu que la cible ne peut plus payer ses frais financiers ; la quasi-totalité de la dette ne
pourra alors être remboursée que par la revente de la société. On introduira des subprimes
dans des SICAV d’obligations européennes de première qualité pour en doper les
performances sans modifier le descriptif de ces SICAV. On transfèrera, avec le nihil obstat
du régulateur, des actifs bancaires dans des véhicules ad-hoc (SIV) où ils pourront être
financés par beaucoup plus d’endettement que la réglementation ne l’autorise ; la rentabilité
des banques sera ainsi dopée en jouant sur l’effet de levier 3.
S’il est un couple indissociable en finance, c’est bien celui du risque et de la rentabilité.
Des rentabilités accrues ne peuvent être obtenues qu’au prix de risques accrus. Et si les
risques sont accrus, la probabilité qu’ils se matérialisent augmente elle aussi. Que notre
lecteur ne l’oublie jamais, sinon il s’en mordra amèrement les doigts 4.
1 Voir page 370.
2 Voir page 1052.
3 Voir page 310.
4 Voir chapitre 23.
II
Mais tant que tout va bien, l’aversion au risque est faible et l’analyse qui en faite devient
superficielle. ABN Amro peut inventer, en août 2006, un nouveau produit financier, le
CPDO5, noté par les agences de rating AAA comme un actif sans risque mais rapportant 2
% de plus que les emprunts d’Etat, sans que beaucoup s’interrogent. Il vaut aujourd’hui
entre 40 % et 70 % de son prix d’émission, ce qui montre que ce n’était pas un actif sans
risque. De même, le président de Citi peut déclarer, le 10 juillet 2007, en parlant du
financement des LBO « tant qu’il y a de la musique, vous devez danser. Nous continuons de
danser ». Enfin, la prime de risque du marché peut être dans ses plus bas historiques à 2,86
% en mai 20076.
Les arbres ne montant pas au ciel, ce qui devait arriver est arrivé. La hausse mécanique
du coût des crédits immobiliers qui était inscrite dans les contrats de dette (step up) a
précipité l’insolvabilité de certains ménages, ce qui a provoqué l’arrêt de la hausse de
l’immobilier américain, puis sa baisse. Celle-ci, dans un effet boule de neige, a rendu
insolvables des millions d’emprunteurs. Leurs dettes se sont alors fortement dévalorisées.
Comme elles avaient été introduites, telle un virus, dans bon nombre de montages ou de
portefeuilles pour en doper les performances, elles les ont contaminés à leur tour. A la mi-
2008, les pertes liées aux subprimes révélées par les banques, les réhausseurs de crédit,
les assureurs, les hedge funds et les gestionnaires d’actifs atteignaient environ 400 Md$,
soit l’équivalent des deux tiers du budget de l’Etat français.
Le risque s’est alors rappelé brutalement et violemment à l’attention des investisseurs
qui sont alors partis dans l’autre extrême : adieu la cupidité, bonjour la peur ! Refusant de
souscrire ou d’acheter des produits un tant soi peu compliqués, opaques ou risqués, les
investisseurs provoquent l’arrêt des prêts immobiliers aux moins bons emprunteurs, des
LBO faute de financement, du refinancement
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