L'analyse économique
TD : L'analyse économique. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar remidu2311 • 22 Octobre 2018 • TD • 10 948 Mots (44 Pages) • 401 Vues
Introduction à l'économie
Introduction générale : L'analyse économique
Nous vivons aujourd’hui dans un monde où les questions économiques occupent une place considérable dans la vie quotidienne des individus, dans les décisions des responsables politiques, dans les médias. Nous sommes sans cesse bombardés d’informations concernant l’économie : la croissance, le chômage, les délocalisations, les impôts qui augmentent ou qui baissent, la dette publique, la Bourse, les crises financières, le marché immobilier, etc. Les agriculteurs protestent contre les prix, trop bas selon eux pour survivre : que faut-il en penser ? Faut-il faire quelque chose ? Les mesures annoncées par les pouvoirs publics sont-elles pertinentes ? Les chauffeurs de taxi manifestent contre les nouvelles offres VTC, Uber ou autres : quels sont les enjeux, pour eux, pour nous consommateurs ? Le ministre de l’Économie fait voter une loi qui élargit les possibilités d’ouverture des magasins le dimanche, et qui ouvre le marché des transports interrégionaux de passagers à la concurrence des bus : sont-ce de bonnes idées ? qui va y gagner, y perdre ? Une usine ferme, alors qu’elle était rentable jusqu’à peu : comment l’expliquer ? La Bourse chinoise s’effondre après avoir augmenté pendant des mois : pourquoi ? Est-ce une mauvaise nouvelle pour nous ? Le prix du pétrole baisse : pourquoi, et quelles conséquences ? Etc. On pourrait multiplier les exemples, et nous en utiliserons beaucoup tirés de l’actualité, dans la suite de ce cours, pour que vous réalisiez à quel point ces notions et raisonnements, qui peuvent vous paraître abstraits à première vue, sont en réalité utiles pour éclairer le monde qui nous entourent, y compris dans ses aspects les plus quotidiens.
1-L’analyse économique
L’analyse économique est une « science sociale », qui cherche à expliquer certains aspects de la vie des hommes en société, les aspects pour lesquels on peut penser que le choix rationnel, la comparaison des gains et des pertes – ce que l’on appelle l’analyse coûts-bénéfices –, jouent un rôle important. Ce n’est pas tant une science des phénomènes que l’on désigne habituellement comme étant « économiques » qu’une méthode analytique, un mode de raisonnement, qui peut être appliqué à toutes sortes d’objets d’analyse : les choix de consommation et d’épargne des individus, les choix d’investissement et d’embauche des entreprises, le fonctionnement des marchés, les décisions de politique économique, bien sûr. Mais bien d’autres aussi : il existe ainsi une analyse économique du fonctionnement des systèmes politiques, une analyse économique du droit, une analyse économique du crime, une analyse économique du mariage, etc. Bien sûr, la pertinence empirique, le pouvoir explicatif de la réalité n’est pas le même dans tous ces domaines : les méthodes de l’analyse économique permettent de bien expliquer le fonctionnement d’un marché, de bien comprendre les effets de la hausse d’un prix ou des 8 revenus ; et seulement très partiellement et imparfaitement les choix matrimoniaux des individus, dont elles n’éclairent que l’un des ressorts, l’intérêt.
L’étymologie du mot économie en donne le sens premier : « oikos », en grec ancien, signifie « foyer », « maison », « domaine » ; l’économie est donc, à l’origine, la science de la bonne gestion de sa maison, de son foyer. Une autre science, parfois considérée comme opposée à l’économie, porte un nom ayant la même étymologie : l’écologie, qui est l’étude de l’habitat, du milieu dans lequel nous vivons, de l’environnement. Aristote, le grand philosophe et savant grec qui, au début du IVème siècle avant notre ère, a été l’un des fondateurs de l’analyse économique, prend bien soin de distinguer l’économie de ce qu’il appelle la « chrématistique », qui est la cupidité, l’appât du gain. De tout temps, les penseurs se sont préoccupés de ces questions essentielles. Mais c’est surtout à partir du XVIIIème siècle, alors que l’exploitation des colonies, l’essor des échanges internationaux grâce aux découvertes géographiques – nouveaux continents, nouvelles routes maritimes – et l’apparition de nouvelles méthodes de production, dans l’agriculture d’abord puis dans l’industrie, transforment la vie quotidienne des Européens que naît l’économie politique moderne. Ce sont, en France, les penseurs que l’on appelle les Physiocrates, et puis, surtout, les grands penseurs britanniques de la fin du XVIIIème et du début du XIXème siècles, qui vont y contribuer de manière décisive : Adam Smith, philosophe écossais, publie en 1776, son ouvrage le plus célèbre, Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations (que l’on abrège généralement par La richesse des nations) ; puis, ce sera David Ricardo, qui publie en 1817, Principes de l’économie politique et de l’impôt.
Pourquoi « politique » ? Parce que nous nous intéressons au fonctionnement d’une société, d’une cité « polis » en grec, pas seulement à la gestion privée du domaine, mais aux interactions entre acteurs économiques, et aussi parce que plusieurs des questions que soulève l’analyse économique sont éminemment politiques. Par exemple, la répartition des richesses, des gains et des pertes qu’engendre le fonctionnement de l’économie marchande.
2-Modèles et données
Dans ce cours introductif, nous allons nous concentrer sur les principaux raisonnements économiques, les questions essentielles, souvent traitées de manière simple et parfois un peu abstraite. Mais les raisonnements que nous développerons et les outils d’analyse présentés sont de portée très large et sont mobilisables pour éclairer de nombreux aspects du monde qui nous entoure, comme j’essaierai de le montrer à l’aide d’exemples et de faits empruntés à l’actualité.
L’analyse économique est une discipline scientifique, peut-être pas une science aussi rigoureuse que celles que l’on appelle parfois les « sciences dures » -- la physique, par exemple ; mais elle procède de la même manière, par abstraction et par la méthode dite « hypothético-déductive » : on pose des hypothèses, par exemple sur les motivations des acteurs économiques, puis on en déduit des propositions, ou des « lois », que l’on pourra ensuite confronter à la réalité pour essayer d’en établir la pertinence empirique. Nous construisons des modèles, pas nécessairement des modèles mathématiques, dont nous verrons dans le premier chapitre la nature et l’utilité, pour mener nos raisonnements. Mais nous avons également besoin d’observer la réalité, et de mesurer. L’analyse économique est donc aussi une discipline de l’évaluation et de la mesure. Elle élabore et mobilise des données statistiques, souvent citées dans les débats publics et dans la presse – le taux de croissance, l’inflation, le chômage, la dette publique, etc. --, dont ce cours vous aidera à comprendre la portée et la signification.
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