LaDissertation.com - Dissertations, fiches de lectures, exemples du BAC
Recherche

« Invitation En Français Et En Vietnamien : Le Cas Des Refus »

Compte Rendu : « Invitation En Français Et En Vietnamien : Le Cas Des Refus ». Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  9 Mars 2013  •  1 957 Mots (8 Pages)  •  1 208 Vues

Page 1 sur 8

« Invitation en français et en vietnamien : le cas des refus. »

L’invitation est-elle un acte très usuel dans la vie quotidienne : l’objet de l'invitation est multiple, du moins formel (un dîner, un anniversaire...) au plus formel (un mariage, un baptême, à une remise de diplôme...) ; la relation entre les participants à l'invitation peut être familière ou distante, égalitaire ou hiérarchique; la manière d'inviter est aussi très diverse(en contact direct, par téléphone, par lettre, mél , petit mot ou par cartes d'invitation/lettres officielles dans les relations à distance et inégalitaires).

Pourtant un acte de parole universel qu’est l’invitation a beaucoup de variations selon les pays, même au sein d’un pays.

En effet, il existe depuis une vingtaine d’années au Vietnam un phénomène très populaire, qui est officiellement critiqué, qu’on trouve souvent gênant mais personne n’ose le changer. C’est l’invitation au mariage. Cet usage met souvent les personnes concernées en situation délicate : l’inviteur, pour des raisons économiques ou relationnelles..., invite un très grand nombre de personnes. Celui qui n’est pas invité se sent plus ou moins vêxé et remet en question sa relation avec l’inviteur. Par contre, une fois invité, on n’est pas toujours prêt à l’accepter. Il est alors difficile pour lui de refuser, quelquefois il ne peut pas le faire et doit aller au mariage malgré lui.

En visitant quelques forums sur Internet, nous constatons que le refus d’une invitation constitue également un sujet très discuté. Beaucoup de Français demandent comment refuser une invitation, s’il faudrait dire sincèrement qu’ils ne veulent pas ou inventer une raison. La plupart des réponses sont « dire la vérité ». Par ailleurs, en observant l’acte d’invitation au cours de notre travail d’enseignement et dans les contacts avec des Français, nous constatons que les Français sont très francs. En général, ils répondent tout de suite qu'ils peuvent ou non accepter l'invitation. Les Vietnamiens, quant à eux, n'acceptent pas immédiatement l'invitation. Très souvent, l'invitation doit être réitérée plusieurs fois avant d'être acceptée. En cas de refus, on ne dirait presque jamais "Non" (sauf entre amis intimes), on cherche à tourner autour du pot ou présente une contrainte, une raison ou promet de faire des efforts Tôi sẽ cố gắng (Je ferai des efforts). C'est dans ce dernier cas que les Vietnamiens sont souvent jugés "Hypocrites".

Mais quelle que soit la langue, l’invitation jongle à la fois sur le contenu informationnel et/surtout sur la relation interpersonnelle. Elle est soumise à des règles sociales et cuturelles. Il s’agit d’un acte de langage appartenant à la politesse linguistique.

D’après les linguistes, l'acte d'invitation accomplit à la fois un acte directif (qui appelle une réaction de type acceptation/refus) et une sorte de cadeau (qui appelle un remerciement) (Orecchioni, 1992). C’est un acte directif par lequel locuteur demande à l'interlocuteur d'accomplir une action qui est au bénéfice et du locuteur et de l'interlocuteur. La valeur perlocutoire est concrétisée par la réaction de l'invité. Celui-ci peut accepter, refuser en remerciant pour l'invitation, en éprouvant la joie, la contrainte ou la gêne... .

La notion de politesse que développent les linguistes s’articulent et se fonde sur la notion de face. Dans ce sens, l’invitation est un acte très délicat. Il est menaçant (FTA) pour la face négative du locuteur mais il valorise également sa face positive(FFA). Pour l'allocutaire, l'invitation constitue un FTA mais aussi un FFA pour sa face négative. La réaction à l'invitation est alors très sensible parce que l’acceptation est menaçante pour la face négative de l'inviteur tandis le refus est menaçante pour sa face positive. L'invité aura alors de la peine de rejeter l'invitation (tout comme difficile de refuser un cadeau) puisque l'invitation est censée être accomplie avant tout dans l'intérêt du destinataire.

De plus, il arrive des cas où l'acte est produit "pour de bon" ou au contraire, "en l'air". Il ne montre pas la volonté ou la sincérité de l’inviteur. Pour éviter de perdre la face dans ces situations, l’invité choisirait-il d’accepter tout de suite l'invitation, refuser pour faire prier ou de refuser absolument l’invitation ?

Comment les participants parviennent-ils à régler ces contradictions ? Dans quel cas l’invité peut-il refuser une invitation ? Qui a le droit de refuser ? Comment l’invité peut-il refuser une invitation sans faire perdre la face de l'inviteur, pour entretenir par la suite leur relation ? Quelles stratégies, quelles règles sociales et culturelles permettent de réaliser un acte de refus ?

De tout ce qui est dit, l’invitation n’est pas un simple acte de parole mais un fait social qui mérite d’une étude approfondie. C’est ici que se noue l’intérêt de notre sujet de thèse que nous proposons. Nous voudrions décrire et analyser les façons dont les Français et les Vietnamiens refusent une invitation. Nous chercherons à savoir quels sont les facteurs qui influencent le refus d’une invitation, quels sont les points communs et les différences entre les deux peuples en la matière. Notre travail se situera dans une optique pluridisciplinaire, à une carrefour formé par les disciplines que sont la linguistique, la sociologie et la culture afin d’étudier un acte de parole comme un fait social.

Notre recherche se déploiera donc selon trois interrogations :

(1) qu’est-ce qu’un échange d’invitation ?

(2) comment refuser une invitation ?

(3) quelles sont les variations culturelles de cet acte en français et en vietnamien?

Pour réaliser ce travail de recherche, nous adoptons une méthodologie descriptive, analytique et comparative. Il faudrait partir des théories de l'interaction verbale et de la politesse en interaction verbale avancées par Brown et Levinson, Kerbrat-Orecchioni et d'autres linguistes. Il serait également important de se baser sur les enseignements du Bouddhisme, du Christianisme, la doctrine du Confucius, la phylosophie de Décartes et les théories des hommes lettrés.... afin de trouver des caractéristiques et des influences des cultures française et vietnamienne. Les échanges d'invitation et de refus seront ensuite

...

Télécharger au format  txt (12.9 Kb)   pdf (136 Kb)   docx (13.5 Kb)  
Voir 7 pages de plus »
Uniquement disponible sur LaDissertation.com