Etude Exploratoire De La Structuration Du Cocommissariat Aux Comptes En France
Dissertation : Etude Exploratoire De La Structuration Du Cocommissariat Aux Comptes En France. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar mbexxx • 11 Mars 2013 • 2 279 Mots (10 Pages) • 949 Vues
2
INTRODUCTION
Pourquoi le co-commissariat aux comptes perdure-t-il en France ? Cette question procède
d’un triple constat. D’une part, en optant pour le co-commissariat aux comptes, la France fait
figure d’exception dans le paysage de l’audit international. D’autres pays ont certes adopté un
modèle proche. La Tunisie applique une version de double commissariat aux comptes avec
des diligences effectuées séparément par les deux commissaires et ce depuis 2006 pour
certaines sociétés cotées. En Afrique du Sud l’obligation de « joint audit » ne s’applique que
pour les sociétés financières (Chenini et al., 2009). D’autre part, l’impact réel du cocommissariat
aux comptes (Co-CAC) sur la qualité de l’audit n’a pas totalement été tranché
(Benecib, 2004 ; Marmousez, 2008 ; Francis et al., 2009 ; Ebondo Wa Mandzila, 2006 ;
Schatt et Piot, 2010). Enfin, peu de chercheurs se sont intéressés au Co-CAC1 (Benecib,
2004 ; Audousset, 2006 ; Marmousez, 2008).
Pour apporter des éléments de réponse à cette question, la théorie de la structuration de
Giddens (1984) a semblé une grille d’interprétation pertinente. Elle n’a encore jamais été
mobilisée en audit contrairement à d’autres disciplines (Rojot, 2000). Elle articule trois
dimensions à savoir la légitimation, la signification et la domination. A travers la littérature, la
dimension « légitimation », dans son caractère légal et institutionnel, est apparue symbolisée à
la fois par la théorie sur la qualité de l’audit et par la réglementation. Néanmoins, une possible
« domination », au sens d’une relation de pouvoir, entre les deux commissaires est soulignée
dans plusieurs travaux académiques. Elle est susceptible d’affaiblir la légitimité précédente.
Des évolutions de la réglementation et des institutions semblent précisément viser à répondre
à cette problématique. Elles permettraient d’assurer une pérennité du Co-CAC. En même
temps, quelle signification les acteurs accordent-ils à cette spécificité nationale ?
Sur le plan empirique, nous nous sommes focalisés sur la perception des auditeurs. La
recherche se veut exploratoire et qualitative (Miles et Huberman, 1991). Dix-huit entretiens
semi-directifs ont été menés auprès d’associés2 de cabinets d’audit (annexe 1) appartenant aux
grands réseaux mondiaux (« Big ») et à des cabinets de plus petite taille (« non Big »). Notons
que les groupes du CAC 40 ont traditionnellement recours à un grand réseau d’audit, le
deuxième Co-commissaire étant soit un deuxième « Big » ou un « non Big ». Un guide
d’entretien a été utilisé (annexe 2). Intégralement enregistrés et retranscris, les interviews ont
duré entre trente cinq minutes et cinquante cinq minutes. Ils ont été classés selon leur degré de
directivité (Bardin 1977). Des thèmes récurrents ont émergé des discours des auditeurs pour
ensuite être rapprochés des dimensions du structurel de Giddens.
Dans une première partie de l’article, nous présenterons la théorie de la structuration et
proposons un premier niveau d’interprétation construit sur une revue de la littérature (1). Dans
une seconde partie (2), en restituant les discours des auditeurs, l’axe signification dominera.
1 La recherche de Benecib (2004) fut une des premières d’une série de recherches sur la pertinence du modèle
tripartite.
2 La préservation de la confidentialité n’a pas été exigée par nos interlocuteurs. C’est dans ce sens que avions
déclaré le nom du cabinet dont sont issus les interviewés. L’anonymat de personnes interviewées en revanche a
été totalement préservé. Chaque associé d’un cabinet reçoit donc un code « CA » suivi d’un numéro, les
personnes interrogées sont représentés par une lettre de l’alphabet au hasard.
halshs-00586218, version 1 - 15 Apr 2011
3
Une modification du structurel a émergé à travers les évolutions réglementaires récentes, en
particulier celles ayant trait à la loi de sécurité financière (LSF) et à la création du Haut
Conseil du commissariat aux comptes (H3C). Enfin nous conclurons sur les limites et sur des
pistes de recherche complémentaires à ce travail.
1 Une lecture structurationniste de la littérature sur le Cocommissariat
aux comptes
Après avoir présenté les principaux concepts de la théorie de structuration (1.1), une
application à la littérature consacrée au co-commissariat aux comptes sera proposée. Les
résultats seront alors questionnés pour s’ancrer autour de la signification pour les auditeurs
d’une légitimation réglementaire et théorique d’une part (1.2) et d’une domination de certains
cabinets, d’autre part (1.3).
1.1 La théorie de la structuration
La théorie de structuration de Giddens (1984) est
...