De la croissance économique à l'enrichissement : comment mesurer l'activité économique
Analyse sectorielle : De la croissance économique à l'enrichissement : comment mesurer l'activité économique. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar shayette • 15 Mai 2015 • Analyse sectorielle • 6 219 Mots (25 Pages) • 753 Vues
Ce chapitre a un objectif simple, mais ambitieux : vous faire comprendre par quels mécanismes s'opère la croissance économique. Bien entendu, il s'agira d'une présentation simplifiée, mais vous verrez qu'elle est déjà bien approfondie par rapport à ce que vous avez pu étudier en première.
Cette analyse sera centrée sur ce qui se passe du côté de la production, c'est-à-dire que nous étudierons principalement les facteurs qui permettent d'augmenter la capacité de production de l'économie. Bien entendu, pour qu'il y ait production, il faut qu'il y ait en face une demande de biens et services, et les fluctuations de celle-ci peuvent avoir un impact sur la croissance économique. Mais cet aspect-là sera étudié au chapitre suivant, consacré à « l'instabilité de la croissance ».
Nous allons d'abord essayer de préciser la signification de la croissance, ce qu'elle représente par rapport à l'enrichissement de la nation ou l'amélioration du niveau de vie. Puis, nous aborderons les mécanismes de la croissance proprement dits, avant de terminer en montrant comment le contexte socioéconomique peut aussi être favorable à la croissance.
1. De la croissance économique à l'enrichissement : comment mesurer l'activité économique ?
Peut-on dire que, dès lors qu'il y a croissance économique, il y a une hausse du niveau de vie de la population ? La question peut paraître ridicule tellement elle est évidente. La croissance, c'est l'augmentation de la quantité de biens et services produits – dans un pays et sur une période donnée, généralement l'année. Si on produit plus de biens et services, il doit donc y avoir plus de richesses disponibles, au moins globalement. Inversement, on voit mal comment on pourrait être plus riche, c'est-à-dire disposer de plus de biens et services, sans qu'il y ait eu croissance : il faut bien que ces nouvelles richesses aient été produites. Et pourtant, en réalité, les choses ne sont pas si simples, et le lien entre croissance et niveau de vie n'est ni si direct, ni si automatique.
1.1. L’intérêt du PIB, addition des valeurs ajoutées, pour mesurer les activités productives
le PIB prend en compte les biens et services produits à partir de facteurs de productions rémunérés ce qui permet de mesurer l'accroissement de la production mais aussi celui du niveau de vie.
Vous l’avez vu en première, la valeur ajoutée est la mesure la plus exacte de l’activité productive. En ajoutant les valeurs ajoutées de tous les agents économiques, vous n’ajoutez pas deux fois la même production puisqu’en calculant la valeur ajoutée vous avez enlevez à la valeur de ce que l’entreprise produit tous ses achats de consommations intermédiaires : ces dernières ne sont pas comptabilisées deux fois. Au niveau national (voir la notion PIB pour plus de détails), il faut tenir compte aussi de l’intervention de l’Etat : on évalue en général au prix du marché, il faut donc ajouter à la valeur de production au prix de base (en gros départ usine) la TVA et les taxes du même ordre et enlever les subventions d’exploitation aux entreprises qui réduisent le prix d’achat par rapport au prix du marché.
Qu’en est-il de la production de l’Etat et celle toutes les organisations qui produisent des services sans les vendre ? Elles sont intégrées dans le PIB en supposant que ces organisations ne font pas de profit et offrent leur produit qui a pour valeur uniquement l’ensemble des coûts de production. Ainsi, la production réalisée par l’Education nationale est évaluée par l’ensemble des dépenses (personnels, ordinateurs, etc.).
Enfin, on pourrait penser que le P.I.B. n'intègre pas l'économie souterraine mais les statisticiens s'efforcent de l'intégrer. Ils tiennent compte de la fraude et de l'évasion fiscale (à partir de données des contrôles fiscaux), du travail au noir. Au total, ces corrections représentaient 6,5 % du PIB en France en 1995 dont 3,8 % pour le travail au noir. Toutefois, les activités illégales, comme le trafic de drogue, ne sont pas mesurées.
1.2. Par ailleurs, tous les biens et services produits ne sont pas disponibles pour la consommation des ménages
il faut tenir compte du solde des revenus versés à l'étranger et surtout de l'amortissement du capital.
Le PIB mesure bien la quantité de biens et services produits, mais il ne constitue pas la richesse disponible pour satisfaire les besoins de la population, et notamment pour la consommation des ménages. Pourquoi ?
D'abord parce qu' une partie de la richesse produite sert à payer des revenus à des agents situés à l'étranger : des travailleurs frontaliers qui travaillent en France, des revenus que des travailleurs immigrés envoient à leurs famille restée dans leur pays d'origine, mais aussi et surtout les revenus de la propriété versés à des actionnaires ou des créanciers étrangers. Pareillement, mais en sens inverse, des revenus tirés des productions étrangères sont rapatriés en France grâce à des travailleurs français émigrés à l'étranger ou grâce aux capitaux français investis dans les entreprises étrangères. Le PIB, corrigé de ce double mouvement de revenus, constitue le Produit National Brut (PNB).
Mais le PNB non plus ne mesure pas la richesse disponible, parce qu' une partie de la richesse produite doit servir à l'amortissement, c'est-à-dire au remplacement du capital productif usagé ou obsolète – véhicules, bâtiments, équipements, … Sans cette opération, le capital se détériorerait inéluctablement ce qui finirait par rendre impossible la poursuite de la production. L'INSEE mesure ces dépenses d'amortissement par la Consommation de Capital Fixe (CCF). Corrigé de la CCF, le PNB devient le Produit National Net ou Revenu national, qui est la meilleure mesure de la quantité de biens et services disponibles sur le territoire national.
Si l'on veut mesurer la part de ce revenu disponible pour la consommation ou l'épargne des seuls ménages, il faut encore aller plus loin et ne prendre en compte que les revenus primaires versés aux ménages (au titre du travail ou d'un apport en capital), à quoi s'ajoutent les prestations sociales reçues par les ménages et se retranchent les prélèvements obligatoires payés par eux. On obtient alors le revenu disponible net des ménages , qui traduit le niveau de richesse disponible
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