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Capitalisation Bancaire Et Transmission De La Politique Monétaire

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Par   •  27 Avril 2013  •  9 362 Mots (38 Pages)  •  924 Vues

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Capitalisation bancaire et transmission de la politique

monétaire : une revue

Jean-Stéphane Mésonnier*

Avril 2005

Résumé

Le rôle croissant des ratios réglementaires en capital a conduit certains auteurs à affirmer que ceuxci ont pris le pas sur les réserves obligatoires comme outil de contrôle macro-économique des

banques. Une littérature récente suggère notamment l’existence d’un canal du capital bancaire qui

viendrait pallier l’effacement du canal traditionnel des prêts bancaires de transmission de la politique

monétaire. Cet article propose une revue des travaux théoriques et empiriques qui ont abordé la

question de l’impact de la capitalisation des banques sur la transmission des chocs de politique

monétaire. L’accent est mis notamment sur la distinction entre exigences réglementaires en capital

bancaire et niveau de capital choisi par la firme bancaire sous la pression de la discipline de marché

(capital économique). L’intuition selon laquelle la situation en fonds propres des banques et

l’évolution de ses déterminants ne sont pas neutres pour la politique monétaire sort renforcée de ces

analyses.

Mots-clefs : capital bancaire, politique monétaire, canal du crédit, réglementation prudentielle, Bâle II.

*

Banque de France, Service d’études sur les politiques monétaire et financière, 41-1422 DEER-SEPMF, 75049 PARIS Cedex 01. Mél. :

jean-stephane.mesonnier@banque-france.fr. Version préliminaire, commentaires bienvenus. Les opinions exprimées sont exclusivement

celles de l’auteur et n’engagent pas la Banque de France. 2

1. Introduction

Au cours des deux dernières décennies, les systèmes bancaires des pays développés ont connu

d’importantes mutations, tant institutionnelles, qu’industrielles et technologiques : libéralisation des

taux d’intérêt et suppression de l’encadrement du crédit dans de nombreux pays, contrebalancée par

l’imposition progressive de standards prudentiels internationaux et la création de dispositifs nationaux

d’assurance des dépôts, concentration, déspécialisation et renforcement de la concurrence dans

certains secteurs, en particulier sous l’effet de la montée en puissance de la gestion institutionnelle de

l’épargne, etc.1

Nombre de ces évolutions ont affecté la composition, la gestion, la détention et le rôle

des capitaux propres des établissements de crédit, qui ont connu une forte progression, rapportés aux

actifs bancaires, dans les pays du G10 au cours des années 1990 (Jackson et al., 1999), contrastant

avec une tendance séculaire à l’augmentation du levier des banques (cf. Berger, Herring, Szegö, 1995,

Benveniste, Boyd et Greenbaum, 1991). Alors que les théoriciens ont souligné le rôle fondamental des

capitaux propres dans la fonction d’intermédiation des banques (par exemple Diamond et Rajan,

2000), que la diffusion des normes de maximisation de la création de valeur actionnariale (de type

EVA) ont accentué la pression sur le rendement du capital (ROE) des firmes, y compris des firmes

bancaires, et que la réglementation prudentielle sur le capital bancaire est passée au premier plan avec

la suppression du plafonnement des taux créditeurs et la réduction des obligations de constitution de

réserves auprès de la banque centrale (Couderc, 2005), le rôle du capital bancaire dans la transmission

de la politique monétaire est curieusement relativement absent des débats entre économistes jusqu’à

une date récente (Van den Heuvel, 2002a). L’analyse d’épisodes de « credit crunch » aux Etats-Unis

puis au Japon au cours de la décennie 1990, puis plus récemment la préparation de la réforme de ces

derniers en vue des accords dits de Bâle II, où la définition de ratios de solvabilité reliant le niveau de

fonds propres au risque de crédit est toujours au premier plan, ont contribué à renverser cette situation.

Depuis une quinzaine d’années, la question du rôle des banques dans la transmission de la politique

monétaire à l’activité réelle a fait l’objet de vives controverses théoriques et suscité un nombre

considérable de travaux empiriques2

. La possibilité d’un canal des prêts bancaires (Bernanke et

Blinder, 1988, Kashyap et Stein, 1994) repose sur la double hypothèse que (1) certaines entreprises

sont dépendantes des financements bancaires du fait de problèmes informationnels qui leur interdisent

l’accès aux financements désintermédiés à un coût raisonnable et que (2) les banques sont-elles mêmes

contraintes par la disponibilité des dépôts à vue et des autres éléments de passif soumis à l’obligation

1

Rajan et Zingales (2004) et Dermine (2002), parmi d’autres, commentent ces évolutions dans le cas européen, où la création de l’UEM joue

évidemment un rôle prépondérant. Pour une description synthétique des évolutions

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