ASYMÉTRIE INFORMATIONNELLE ET OPPORTUNISME
Étude de cas : ASYMÉTRIE INFORMATIONNELLE ET OPPORTUNISME. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar brahimkhater • 5 Janvier 2015 • Étude de cas • 9 082 Mots (37 Pages) • 729 Vues
ASYMÉTRIE INFORMATIONNELLE ET OPPORTUNISME
Introduction :
En l’absence d’information publique abondante, il devient difficile pour un créancier de discriminer les projets d’emprunt. Si l’emprunteur connaît la rentabilité de son investissement, le prêteur fonde son jugement sur les documents et informations fournis par l’emprunteur. Il devra donc évaluer le risque du projet et surveiller ensuite l’entreprise qu’il finance. L’existence d’asymétries informationnelles entre prêteurs et emprunteurs, dans un contexte de rationalité limitée et d’incertitude, rend donc problématique le financement direct
en générant des coûts de transaction et de surveillance prohibitifs.
Les asymétries d’informations rattachées aux opérations de crédit peuvent être regroupées en deux catégories reflétant les phénomènes d’information et d’action cachées 26 .
1 L’antisélection : sélection adverse
Les travaux d’Akerlof (1970) ont introduit la notion d'antisélection, selon laquelle l'incertitude sur la qualité de l'objet induit la possibilité de fraudes qui, du fait qu'elles peuvent être anticipées, débouchent sur des stratégies complexes pour s'en protéger. Dans ce contexte, la sélection adverse représente l'incapacité à obtenir une information exhaustive sur les caractéristiques de biens apparemment identiques. Il s'agit d'un problème d'opportunisme précontractuel résultant du fait que les individus détiennent des informations privées non accessibles au cocontractant.
Illustration 1 : Le marché des voitures d’occasion
Akerlof (1970) étudie le marché des voitures d'occasion et indique que les acheteurs et les vendeurs sont en situation d'asymétrie d'information. Les vendeurs connaissent mieux l'état de leur véhicule que les acheteurs et le dissimulent s'il est mauvais. Si l'on ne peut distinguer les bons des mauvais véhicules un prix unique s'établira sur le marché. A ce prix, les possesseurs de voitures en bon état refuseront de vendre, jugeant qu'ils pourraient obtenir un meilleur prix. Il ne reste donc plus sur le marché que les mauvaises voitures. Les acheteurs, en raisonnant de façon similaire, penseront n'avoir à faire face qu'à des véhicules en mauvais état et n'achèteront pas au prix du marché. Ainsi, lorsque les individus ne disposent pas de la même information, les mécanismes de marché peuvent conduire à des impasses.
Illustration 2 : Le secteur bancaire
Concernant le secteur bancaire, le phénomène d'antisélection apparaît lorsque l'emprunteur conserve, même après un examen attentif par le créancier des informations disponibles, un avantage informationnel sur son partenaire. Le partage inéquitable du savoir concernant le risque de défaillance attaché aux crédits rend problématique l'identification des bons emprunteurs 29 . Ainsi, à défaut de pouvoir fixer un taux d'intérêt qui correspond au risque effectif du projet à financer, la banque applique un taux reflétant la qualité moyenne des emprunteurs. Une telle pratique conduit alors à pénaliser les individus dont le projet est peu risqué en leur faisant payer une prime de risque plus élevé que leur risque effectif, et avantage inversement les agents détenant des projets risqués ; la prime de risque facturée étant inférieure au risque réel de l'emprunteur. Comme sur le marché des voitures d'occasion d'Akerlof, les bons risques vont quitter le marché : il y a antisélection. Cet effet engendre potentiellement un phénomène de rationnement du crédit qu'il est possible d'analyser comme une solution imparfaite au manque de transparence et à l'hétérogénéité des différents projets d'emprunt.
2. Le hasard moral : aléa moral
L’aléa moral est une situation où l'incomplétude de l'information provient des actions et comportements non observables susceptibles d'être entrepris par les agents après signature du contrat. C'est donc une forme d'opportunisme post contractuel qui survient lorsque les actions mises en œuvre ne peuvent être discernées. Ainsi, les individus sont susceptibles de poursuivre leurs intérêts personnels aux dépens d'autrui 27 . Les problèmes liés à l'aléa moral apparaissent lorsqu'un individu entreprend une action inefficace, ou procure une information inexacte parce que ses intérêts individuels ne sont pas compatibles avec les intérêts collectifs et parce que ni les informations données ni les actions entreprises ne peuvent être contrôlées. La notion de risque moral conduit à mettre l'accent sur les comportements stratégiques résultant de l'inobservabilité de certaines actions et se traduisant par le non-respect des engagements 28 .
Concernant le secteur financier, l'aléa moral se rapporte à toute situation dans laquelle les résultats de la relation de crédit dépendent d'actions entreprises par l'emprunteur après signature du contrat et imparfaitement observables par le créancier. Ainsi, une entreprise contractant un crédit pourra s'engager de façon plus ou moins forte dans la réussite du projet. Les dirigeants pourront accomplir des dépenses inutiles au développement de l'entreprise en détournant à leur profit une part des résultats du projet sous forme d'avantages en nature ou de rémunérations excessives. De la même façon, une situation de surendettement peut s'analyser comme un choix compromettant la solvabilité de l’entreprise au détriment des créanciers.
La réussite du projet financé va alors dépendre du contrôle que le créancier va exercer. Dans ce contexte, le marché risque de ne pas pouvoir mettre en place un système de contrôle efficace car le financement par émission d'actions ou d'obligations, qui conduit à diluer la fonction de contrôle entre les mains d'un grand nombre de personnes, est susceptible de faire apparaître des comportements de "free rider". L'école du "public choice" a en effet mis en évidence la possibilité pour les individus d'adopter un comportement de cavalier libre lorsque ceux-ci savent que leurs choix n'affectent pas de manière sensible et mesurable le résultat final. Ainsi, certains créanciers pourront préférer laisser le coût du contrôle aux autres, tout en bénéficiant des effets de celui-ci. Dans cette optique, seul l'intermédiaire
...