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Peut-on réformer l'UEM ?

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Par   •  4 Décembre 2017  •  Dissertation  •  3 552 Mots (15 Pages)  •  739 Vues

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PEUT-ON RÉFORMER LA ZONE EURO ?

Emma Guillot-Tharin - Céline Perret - Gilliane Rabbe - Théo Vaissier

Master 1 Management des Industries Pharmaceutiques et des Technologies Médicales

Introduction

Instaurée en 1999, la zone euro est une zone monétaire regroupant aujourd’hui 19 états membres de l’union européenne. Depuis 2002 ces pays utilisent une monnaie unique : l’euro. Cette monnaie a été créée afin d’assurer la cohésion des politiques économiques des pays membres et de favoriser les échanges commerciaux au sein de l’Union Européenne. Il faut remplir un certain nombre de critère pour faire partie de l’eurozone : un déficit public inférieur à 3 % du PIB, une dette publique ne dépassant pas 60 % du PIB, une inflation maîtrisée, une indépendance de la banque centrale du pays et une devise nationale stable pendant au moins deux ans au sein du MCE II. Aujourd’hui, nous constatons que cette monnaie a favorisé la divergence. L'origine de cette crise a été initiée par la dette publique grecque qui s’en est suivi par les crises irlandaise, portugaise et espagnole. Ces crises montrent les problèmes de fonctionnement de la zone euro et notamment le manque de surveillance au niveau des déséquilibres macro-économiques. La réflexion qui va suivre cette introduction nous indique que le statut de l’UEM n’est plus tenable. La crise financière a trop abîmé la zone euro, les inégalités se sont creusées et les économies nationales divergent de plus en plus. Son « intégration », politique et économique, doit être relancée. Sa gouvernance doit être musclée. La crise que traverse la zone euro est quadruple : au niveau bancaire, des dettes souveraines, des investissements et de la crise sociale. Les répercussions d'une désintégration de la monnaie unique seraient alors très graves. Il serait illusoire de croire que l'Union Européenne pourrait continuer à exister autrement que comme un simple sigle dans le cas où l'euro devrait disparaître suite aux forces centrifuges auxquelles il est actuellement soumis.

De nombreux économistes insistent sur le fait que la zone euro doit se réformer considérablement ou dans le cas contraire elle périra. Deux grands courants s’affrontent sur ce sujet : d’un côté les économistes pensent que la zone euro peut continuer à exister et que des solutions sont possibles, de l’autre des pensées plus pessimistes quant à l’avenir de la zone euro qui prônent le fait qu’il faut sans aucun doute quitter la zone euro avant qu’elle ne se meurt car aucune solution n’est envisageable. Faut-il donc réformer la zone euro ? Oui, sans conteste.

La question subsidiaire qui en découle est donc : peut-on réformer la zone euro ? Nous observerons tout d’abord pourquoi la zone euro va si mal, quelles sont ses faiblesses et les facteurs qui pourraient empêcher une réforme, puis dans une seconde partie nous regarderons les solutions qui peuvent être concevables dans l’objectif de réformer l’UEM.

Une Zone Euro en bout de souffle, pourquoi ?

On dit de la zone euro qu’elle se trouve à bout de souffle, mais pourquoi ? Tout d’abord il faut avoir connaissance des deux arguments principaux qui ont été mobilisés pour justifier la création de l’Union économique et monétaire et de la monnaie unique. Premièrement l’argument économique : le traité, comme disait Michel Sapin déjà ministre des finances, c’est « plus de croissance, plus d’emplois, plus de solidarité » et deuxièmement l’argument de la souveraineté : moins de souveraineté au niveau européen c’est plus d’indépendance monétaire et financière vis-à-vis des États-Unis. Or depuis 2008 et même avant, en matière de croissance et d’emploi, les Etats-Unis restent bien meilleurs que la zone euro. Les répercussions de la crise des subprimes de 2007 en Amérique sont apparues que bien plus tard en Europe. Ce décalage dans le temps a laissé croire que les deux systèmes financiers, européen et américain, n’étaient plus liés. Mais il s’avère qu’en 2008, la zone euro a subi une crise importante : hausse de l’endettement public, stagnation de la croissance, dégradation des finances publiques etc. Ceci entraina par exemple l’augmentation des impôts et des prélèvements obligatoires annuels (plus de 140 milliards par an en France) ainsi que l’augmentation du taux de chômage. En addition de cette crise d’origine américaine, la crise grecque de 2010  a eu de nombreuses conséquences. Débutant par une dette très importante en Grèce, cette crise deviendra européenne et trouvera son origine dans le mode de construction de la monnaie unique. Il faut noter que la Grèce sortait d’une longue phase d’instabilité avant son adhésion à l’UEM et à la suite de son intégration elle fit face à une dette publique nettement supérieure au 60% du PIB (104,4% pour être exact). Des plans de sauvetage, des aides financières mettront en péril l’euro : sa valeur diminuera. La plus grande difficulté dans ce type de crise est la “contagion” vers d'autres pays de la zone euro.

La zone euro souffre principalement de quatre faiblesses majeures qui l’empêchent d’avancer. La première faiblesse est due à la rédaction déplorable du pacte de stabilité et de croissance de 1997 qui limite à 3% le déficit publique. Suivant les périodes cette mesure sèvre soit trop stricte soit trop laxiste. Elle ne tient absolument pas compte des déficits structurels durables, ce dont souffre la France actuellement, et des dépenses courantes qui sont supérieures aux recettes courantes. De plus il existe une forte différence des modèles de croissance entre les états membres, ce qui met en lumière un écart notable dans les apports de chacun. Les pays qui ont un excédent dans leurs échanges rendent indolore le déficit des autres. La zone euro se repose sur ces membres vertueux comme l’Allemagne, les Pays-Bas, la Finlande et la Belgique. Troisième faiblesse, la politique des taux d’intérêts uniques exigée par la BCE a des effets totalement variables suivant l’inflation du pays. Dans le cas de l’Espagne cela va contribuer à augmenter la bulle immobilière et les excès de crédits alors que du côté allemand cela entraîne moins de croissance et d’emplois. Enfin les objectifs d’inflation de la zone euro sont irréalistes pour une zone aussi large et aussi chargées d’inégalités, beaucoup d’économistes s’accordent à dire qu’il serait nécessaire d’accorder plus de souplesse.

Le problème de la zone euro est qu’il ne s’agit pas véritablement d’une zone monétaire. En effet selon le critère de Mundell, une zone monétaire doit avoir une politique monétaire commune, ainsi qu’une politique budgétaire et fiscale commune. C’est précisément ce qui lui manque, comme le montre le cas grec. Selon les traités constitutifs de l’Union Européenne, il n’existe pas de procédure d’aide entre états membres et la BCE ne peut financer la dette publique d’un état membre. En outre le cas espagnol montre que si, dans un premier temps, l’euro protège l’économie dans le cas d’une grave récession ; il empêche d’en sortir rapidement. La crise de la dette publique montre que notre modèle de croissance est structurellement inadapté. Si nous faisons l’hypothèse que la répartition inéquitable des richesses et des revenus sont les principales causes de la crise actuelle, la crise et les solutions apportées à celle-ci ont augmenté les inégalités, à l’intérieur de chaque état et entre les états. Les pays développés ne savent plus générer de la croissance que par l’endettement.

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