Modèle De Kaldor
Documents Gratuits : Modèle De Kaldor. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar dissertation • 24 Mars 2013 • 3 952 Mots (16 Pages) • 1 135 Vues
ALAIN BÉRAUD
Professeur à l’Université de Cergy
Théma
NICHOLAS KALDOR
Alternative Theories of Distribution (1955-6)
Nicholas Kaldor (1908-1986) est né à Budapest. En 1925-6, il suivit des cours
à l’Université de Berlin ; mais, c’est à la London School of Economics, de 1927 à
1930, qu’il reçut l’essentiel de sa formation en économie. Il y suivit les cours
d’Allyn Abbot Young et de Lionel Robbins. Il y côtoya, en particulier, Maurice
Allen et John Hicks. Il enseigna, ensuite à la London School jusqu’en 1947.
Après avoir travaillé durant deux ans à Genève au sein de la Commission
Économique pour l’Europe, il fut nommé fellow puis professeur au King’s
College à Cambridge. Il mourut en 1986. Kaldor était passionné par les
problèmes pratiques de la politique économique. Il fut conseiller spécial du
Chancelier de l’échiquier de 1964 à 1968 puis de 1974 à 1976. Bien qu’il fut
partisan de l’économie de marché, il soutenait qu’une intervention de l’état est
nécessaire pour rendre le système économique plus efficace et plus équitable.
Kaldor se rallia, très tôt, aux idées de Keynes. Mais, il le critiquait pour ne
pas avoir su intégrer, dans son analyse, les enseignements que l’on peut tirer
de la théorie de la concurrence imparfaite. Keynes étudie des situations
économiques où le capital et le travail sont simultanément sous-utilisés. L’offre
de biens est excédentaire, c’est-à-dire que les entreprises produisent une
quantité de biens inférieure au montant qu’elles souhaiteraient vendre, aux prix
courants, sur un marché concurrentiel. Une telle situation n’est pas compatible
avec l’existence d’une concurrence parfaite.
Kaldor reproche à Keynes d’être resté fidèle à Marshall en acceptant l’idée
que le coût marginal est croissant en courte période. À un instant donné, il
existe des travailleurs et des machines qui n’ont pas la même efficacité et les
entreprises utilisent, d’abord, les plus productifs. Cette description apparaît
comme une extension inoffensive de la théorie ricardienne de la rente
extensive. C’est sur elle que s’appuie Keynes pour justifier l’hypothèse de la
décroissance de la productivité marginale du travail. Elle est, pourtant,
démentie par les faits qui montrent, selon la loi d’Okun, qu’en courte période,
l’élasticité de la production vis-à-vis de l’emploi excède 1 : la production croît
plus vite que l’emploi et les coûts marginaux sont décroissants. Il faut
abandonner l’idée que le taux de salaire réel est égal à la productivité marginale
du travail.
Ce double constat justifie le programme de recherche de Kaldor : il faut
construire une théorie économique cohérente où la macroéconomie
keynésienne s’appuie sur une microéconomie fondée sur la théorie de la 2
concurrence imparfaite. C’est, dans ce cadre, que Kaldor développa une théorie
« keynésienne » de la répartition : le taux d’investissement, qui est une variable
exogène, détermine, pour des propensions à épargner données, la répartition
du revenu entre salaires et profits.
Parler d’une théorie keynésienne de la répartition peut apparaître paradoxal.
Keynes ne s’est pas intéressé, en tant que telle, à cette question et, dans la
Théorie Générale, il reprend la thèse néo-classique selon laquelle le taux de
salaire réel est égal à la productivité marginale du travail. Pourtant, dans le
Traité de la monnaie, il n’est pas loin de formuler l’idée centrale que
développèrent Kalecki, Kaldor et Pasinetti : les travailleurs dépensent ce qu’ils
gagnent, les capitalistes gagnent ce qu’ils dépensent. C’est la fameuse parabole
de « la jarre de la veuve ». Commentant les équations fondamentales qui, selon
lui, déterminent la valeur de la monnaie, Keynes note, en passant, une
particularité des profits qui en fait un revenu spécifique. « Si les entrepreneurs
choisissent de consommer une partie de leurs profits (et rien, bien sûr, ne les
empêche de le faire), l’effet est d’augmenter le profit qu’ils tirent de la vente des
biens de consommation disponibles d’un montant exactement égal au montant
des profits qu’ils ont, ainsi, dépensés… Ainsi, quelle que soit la part de leurs
profits que les entrepreneurs dépensent en les consommant, l’accroissement de
leur richesse sera la même qu’avant. Ainsi, les profits, en tant que source de
l’accroissement du capital des entrepreneurs, sont comme une cruche de la
veuve qui ne se vide jamais quelle que soit la part qui en est dissipée dans une
...