Les Travailleurs Migrants En Chine (2011)
Compte Rendu : Les Travailleurs Migrants En Chine (2011). Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Yalimk • 5 Décembre 2013 • 2 101 Mots (9 Pages) • 790 Vues
I) Vue d’ensemble de la situation socio-économique des travailleurs migrants en Chine :
Depuis 2009 en Chine, de nombreux mouvements sociaux ont éclaté, notamment des grèves. Ces mouvements touchent les ouvriers et les travailleurs migrants qui, d’une part, endurent des conditions de travail parfois inhumaines, et, d’autre part, sont rémunérés la plupart du temps en dessous du revenu minimum de la province dans laquelle ils travaillent, quand ils ont la chance de trouver un employeur qui accepte de les rémunérer. La province du Guangdong, en particulier dans le delta de la « Rivière des Perles »où se situent la plupart des usines qui ont fait de la Chine « l’atelier du monde », a été l’épicentre de ces mouvements. Ils sont particulièrement nombreux dans les usines des groupes étrangers. Ces mouvements, dont les réclamations sont généralement les mêmes : augmentation des salaires, amélioration des conditions de travail, paiement des retards sur les salaires et des heures supplémentaires, apport de garanties sur le travail, ainsi que l’implémentation d’avantages sociaux pour le travailleurs migrants.
Il est donc clair qu’aujourd’hui en Chine, le système social lèse les ouvriers et les travailleurs migrants, en particulier sur la question des retraites, et bien que la loi chinoise indique que les travailleurs migrants doivent contribuer à une pension de retraite, il était jusqu’à très récemment impossible pour ces derniers de transférer les fonds de leur pension d’une province à l’autre. Ce n’est qu’à partir du 1er Janvier 2010 qu’une loi permettant le transfert des comptes de sécurité sociale entre les provinces a été mise en application.
Cependant, bien que les fonds des comptes de sécurité sociale des travailleurs migrants peuvent maintenant les suivre dans leurs pérégrinations à travers les différentes provinces de Chine, l’argent contribué par leurs employeurs pour eux, lui, ne leur est pas accordé. Ceci est dû au fait que la Chine ne dispose pas encore d’un système de sécurité sociale au niveau national. Les différentes provinces ne souhaitent pas honorer le paiment de ces pensions à des travailleurs venant d’une autre province, et il y a également une résistance somme toute compréhensible des employeurs qui rechignent à payer aux travailleurs migrants une pension qu’ils savent qu’elle ne leur profiterait pas et serait littéralement avalée par le gouvernement local. La loi chinoise souligne cependant le fait que les employeurs doivent normalement contribuer à un schéma de pension de retraite géré par le gouvernement. Les travailleurs migrants étant extrêmement mobiles, ils ne restent en moyenne que quatre à six ans dans la même province, et peuvent même dans ce laps de temps se déplacer d’une ville à l’autre (le Journal du Peuple du 8 Janvier 2008).
C’est pourquoi, la plupart du temps, le mieux que les travailleurs migrants puissent faire est de retirer leur fond de pension auquel ils ont eux-même contribué avant de changer de province. La contribution de leurs employeurs, qui est bien supérieure à la leur, revient au gouvernement local. Il est donc évident que le système de sécurité social actuel en Chine vole les travailleurs migrants, et a besoin d’être réformé de façon urgente. Ce n’est donc pas étonnant de voir les gouvernements locaux des différentes provinces être prompts à renforcer les régulations de la sécurité sociale sur les entreprises employant majoritairement des travailleurs migrants, car ils gagnent des sommes conséquantes sur les contributions pour la sécurité sociale des migrants de ces entreprises. Et c’est donc à cause de cela que de telles usines sont enclain à ne pas verser ces pensions pour les travailleurs migrants.
Dans un essai publié dans le journal « China Beat », le professeur Mary Gallagher de l’université du Michigan, spécialiste du monde du travail en Chine, suggérait que des changements démographiques et sociaux améneraient les travailleurs migrants à renforcer leurs attentes. Dans le même temps, cependant, elle prévoit l’éventualité que les gouvernements locaux n’apporteront pas leur soutien total aux lois et décrets émanant de Beijing et visant à renforcer les associations commerciales locales.
Il y a eu, d’autre part, de nombreuses discussions à différents niveaux en Chine concernant une hypothétique réforme de l’actuel système de registre social « hukou », sous lequel les citoyens des zones rurales peuvent venir travailler en ville, mais ne peuvent pas être considérés commes des citoyens urbains, ce qui mène à l’incapacité d’accéder à de nombreux avantages sociaux et programmes de sécurité sociale, tout en limitant également les opportunités pour leurs enfants d’accéder à l’éducation. Découlant de tout cela, l’éclatement de grèves au coeur de groupes industriels à capitaux étrangers initiés par des travailleurs migrants ou d’autres ouvriers et travailleurs se sentant lésés en Chine est tout à fait logique, et soulève de nombreuses questions concernant l’avenir de la force de travail industrielle en Chine, tout en mettant en avant les nombreux points de tension qui sont en jeu.
II) Observation et analyse des cas de grèves de deux usines importantes en Chine continentale en 2010 :
Nous allons maintenant observer plus en détails deux cas concrets et importants de grèves en Chine continentale dans des entreprises à capitaux étrangers. Il est nécessaire de rappeler avant cela que les ouvriers des entreprises étrangères implantées en Chine subissent de conditions de travail plus mauvaises que les ouvriers des entreprises d’Etat chinoises, ainsi que de salaires moins importants, bien que les attentes de ces entreprises étrangères soient égales, voire supérieures, à celles des entreprises d’Etat.
Le premier que nous allons traiter, et non le moindre, est celui de l’usine Foxconn (du groupe taïwanais Hon Hai) située à Shenzhen. L’entreprise, fournisseur en particulier du groupe japonais Apple (et qui fabrique à Shenzhen, en particulier, les fameux iPhone), a déjà essuyé 16 tentatives de suicide cette année, et est réputée en Chine pour les conditions de travail très strictes qu’elle impose à ses employés ainsi que pour ses dortoirs aux conditions de logement déplorables, sans oublier de mentionner qu’elle est la plus grosse entreprise manufacturière de produits électroniques au monde. L’usine avait d’ailleurs déjà fait la une des tabloïds britanniques en 2006 pour les conditions de vie horribles de ses employés, de leurs salaires anormalement bas ainsi que des longues journées de travail
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