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Le financement de l’agriculture dans un contexte de libéralisation: quelle contribution de la microfinance

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Par   •  2 Mars 2015  •  Analyse sectorielle  •  5 430 Mots (22 Pages)  •  831 Vues

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Le financement de l’agriculture dans un contexte de libéralisation : quelle contribution de la microfinance ?

1960 - 1999 : De l’échec du “crédit agricole” aux limites de la microfinance ?

Le développement du financement rural a été marqué dans les quarante dernières années par un glissement sémantique et conceptuel, du “crédit agricole” vers la microfinance. Après les Indépendances, les politiques de financement du monde rural étaient largement fondées sur le seul concept de “crédit agricole”, ciblé, subventionné, considéré comme un intrant dans le processus de production et distribué via des banques agricoles, banques de développement ou des projets. Face au constat d’échec de ces approches, et dans un contexte global de libéralisation des économies du Sud, s’est progressivement imposé le concept plus englobant, de “marché financier rural”. L’objectif n’est plus de promouvoir un crédit sectoriel, mais de favoriser le développement et la fluidité d’un “marché des capitaux ruraux” dans lequel le “crédit rural” n’est plus qu’un instrument financier parmi d’autres, constitutifs du système d’intermédiation financière global, moins contraint, durable, plus largement développé, reliant les ménages à la sphère macro-économique.

Concrètement, ce changement conceptuel a conduit d’une part, à porter les efforts sur la création d’institutions capables d’offrir durablement aux populations rurales un accès au financement répondant à leurs besoins et à leurs contraintes réels ; d’autre part à responsabiliser le bénéficiaire des services de financement, notamment en lui donnant le libre choix de l’objet du crédit, à charge pour lui de payer le crédit à un coût permettant la durabilité du service financier. Sur cette base, s’est développée la microfinance. Celle-ci recouvre aujourd’hui des institutions de nature très diverse (réseaux mutualistes, caisses villageoises auto-gérées, entreprises de services financiers, banques, projets d’épargne-crédit), dont certaines atteignent une taille significative à l’échelle du développement, avec plusieurs millions de bénéficiaires. Le succès de certaines institutions de microfinance (IMF), la logique de développement de l’initiative privée qu’elles permettent de promouvoir, ont séduit les bailleurs de fonds, et un consensus large s’est établi autour de la microfinance comme levier du développement et de la lutte contre la pauvreté.

Mais malgré son “aura” médiatique et politique, la microfinance est aujourd’hui questionnée

De nombreuses études ont montré que la microfinance, le plus souvent fondée sur des crédits de court terme et de montant modique, peut avoir un impact positif sur la trésorerie des ménages, améliorer le lissage de leur consommation et dans une certaine mesure, renforcer leur résistance aux chocs économiques. Par contre, nombre d’observateurs s’interroge sur la capacité réelle de la microfinance à stimuler les processus d’accumulation des ménages et à contribuer à l’investissement productif. Par ailleurs, les analyses d’impact montrent que les IMF arrivent à financer le développement des activités rurales telles que le commerce, l’artisanat, la transformation agro-alimentaire, mais répondent moins bien aux besoins de l’agriculture. Les activités rurales financées génèrent des revenus réguliers, relativement sûrs, avec des cycles de rotation du capital rapides limitant les risques et permettant des taux de rentabilité élevés. Peu d’activités agricoles présentent ces caractéristiques. La rentabilité des activités agricoles est souvent limitée et difficilement compatible avec les taux d’intérêts élevés que la microfinance est obligée de pratiquer pour assurer sa pérennisation. Le financement de l’agriculture présente des contraintes spécifiques, tant en termes de diversité des services nécessaires (besoins de trésorerie, de fonds de roulement, d'investissements de moyens et de longs terme) qu’en termes de risque (incertitude sur la production, risques co-variants (climatique, sanitaire, ...), risques économiques). Tout cela explique d’une part que les emprunteurs ruraux, même agriculteurs, marquent souvent une préférence pour l’investissement dans des activités rurales plutôt qu’agricoles et que d’autre part, les IMF se montrent prudentes à l’égard de ce type de financement. En Afrique tout particulièrement, au bout de quinze ans de croissance des IMF, la question du crédit agricole reste donc récurrente et essentielle pour le développement des agricultures familiales.

Les besoins de financement des agricultures familiales sont immenses

Les agricultures familiales africaines ont besoin de s’intensifier, de se moderniser, de financer l’innovation technique, organisationnelle... Leurs besoins en services financiers portent sur du crédit (de court terme pour la campagne, l’embouche, la soudure ; de moyen terme pour l’équipement ; de long terme pour l’équipement lourd, les plantations..), mais aussi sur des formes d’épargne adaptées et des services d’assurance. Les caractéristiques de la demande (type de services, montants, rythme de remboursement du crédit, type de garantie mobilisable...) sont extrêmement diverses, variant en fonction des zones agro-écologiques, des systèmes de production plus ou moins diversifiés et intensifs, des types d’acteurs (hommes, femmes, jeunes en cours d’installation, entrepreneurs agricoles, organisations paysannes...), du degré d’insertion dans le marché... En règle générale, le budget de l’exploitation agricole est étroitement inséré dans les budgets des ménages, et les financements des activités agricoles et non agricoles, de la consommation et des investissements familiaux sont fortement liés. Mais, dans le cadre des agricultures familiales en cours de modernisation, notamment en zone péri-urbaine dans les pays côtiers, émergent progressivement une nouvelle catégorie d’acteurs, les “entrepreneurs agricoles”, dont les besoins de financement s’inscrivent dans une logique plus individualiste et entrepreneuriale. C’est donc à cette diversité et à cette complexité qu’il s’agit de répondre.

Et la libéralisation des principales filières de production agricole va les amplifier

Dans la plupart des pays d’Afrique de l’Ouest, une large part du crédit à l’agriculture transitait jusqu’à présent par les

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