Le concept de sécurité et d'économie
Analyse sectorielle : Le concept de sécurité et d'économie. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar fireflycj • 9 Février 2015 • Analyse sectorielle • 4 972 Mots (20 Pages) • 544 Vues
Le concept de sécurité et l’économie
Jacques Fontanel
Le concept de sécurité internationale est particulièrement difficile à conceptualiser. Aujourd’hui, il existe des indicateurs qui sont souvent avancés pour comprendre les facteurs de danger de la situation présente.
En fait, plusieurs indicateurs peuvent être utilisés:
- Le nombre de conflits dans le monde est significatif de l’insécurité internationale. En 2003, 29 conflits étaient clairement répertoriés, sans pour autant disposer d’une mesure de leur gravité respective. Il faudrait tenir compte du nombre de tués, des destructions effectives, de l’intervention ou non des grandes puissances et des effets à long terme de l’issue des conflits. Ces chiffres sont un peu trompeurs. La situation de 2003 est au moins aussi inquiétante que celle de 1993, période pendant laquelle on en dénombrait le double, mais aussi une situation positive de fin d’antagonisme des systèmes.
- Le nombre de têtes nucléaires est aussi significatif du danger. En 1986, il y avait 65.000 têtes nucléaires. Aujourd’hui, il en reste un peu moins de 20.000. Ce constat doit être relativisé. D’abord, les progrès technologiques ont continué à rendre les armes plus efficaces et plus diversifiées quant à leur emploi. Ensuite, les Etats-Unis se sont retirés du Traité ABM (anti-ballistic missiles) qui avait été engagé en 1972 avec l’accord SALT1. Le deuxième accord SALT2 qui avait pour objectif de plafonner le nombre d’armes stratégiques offensives n’a jamais été ratifié. Enfin, la Conférence du désarmement a perdu de son pouvoir de persuasion pour signer de nouveaux accords et même à faire respecter les anciennes conventions comme le TNP (traité de non-prolifération nucléaire), la convention sur l’interdiction de modification de l’environnement à des fins militaires (1977), les traités sur le fond des mers (1971), la Convention sur l’interdiction des armes biologiques (1972), chimiques (1993) et des essais nucléaires (1996). Les Etats-Unis s’opposent aujourd’hui à tout contrôle des armements, ils dénoncent progressivement tous les traités internationaux et ils affaiblissent le rapport de confiance élaboré patiemment ces trente dernières années.
- La prolifération des armes conventionnelles est repartie. Il existe plus de 700 millions d’armes dans le monde qui alimentent les guerres civiles. Il y a dix balles pour chaque personne vivante en stock. Les efforts des Nations Unies pour la traçabilité des armes légères doivent être encouragés.
- L’indicateur des dépenses militaires est souvent utilisé . En dollars 2003, les dépenses militaires mondiales étaient de 1000 milliards de dollars à la fin des années 1970, 1300 milliards de dollars en 1987, et 1100 milliards de dollars en 2005. La « crise » de l’armement a surtout été due à trois facteurs importants. D’abord, la fin de la guerre froide a réduit les tensions et a rendu difficile la mise en place d’une nouvelle stratégie de défense. Dans l’inconnu, il est difficile de déterminer les armes efficaces pour une menace floue. Ensuite, la crise des finances publiques a conduit à rendre moins prioritaires les dépenses militaires. Enfin, la crise économique des économies de la transition a conduit à l’effondrement du secteur militaire dans ces pays (autrefois membres de l’URSS ou du Pacte de Varsovie). Les Etats-Unis dépensent aujourd’hui la moitié des dépenses militaires mondiales. Il s’agit donc bien de définir une force américaine capable non plus de contenir l’URSS mais le monde entier. La guerre contre le terrorisme, multiforme, est à ce prix.
- La « reconversion » des infrastructures militaires et des industries d’armement peut être aussi analysée. Aujourd’hui, les Etats-Unis ont relancé la course aux armements. Il est improbable que les autres pays ne lui emboîtent le pas, avec un temps de retard. Le complexe militaro-industriel (CMI) s’est restructuré, depuis les événements du 11 septembre 2001 avec le développement de nouveaux concepts d’armes et la construction très onéreuse des missiles anti-missiles. Avec l’ouverture des frontières, l’acceptation des monopoles nationaux de l’industrie d’armement, la force donnée à la recherche-développement militaire, le CMI a redressé la tête et se présente comme l’initiateur de nombreuses nouvelles recherches qui auront, sans doute, des applications civiles retardées.
- L’ONU a pu croire, jusqu’en 2003, à son renouveau. Or, cette organisation est aujourd’hui endettée et les Etats membre ne lui ont pas donné les moyens pour mener les opérations de maintien de la paix (ex-Yougoslavie, Somalie, Rwanda).En outre, elle ne peut s’opposer au puissant gouvernement américain qui agit sans son soutien. Le maintien de la paix lui-même mené par l’ONU pose problème. Il conduit souvent à d’autres formes de guerre qui mettent la communauté internationale en porte-à-faux. Or, les actions de « peacekeeping » ne sont efficaces que si les parties en présence veulent bien aussi envisager une voie pacifique à leur conflit. Les résultats ont été mitigés, des échecs en Somalie et surtout au Rwanda, au contrôle de la situation en Erythrée ou au Burundi. Le budget de ces missions représente aujourd’hui 3 milliards de dollars, ce qui ne représente pas 1% des dépenses militaires des Etats-Unis.
En règle générale, le concept de sécurité économique, stricto sensu, prend en compte l’importance des conflits existants, l’évolution des dépenses militaires comme indicateur et certaines dépenses intérieures relatives à l’intelligence économique et à la sécurité intérieure, notamment de la lutte contre le terrorisme. Pourtant, la sécurité économique met aussi en mouvement les questions de développement, de faim ou de pauvreté. Les économies industrialisées connaissent de nouvelles angoisses, comment expliquer aux pays en développement que leur propre développement ne leur est pas immédiatement applicable, car celui-ci n’existe que parce que les autres ne l’ont pas. Nous ne sommes plus, sur les trois décennies à venir, dans un jeu à somme positive, mais bien dans un jeu à somme nulle dans le meilleur des cas. L’accès aux ressources des matières premières et énergétiques, la libre concurrence du travail et des capitaux créent des conditions d’incertitude que les plus puissants cherchent à contenir. En dernier ressort, l’appel à la puissance militaire peut être un recours revendiqué.
Dans le concept de sécurité économique, on fait souvent référence aux moyens, alors que les causes de l’insécurité
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