Le chômage et s'ils avaient tous tord
Commentaire de texte : Le chômage et s'ils avaient tous tord. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Letudiant96 • 28 Février 2018 • Commentaire de texte • 1 397 Mots (6 Pages) • 437 Vues
Olivier Blanchard est un économiste néo-keynésien français, professeur d’économie au MIT depuis 1983 et ancien économiste en chef du FMI de 2008 à 2015. Dans une tribune du journal Libération paru le 20 mars 1995 et intitulée « Le chômage, et s’ils avaient tous tort ? », il s’interroge sur la manière dont la France et les autres Etats peuvent solutionner le problème récurrent du chômage. Au début des années 90 les pays développés voient leur croissance ralentir, le TCAM devenant même négatif pour la plupart des économies européennes en 1993. De plus, depuis la fin des Trente Glorieuses et la chute du paradigme keynésien, les pays occidentaux sont confrontés à une hausse du chômage plus ou moins importante selon les régions. En 1994 le taux de chômage avoisine les 12,3% en France et les 11,4% si on prend la communauté européenne dans son ensemble. Dans un contexte d’internationalisation des échanges et de mondialisation de plus en plus accrue – grâce notamment à l’émergence d’internet – la pensée néoclassique et libérale domine le débat public. Cependant la problématique de l’inactivité peine à être résout. Comment, à la lumière du passé et au regard des faits contemporains, Olivier Blanchard tente-t-il d’appréhender l’épineuse question du chômage ? En se basant sur les épisodes antécédents de l’histoire économique il montre que la relance de la demande, élément clef des politiques keynésiennes, est un levier incontestable de la croissance, synonyme de retour à l’emploi. Puis il argumente que la dérèglementation du marché du travail n’est pas la solution pour combattre efficacement le chômage.
Dès le début de son argumentation et après avoir succinctement définit ce que le courant intellectuel économique dominant présentait comme « bon » pour l’emploi, Olivier Blanchard émet l’idée d’un retour aux fondamentaux qui ont fait le bonheur de l’économie mondiale vingt ans auparavant. Pour se faire il prend pour exemple trois situations distinctes : l’Angleterre de Churchill des années 20, la Grande Dépression de 1929 et les Etats-Unis contemporains. Le tout est articulé autour d’un seul et unique prisme : la demande est le moteur de la croissance. Au sortir de la 1ère Guerre Mondiale Churchill affirme que « la livre doit pouvoir regarder le dollar en face ». La parité livre – or est rétablie et égale en 1925 ce qu’elle était en 1914. La livre est par la suite surévaluée, ce qui provoque une baisse de la compétitivité des entreprises anglaises, une réduction des exportations (baisse de la demande extérieure) et une hausse des importations. Dès lors, faillites et licenciements affectent la demande interne, accentuant à son tour le chômage. Olivier Blanchard montre ici toute l’importance de la demande dans la détermination des emplois. En 1929, la crise boursière résultant de l’incertitude puis de la panique affaiblie considérablement le secteur bancaire. L’arrêt du crédit et le désordre des paiements mondiaux suite aux dévaluations fait que la production de 1932 est 40% plus basse que celle de 1929. La faiblesse de l’économie productive n’a d’autre effet qu’un chômage de masse qui mortifie la demande. La doctrine classique étant prédominante les politiques économiques butent sur des limites budgétaires. Or, pour Keynes le déficit budgétaire ne doit pas être une contrainte car suite à une augmentation des dépenses publiques et/ou une réduction des taxes, l’Etat sera en mesure de soutenir la production et d’inverser la tendance récessionnaire. Effectivement au travers du multiplicateur budgétaire et/ou fiscale l’Etat soutient la production et donc l’emploi au travers de la redistribution du revenu. Or selon la loi psychologique fondamentale « les hommes tendent à accroître leur consommation à mesure que le revenu croît ». La consommation étant d’après Keynes la composante principale de la demande globale, la production repartira à la hausse. Cette hausse permettra la réduction du chômage et une meilleure allocation des revenus. Au-travers des prévisions des entrepreneurs et de la demande anticipée, l’investissement et la production augmenteront, faisant rentrer l’économie dans un cercle vertueux de croissance. Pour les Etats-Unis contemporains de cet article, la politique de rigueur mise en place par le passé a permis une accumulation du capital suffisante pour pouvoir développer de manière intensive les NTIC, le tout conjugué avec une politique monétaire caractérisée par de faibles taux d’intérêt. Les investissements réalisés permirent la réduction du chômage et parallèlement une hausse de la demande renforçant ce mouvement. En adoptant une démarche historique Olivier Blanchard nous montre toute « l’importance des forces de demande » pour réduire le chômage.
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