Le Juge Administratif
Compte Rendu : Le Juge Administratif. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar joeleblanc • 20 Novembre 2012 • 2 100 Mots (9 Pages) • 8 727 Vues
Dissertation : le juge administratif, juge de l’administration
La France se caractérise par une organisation juridictionnelle originale. Les juridictions se divisent en deux grandes catégories : d’un, côté, des juridictions judiciaires, qui tranchent les litiges entre personnes privées et opposant l’Etat aux personnes privées ; de l’autre, des juridictions administratives, qui jugent les affaires opposant les administrations aux administrés, ou encore différentes personnes publiques entre elles.
Selon Gérard Cornu, au sens générique, un juge est toute juridiction, quel que soit son degré dans la hiérarchie, son pouvoir, l’origine de son investiture, sa composition, ou même l’ordre auquel elle appartient ; tout organe doté d’un pouvoir juridictionnel. Toujours selon Cornu, l’administration est l’ensemble des services et des agents groupés sous l’autorité des ministres ou, plus spécifiquement, placés sous une même direction pour l’exécution d’une tâche administrative déterminée.
Ici, on s’intéressera plus précisément aux juridictions administratives et donc au juge administratif afin de mieux définir et déterminer son champ d’action.
La France est ancrée dans un dualisme juridictionnel qui date de la séparation des pouvoirs et des fonctions issue de la loi des 16 et 24 août 1790. C’est cette évolution qui fait que, en passant par la justice retenue, on en est arrivé à la juridiction déléguée à ce nouveau juge spécialisé pour les affaires administratives qui est le juge administratif. Le dualisme juridictionnel a façonné notre droit de manière forte. D’autant plus forte qu’il est appuyé sur le dualisme juridique (droit privé et droit public) dans la mesure où chaque juge a son droit et réciproquement chaque droit à son juge.
Cependant, ce dualisme juridictionnel ne va pas de soi dans tous les cas. Dans 99% des cas, on sait quel juge choisir, mais que fait-on du 1% qui reste ? Il existe en effet des cas où le juge administratif ne va pas être compétent dans une situation où on l’attendait. Il existe donc des situations où l’on va se poser la question de quelle juridiction saisir. On peut donc se poser la question de savoir si le juge administratif est le juge de l’administration uniquement ?
On verra donc ici dans une première partie la nécessité du juge administratif et ses compétences propres (I) et dans une seconde partie, on verra qu’il existe des exceptions à la compétence du juge administratif (II).
I) La nécessité du juge administratif
On verra d’abord les origines de la juridiction administrative et son fondement (A) et ensuite on s’intéressera aux compétences propres du juge administratif (B).
A/ Les origines de la juridiction administrative
La juridiction administrative donc le juge administratif est issu de la loi des 16 et 24 août 1790 sur l’organisation judiciaire : « Les fonctions judiciaires sont et demeureront toujours séparées, les juges ne pourront à peine de forfaiture troubler de quelque manière que ce soit les opérations des corps administratifs ni citer devant eux les administrateurs pour raison de leur fonction ». Le texte fut très relativement respecté donc les pouvoirs publics ont rappelé leur règle dans le décret du 16 fructidor an III : « Défenses itératives sont faites aux tribunaux de connaître des actes d’administration, de quelque espèce qu’ils soient, aux peines de droit ». A l’époque il n’y avait qu’une seule catégorie de juges, les juges judicaires que l’on connaît aujourd’hui. Aucun autre état n’avait envisagé cette séparation des fonctions entre juge judiciaire et juge administratif.
De par des nécessités pratiques dues à un contentieux administratif, le Conseil d’Etat va se retrouver à étudier ces affaires afin de les trancher. Le chef d’Etat ayant toujours suivi son avis, on a pris l’habitude de dire que c’était le Conseil d’Etat qui tranchait ces litiges, on a alors parlé de justice retenue. La Constitution du 22 frimaire an VIII prévoit, en son article 52, la création du Conseil d’Etat, chargé à la fois de préparer les textes du gouvernement et de régler (en proposant une solution au chef de l’Etat) les litiges « s’élevant en matière administrative ».
Afin d’organiser le flot des affaires, on a mis en place une procédure contentieuse administrative. On a donc créé au sein du Conseil d’Etat un organe propre en 1806. On a également créé un ordre d’avocats au Conseil qui forment un ordre distinct des barreaux à la Cour, cet ordre a le monopole de la représentation des parties devant les Cours suprêmes. En fin de compte, on a pris l’habitude de voir le Conseil d’Etat comme un juge administratif. La loi du 24 mai 1872 met le droit en harmonie avec le fait et donne au Conseil d’Etat le statut du juge souverain. On passe de la justice d’Etat à la justice déléguée.
C’est ce passage à la justice déléguée qui caractérise la naissance du juge administratif.
B/ Les compétences du juge administratif
La mission du juge administratif est, globalement, de contrôler et, éventuellement, de sanctionner l’administration. Les recours, qui peuvent être exercés devant lui, se répartissent en quatre catégories. Cette classification est encore utilisée en dépit des critiques et des nouveaux schémas proposés.
Le recours pour excès de pouvoir est la plus connue des actions qui peuvent être engagées devant la juridiction administrative. Il s’agit d’un recours par lequel le requérant (demandeur) demande au juge de contrôler la légalité d’une décision administrative et d’en prononcer l’annulation s’il y a lieu. Aucun texte ne l’a expressément prévu. C’est le Conseil d’État qui a progressivement construit cet élément essentiel du contrôle de l’administration. Il en a fait un principe général du droit par son arrêt Dame Lamotte du 17 février 1950. Lorsqu'il constate qu'une décision administrative est illégale (sept cas d'illégalité : incompétence de l'auteur de l'acte, vice de procédure, vice de forme, violation de la loi, erreur de fait, erreur de droit, erreur dans la qualification juridique des faits, détournement de pouvoir), il en prononce l'annulation. Tout se passe alors comme si cette décision n'avait jamais existé. L'annulation, dans certains cas, peut conduire le juge administratif à ordonner de prendre une nouvelle décision dans un sens déterminé.
On a ensuite le contentieux de plein juridiction (ou de plein contentieux). Cette formulation
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