Fiche De Lecture: La Prospérité Du Vice de Daniel Cohen
Dissertations Gratuits : Fiche De Lecture: La Prospérité Du Vice de Daniel Cohen. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar tictacprune • 23 Mai 2013 • 3 605 Mots (15 Pages) • 3 983 Vues
La Prospérité du vice
Daniel Cohen
Daniel Cohen est un économiste français spécialiste des questions d’endettement et d’histoire financière récente. Dans cet ouvrage, il retrace l’histoire de l’humanité pour nous montrer que finalement la paix n’est pas compatible avec la prospérité. Il s’inquiète de l’avenir du monde, les erreurs européennes du passé pourraient-elles se répéter ? A quelles sortes de menaces devons-nous maintenant faire face ?
I. Pourquoi l’occident ?
Dans cette première partie, l’auteur retrace l’histoire de l’humanité à partir de la révolution néolithique. Les raisons pour lesquelles l’homme s’est sédentarisé, des raisons sociales, ce qui aurait entraîné la naissance de l’agriculture. Cette première révolution pour l’humanité est aussi une première mondialisation, puisque l’agriculture s’impose partout ou presque, et avec elle les prémisses d’une « tyrannie de la productivité ».
La propagation de l’agriculture a provoqué une forte augmentation de la densité de peuplement entrainant à son tour une diversification des secteurs de travail et donc un véritable bond technologique.
Mais ce n’est qu’entre le XIIème et le XIIIème siècle que naît la possibilité d’une croissance perpétuelle. Le « miracle européen » s’explique en grande partie par les rivalités entre les nations ce qui implique des guerres. Peu à peu les mentalités évoluent, la population s’en remet à la police et à la justice, la « civilisation des mœurs » est née et la propriété des biens s’impose. La rivalité des pays européens les amène à se surpasser dans tous les domaines pour faire mieux que les autres.
Daniel Cohen décrit alors le phénomène de la loi de Malthus selon laquelle la population croît plus rapidement que le niveau des ressources disponibles. L’Europe est alors bloquée par ce « verrou agricole ». En effet, la population est frappée à plusieurs reprise par trois fléau : la famine, la peste et la guerre qui brisent l’expansion démographique et permettent alors de profiter d’une meilleure productivité agricole en se concentrant sur les terres les plus fertiles. C’est la science sinistre.
Pour Malthus, « Le bon gouvernement nuit, à terme, au bien-être public. Ce qui apparaît comme un bien, la paix, la stabilité, l’hygiène publique, se transforme en malédiction : car tous favorisent l’expansion démographique et finalement la misère. Au contraire, les vices que sont la guerre, la violence, la mauvaise vie créent une situation inverse : ils cassent l’expansion démographique, ce qui permet (à ceux qui survivent) de mieux vivre » (p. 70).
Vers le milieu du XVIIIème siècle, l’Europe connait un deuxième grand tournant après la révolution néolithique, c’est la révolution industrielle. L’émergence de nouvelle technologie comme la machine à vapeur de James Watt par exemple ou encore la machine à énergie hydraulique de Arkwright permettent d’optimiser le travail des ouvriers, avec un meilleur rendement, leurs salaires augmentent.
En Angleterre, l’essor industriel s’accompagne d’une forte poussée démographique. Mais les revenus croissent en même temps que la population. En effet, en inventant une stratégie de croissance qui repose sur l’exportation de sa production industrielle et l’importation des produits de la terre, l’Angleterre est parvenue à éviter le verrou promis par la loi de Malthus. Le bois vient d’Australie, le jute d’Inde, la laine d’Australie, l’huile de palme d’Afrique, le coton d’Amérique. L’Angleterre bénéficie en outre d’importantes réserves en charbon, qui font tourner l’industrie textile, le chemin de fer et le bateau à vapeur. Mais pour exploiter les territoires américains encore vierges, il faudra trouver une main-d’œuvre, qui sera procurée par l’esclavage. S’instaure alors un commerce triangulaire : l’Afrique fournit les esclaves à l’Amérique qui fournit le coton à l’Angleterre qui vend ses textiles en Afrique.
Vers le milieu du XVIIIème siècle, les économistes vont penser la possibilité d’une économie entièrement régie par le fonctionnement des marchés. Adam Smith explique que le marché garantit à chacun la possibilité de troquer le surplus du produit de son travail contre les denrées dont il a besoin. En effet, ces échanges ne reposent pas sur la générosité mais sur l’intérêt de chacun. C’est la théorie de la « main invisible ». Dans une économie de marché, non seulement la question des motivations, du bien et du mal, ne se pose plus, mais l’enrichissement de la société encourage la division du travail qui elle-même permet d’accroître la productivité. « Un enrichissement indéfini devient possible » (p. 96).
Pour Karl Marx, le capitalisme engendre la lutte des classes. L’ouvrier reçoit le prix de sa force de travail et le patron garde les profits engrangés grâce à la plus-value. Pour contraindre les prolétaires à accepter des salaires de misère, il suffit au capitalisme de maintenir une « armée de réserve industrielle », une masse de chômeurs prêts à remplacer à tout moment les travailleurs. De plus, les machines, en réduisant la demande de travail, entretiennent cette misère.
Ce dernier point sera contesté par la théorie néoclassique : l’homme et la machine seraient en réalité complémentaires, comme autrefois l’homme et la terre, puisqu’en augmentant la productivité de l’homme, la machine permet aussi la hausse des salaires. Mais alors qu’on ne pouvait pas étendre les terres disponibles, on peut toujours augmenter le nombre des machines.
Dans le monde industriel, la poussée démographique n’est plus un problème puisque le capitalisme déjoue la loi des rendements décroissants et se voit régi par « une loi des rendements constants ». En fait, non content de rester stable, le revenu augmente. Robert Solow a expliqué ce phénomène en soulignant l’importance du progrès technique, qui permet de multiplier les heures travaillées. Derrière chaque travailleur se cachent des « humanoïdes », sous la forme de technologies nouvelles.
Pour Michael Kremer, plus il y a d’êtres humains sur terre, plus les idées jaillissent, plus on a de chances de résoudre les problèmes. C’est le principe de Mozart. À l’ère industrielle, un autre processus auto-catalytique entre en œuvre, l’accroissement de la taille des marchés, qui permet de réaliser des économies d’échelle. Pour Adam Smith, ces rendements d’échelle croissants entrent en contradiction
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