Dissertation: Dans quelle mesure la socialisation scolaire détourne-t-elle les jeunes du statut social qu'ils ont reçus de leur famille ?
Dissertation : Dissertation: Dans quelle mesure la socialisation scolaire détourne-t-elle les jeunes du statut social qu'ils ont reçus de leur famille ?. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Dude01 • 24 Novembre 2012 • 3 002 Mots (13 Pages) • 2 180 Vues
DISSERTATION
Corrigé
Sujet : Dans quelle mesure la socialisation scolaire détourne-t-elle les jeunes du statut social qu'ils ont reçus de leur famille ?
DOCUMENT 1 -
C'est l'école qui réalise pleinement l'égalité, c'est grâce à elle qu'elle se réalise. Par ses valeurs de justice et d'égalité, l'école est résolument méritocratique ; le sexe n'entre pas en ligne de compte dans la formation et l'évaluation des individus. On entend souvent dire que l'école est en retard sur tout, que la modernisation des moeurs s'opère dans la famille et celles des techniques dans l'entreprise ; mais dans le domaine de l'égalité entre hommes et femmes, c'est faux, c'est même l'inverse. En amont comme en aval, la famille et l'entreprise sont beaucoup plus traditionalistes que l'école.(...)
Les conséquences de cette différenciation de socialisation primaire peuvent être observées dans une cour de récréation : une étude faite avec une caméra fixe a montré que les filles restent par groupes de deux, trois ou quatre autour de la cour, sur les bords, qu'elles bougent peu, parlent beaucoup ou jouent à des jeux comme l'élastique qui réclament un maximum de règles et un minimum de partenaires ; les garçons eux, sillonnent en tout sens la cour, jouent à s'attraper les uns les autres avec un minimum de règles, un maximum de partenaires et d'espace. C'est un comportement significatif que l'on retrouve dans tous les domaines parce que, très tôt, garçons et filles ont été comme préaffectés à des formes diverses d'activités.
( Source : C.Baudelot et R.Establet, Entretien dans L'Université syndicaliste, 18 décembre 1992 )
DOCUMENT 2 -
Je travaillais mes cours, j'écoutais des disques, je lisais, toujours dans ma chambre. Je n'en descen- dais que pour me mettre à table. On mangeait sans parler. Je ne riais jamais à la maison. Je faisais de "l'ironie". C'est le temps où tout ce qui me touche de près m'est étranger. J'émigre doucement vers le monde petit-bourgeois, admise dans ces surboums dont la seule condition d'accès, mais si difficile, consiste à ne pas être cucul. Tout ce que j'aimais me semble péquenot, Luis Mariano, les romans de Marie-Anne Desmarets, Daniel Gray, le rouge à lèvre et la poupée gagnée à la foire qui étale sa robe de paillettes sur mon lit. Même les idées de mon milieu me paraissent ridicules, des préjugés, par exemple, "la police, il en faut" ou "on n'est pas un homme tant qu'on n'a pas fait son service". L'univers pour moi s'est retourné.
Je lisais la "vraie" littérature, et je recopiais des phrases, des vers, qui, je croyais, exprimaient mon "âme", l'indicible de ma vie.
Mon père est entré dans la catégorie des gens simples ou modestes ou braves gens. Il n'osait plus me raconter des histoires de son enfance. Je ne lui parlais plus de mes études. Sauf le latin parce qu'il avait servi la messe, elles lui étaient incompréhensibles et il refusait de faire mine de s'y intéresser, à la différence de ma mère. Il se fâchait quand je me plaignais du travail ou critiquait les cours. Le mot "prof" lui déplaisait, ou "dirlo", même "bouquin". Et toujours la peur ou peut-être le désir que je n'y arrive pas.
( Source : A.Ernaux, La Place, Folio, Gallimard, 1989 )
DOCUMENT 3 - Évolution de la proportion de bacheliers dans une génération ( en % )
( Source : DEP, Ministère de l'Education nationale 2001 )
DOCUMENT 4 -
Au lycée, les filles prennent beaucoup plus souvent le chemin des Lettres que des Mathématiques : au cours de l'année scolaire 1993-1994, elles ont constitué 80% des élèves présentés dans la série L contre 40% en série S. Plus surprenant, ces taux n'ont quasiment pas évolué depuis le début des années 80. Dans ces conditions, les filles représentent moins d'un quart des élèves ingénieurs dans l'enseignement supé- rieur.
Dans les filières professionnelles, les spécialisations sont encore plus nettes : elles préparent l'entrée dans une vie active où hommes et femmes n'occupent pas les mêmes emplois. Les filles ont représenté 2,9% des bacheliers en électronique contre 97,4% en médico-social.
Comment expliquer la persistance de telles spécialisations filles-garçons ? Les choix se font au moment de l'orientation. Comme le montrent C.Baudelot et R.Establet, à résultats scolaires identiques, les filles ont tendance à se dévaloriser vis à vis des garçons. De leur côté, les enseignants ne poussent pas à la promotion des filles vers les filières scientifiques. Pour Marie Duru-Bellat, les choix féminins sont des sortes d'"anticipations raisonnables". "les filles s'adaptent à leur futur probable" : elles anticipent un "besoin de temps libre" pour élever des enfants, et les difficultés d'intégration dans des métiers où elles sont encore très minoritaires ( ingénieurs, cadres dirigeants par exemple ). Ces choix ont été préparés par une éducation différenciée depuis la toute petite enfance.
( Source : Alternatives Economiques, Hors série n° 26, 1996 )
DOCUMENT 5 - Part des étudiants des grandes écoles d’origine populaire ( en % )
( origine populaire = paysans, ouvriers, employés, artisans et commerçants )
( Source : M.Euriat et C.Thélot, Education et formations, juin 1995 )
DOCUMENT 6 -
L'attention à la vie scolaire des enfants commence dès leur plus jeune âge. Par exemple, l'école maternelle privée connaît un certain succès parce qu'elle enseigne la lecture dès avant le cours
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