Dans quelle mesure les individus développent des mécanismes de soumission et d’acceptation de l’autorité qui les poussent à accepter l’autorité d’un État ?
Commentaire de texte : Dans quelle mesure les individus développent des mécanismes de soumission et d’acceptation de l’autorité qui les poussent à accepter l’autorité d’un État ?. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar bro2_euros • 10 Mai 2021 • Commentaire de texte • 2 070 Mots (9 Pages) • 444 Vues
Milgram, Soumission à l’autorité( 1974 )
&
Hermet, Autoritarisme, démocratie et neutralité axiologique
Les individus dans une société se soumettent aux règles, parfois ces règles nous paraissent immorales, inhumaines, mais malgré ça, les individus s’y conforment. Le film Die Welle, La vague en français est un film allemand réalisé par Dennis Gensel, ce film en question nous montre ce schéma d’autorité où des élèves sont poussés à commettre des actes qui défient le sens commun sous l’autorité de leur professeur. Il est donc question de comprendre les mécanismes qui amènent les individus à se soumettre à une autorité, ici l’État. Pour cela nous allons analyser deux textes, le premier est celui de Stanley Milgram, Soumission à l’autorité, publié en 1974 à Paris, et le second est celui de Guy Hermet, Autoritarisme, démocratie et neutralité axiologique chez Juan Lin, publié en 2006. Stanley Milgram, né à New York en août 1933 et est décédé en décembre 1984. Il est une figure emblématique de la psychologie sociale du XXe siècle. Après des études en sciences politiques au Queens College de New York, de 1950 à 1954 , il mène à bien un doctorat en psychologie sociale à Harvard de 1954 à 1960, sur le thème du conformisme, sous la supervision de Solomon Asch. C’était un psychologue social controversé dont l’héritage est l’un des plus importants dans ce domaine. Ses expériences controversées sur l’obéissance ont démontré à quel point les êtres humains sont capables d’obéir à une tous types d’autorité. Stanley Milgram est celui qui est à l’origine du terme “état agentique”, un état dans lequel les gens prennent des mesures contraires à leurs propres valeurs. Ses recherches ont démontré la dangerosité de la prédisposition humaine à obéir à l’autorité au point de nous dépouiller de notre sens des responsabilités. Dans quelle mesure une personne est-elle prête à agir contre ses propres valeurs en obéissant à l’autorité ? C’est à cette question que Stanley Milgram voulait répondre par ses expériences. Leurs résultats ont été des plus révélateurs. Toutefois, elles créèrent un scandale pour la communauté scientifique. D’autre part, Guy Hermet est né en juin 1934 à Paris, est un sociologue, politologue et historien français. Docteur en sociologie et docteur d'État ès Lettres, chercheur à la Fondation nationale des sciences politiques à partir de 1962. Directeur d'études à la Fondation nationale des sciences politiques de Paris. Il a également été professeur à l'université de Lausanne et à l'Institut universitaire des hautes études internationales de Genève. Après avoir étudié les régimes autoritaires hispaniques, ses recherches se sont tournées vers l'analyse des transitions démocratiques dans l'Europe méridionale et l'Amérique latine avant de porter sur les évolutions post-démocratiques récentes. Il croit la forme actuelle de la démocratie vouée à disparaître. Ainsi, il convient donc de se demander, dans quelle mesure les individus développent des mécanismes de soumission et d’acceptation de l’autorité qui les poussent à accepter l’autorité d’un État (qu’il soit démocratique, autoritaire ou bien totalitaire) ? Et à l’inverse, quelles sont les caractéristiques qui permettent à l’État d’affirmer son autorité ?
Afin de répondre à cette problématique, dans une première partie nous développerons le fait que l’influence sociale et culturelle créée des mécanismes d’acceptation de l’autorité ; puis dans une deuxième partie nous verrons que, pour subsister, un État doit prouver sa légitimité à user de l’autorité.
Tout d’abord, on observe que l’influence sociale et culturelle met en place des mécanismes d’acceptation de l’autorité.
Premièrement, l’acceptation naturelle d’un État par l’individu passe par des institutions comme, la famille et l’école : « Les vingt premières années de la vie d'un individu se passent à fonctionner en tant qu'élément subordonné dans un système d'autorité » . L’individu apprend à respecter des structures d’autorité, il intériorise des règles dès l’enfance dans le cadre familial puis institutionnel. L’enfant va donc naturellement du respect vis -à -vis des personnes qui représentent pour lui une figure d’autorité (parents, maîtres, adultes en général) : « Le sujet a grandi au milieu de structures d'autorité. Depuis son plus jeune âge, il a été soumis à la discipline imposée par ses parents, ce qui lui a inculqué un sentiment de respect pour l'autorité des adultes. Les injonctions familiales sont également à la source des impératifs éthiques » « il est transféré dans un système d'autorité institutionnel, l'école […] on lui apprend à fonctionner à l'intérieur d'un cadre organisationnel. Ses actions sont réglementées en majeure partie par ses maîtres » . On remarque aussi que l’objectif pour un État, est que son acceptation par les individus soit naturelle, c'est-à dire, qu’elle soit pour eux intégrée dès leur plus jeune âge comme étant naturelle, quelque soit la forme et la nature de l’État, aussi bien autoritaire, totalitaire que démocratique : « Dans cette lumière, il apparaît qu’à l’inverse, les régimes totalitaires aussi bien que démocratiques visaient ou visent toujours non pas à transformer l’État en bunker protégé contre la société, mais au contraire à fondre la société dans l’État s’agissant de l’idéal-type totalitaire, et à diffuser l’État dans la société dans le cas de son homologue démocratique. »
Deuxièmement, on constate l’influence de l’idéologie dominante et l’acceptation d’un système commun. Comme vue dans la première partie, tout individu est influencé par sa famille, mais également par tous les individus qui l'entourent, l’idéologie ambiante ainsi que le système politique qu’il connaît. Tout cela fait qu’il acceptera plus ou moins bien l’autorité de telle ou telle forme d’État. La peur du jugement des autres lorsque l’on vit dans un groupe social peut nous pousser à nous conformer aux normes en place et à accepter l’autorité de l’État s’il est soutenu par la majorité, ou du moins s’il parvient à le faire croire. Pour obtenir ce soutien des masses cela passe par une idéologie forte qui permet une adhésion d’une large partie de la population : « La justification idéologique se révèle essentielle quand on veut obtenir l'obéissance spontanée. » . Dans le cas des régimes autoritaires et totalitaires cela passe par ce que Linz appelle la « mentalité » : « soit un composé d’attitudes conservatrices valorisées, d’opinions moralisantes et de préjugés réactionnaires qui déterminent, d’un côté, le soutien qu’une fraction variable et à l’occasion majoritaire de la population leur apporte et qui constituent, de l’autre, le « référentiel commun » des nouveaux gouvernants. » Cette conception de l’idéologie de l ‘état est reprise par Lahouri Addi qui nous dit : « L'idéologie étatique est cet ensemble de notions aux contenus sémantiques chargés, renvoyant à une histoire, à une conception du politique et à des représentations culturelles se cristallisant dans des valeurs idéologiques. » . On peut ajouter que l’individu à le soucis de l’image qu’il renvoi mais également de l’image qu’il a de lui même : « Non content de vouloir faire bonne impression, l'homme tient également à avoir une image satisfaisante de lui-même » . Enfin, c’est en voulant faire fie de ces influences idéologiques que Linz propose le concept de neutralité axiologique pour mieux analyser, sinon comprendre les formes d’États qui existent : « la neutralité axiologique s’apparente chez le chercheur à une espèce d’autolavage de cerveau, […] cette neutralité ambitionne sinon d’éliminer, du moins d’isoler – de mettre hors circuit – les a priori parasites – les axiomes – du chercheur face à son objet d’analyse » .
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